





L’honorable Lusenge K. Bonane Jérôme va, à l’occasion du passage du Premier ministre et son gouvernement devant l’assemblée plénière de la chambre basse pour son investiture, poser sa question. Le premier des élus du territoire de Lubero va interpeller les acteurs politiques swahiliphones et en appeler à la compassion de tous les Congolais, et surtout ceux de la partie occidentale du pays souvent mal informés, selon lui, sur la question. Ci-dessus la question de l’honorable Lusenge Kambale Bonane Jérôme au Premier ministre Matata Ponyo Mapon.
Honorable Président ;
Honorables Membres du bureau ;
Honorables Députés et Chers collègues ;
Excellence Monsieur le Premier Ministre ;
La question que je vais poser concerne la sécurité et la paix pour lesquelles les populations de l’Est particulièrement ont voté pour Joseph KABILA en 2006 et à cause desquelles une sorte de déception a été exprimée en 2011.
Depuis votre désignation, vous avez déclaré que cet aspect sera votre priorité mais le programme écrit n’en dit rien presque.
La préoccupation est de savoir comment vous allez procéder pour ramener la paix à l’Est et quelle compréhension vous avez de l’insécurité persistante à l’Est.
En effet, les Députés du Nord-Kivu ont déposé un mémorandum au Bureau dans lequel il est dit que les tireurs de ficelles dans cette guerre sont aussi à Kinshasa certes dans les cercles politique et militaire. Etes-vous prêts à les dénicher et à les traquer ? Pourquoi le Gouvernement ne demande pas à ceux qui l’ont déclaré de les pointer du doigt ? Pourquoi protégez-vous ceux de nous qui font de l’insécurité de l’Est, leur business ?
Le même mémorandum pointe du doigt le Gouverneur de province Julien Paluku Kahongya qui ne cesse de désorienter l’opinion nationale en faisant croire qu’il n’y a rien et ainsi, la nation n’est pas mobilisée pour mettre fin à la guerre à l’Est.
En effet, sur ordre du gouvernement disait-il, il a répété le week-end passé qu’il n’y avait rien au Nord-Kivu sauf quelques indisciplinés.
L’histoire de l’insécurité à l’Est, dois-je rappeler, commence par le recrutement des originaires pour faire la rébellion du RCD. Suite aux négociations de Sun-City, le Gouvernement de la République a violé le principe de l’équilibre et a laissé seulement au Nord-Kivu, le Gouverneur et les commandants militaires de cette composante RCD en maintenant la même armée rebelle des originaires dans cet espace pour continuer leur sale besogne sur la population.
La population a perçu cet acte comme une injustice du gouvernement si pas un abandon ou une trahison.
Sous cette période de 1+4, on a connu la nouvelle rébellion de Mutebushi à Bukavu d’où elle fut chassée par Mbuza Mabe et fut installée au Nord-Kivu vers Kitshanga où elle trouva un terrain ethnique confortable. Elle se transformera en affaire Nkunda, en CNDP, en Bosco Ntaganda, ce toujours sur des bases ethniques. Les leaders étant locuteurs du Kinyarwanda, langue parlée d’un pays voisin.
Malgré les recommandations de cette Assemblée, vous avez maintenu cette armée mono ethnique dans la région et les guerres n’ont cessé de se refaire. La dernière mise en place militaire CNDP au Nord et Sud-Kivu reste jusqu’à ce jour et pour l’avenir une bombe à retardement constante.
De plus en plus, la partie Ouest de la République ne comprend plus et nous l’accusons de manque de solidarité par rapport à la guerre qui ne finit pas à l’Est. En fait, à l’Ouest on semble constater une complicité avérée des Baswahili dans cette affaire.
En effet, on a toujours demandé au Gouvernement de retirer les militaires originaires du Kivu puisque se confondant avec les FDLR ainsi qu’avec les autres militaires et services rwandais qu’une opinion accuse d’être en opération sur notre territoire. On confond aussi les FARDC avec les milices locales parlant les mêmes langues locales dont le Kinyarwanda. De même, on confond les FARDC avec d’autres bandits locaux. A ces cris d’alarme, toujours le silence. Comment voulez-vous qu’on vous comprenne à l’Ouest ? Surtout que beaucoup de commandants militaires ayant l’effectivité du pouvoir sont de l’Est ?
Quand on vous dit, vous le Gouvernement, que les tireurs de ficelles sont parmi les originaires de l’Est qui sont à Kinshasa, vous gardez silence, quelle complicité ?
Quand on vous reproche une mise en place mono ethnique et le commandement rwandophonisés du Nord Katanga à Bukavu, Goma-Kanyabayonga, Timbotimbo, Butembo, Beni, Ituri, vous ne dites rien et vous instruisez le gouverneur Julien de Goma de divertir la population. A ces reproches, certains originaires du Kivu refusent qu’on organise les FARDC dans leur province, qu’on y affecte les non originaires en posant des conditions de mettre les milices dans les mêmes conditions de sortir d’abord. Tous les anciens du RCD sont dans cette logique et les responsables de la conférence de Goma emboitent les pas. Mais qui doit être organisé avant qui ? Et qui devra traquer qui ?
Les coupures de route, les pillages partout, les attaques à Kirumba et partout, ont un soutien apparent du gouvernement qui n’en parle même pas et qui cajole les tireurs de ficelles par des postes.
C’est vrai que beaucoup de politiciens locaux se taisent pour pouvoir participer au partage du pouvoir mais la population les menace. De ce fait, par exemple, la COFEDEC vient de nous rejoindre pour que vous puissiez retirer l’armée mono ethnique. Qu’attendez-vous pour comprendre ?
Tenez,
Le ministre de la Défense sortant, ancien Gouverneur du Kivu, lui aussi swahiliphone, a promis ici en réponse à ma question orale avec débat qu’il va retirer les militaires originaires du Kivu. Rien n’a été fait, on dirait qu’il n’a pas le vrai pouvoir d’un ministre. Que voulez-vous que les autres disent si ce n’est pas de vous suspecter de la tête au pied des swahiliphones.
Même quand on avait un ministre aux affaires sociales, il intervient partout sauf au Kivu et surtout pas dans son territoire de Lubero où plus de 1500 maisons des paysans sont incendiées par l’armée mono ethnique et on tue presque chaque jour à Butembo, dans le Sud de Lubero, à Muhangi, à Kitsombiro, à Kanyabayonga, à Buholu, à Mangolio, dans le parc des Virunga, à Beni, Irengeti… Sans rien dire.
Un autre swahiliphone, prêtre d’ailleurs, a patronné la Conférence de paix et de Sécurité de Goma en 2008, beaucoup de promesses et d’espoir pour nous endormir mais rien n’arrive, l’armée mono ethnique est maintenue. On n’a eu que de beaux dessins de projet de route passant dans tous nos villages mais rien d’autre.
Un autre leader du Kivu a gardé la province du Nord-Kivu sous 1+4. Non plus il n’a rien fait pour dénoncer la main mise du voisin. Or, nous n’avons avec lui que la RDC comme pays à nous. Les voisins, au territoire étroit, ne sont pas prêts à nous donner leur nationalité en cas de problème, même pas à ceux qui parlent leur langue. Nous partageons avec eux pour trahir la RDC mais eux ne trahissent pas leur pays ? Certains d’entre nous disent même qu’ils sont sécurisés au Congo par les services voisins, quelle honte ?
C’est pourquoi on vous a toujours demandé sans suite : Que vous a fait le Kivu ?
Et vous, Monsieur le Premier Ministre, votre première déclaration était la sécurité, plus rien ne sort de votre bouche à ce sujet. Mais des ordres au Gouverneur. Vous ne serez pas jugé comme votre prédécesseur qui est excusable pour ignorance des faits. Comment allez-vous enlever l’armée mono ethnique qui trahit à tout moment et semble ne servir que nos voisins ?
Certes, vous devez aider à améliorer les routes, la mécanisation des enseignants et la sécurité à l’Ouest mais faites de même pour chez-vous.
Chers collègues
Certains collègues du Kivu recommandent la diplomatie parlementaire peut-être pour supplier les voisins de pardonner. Moi je pense que c’est vous tous qu’il faut convaincre d’agir ensemble pour sauver les populations de l’Est malgré l’indifférence ou la complicité de certains d’entre les politiciens. Tirons la leçon de l’élection du vieux Khonde Vila Kikanda à Goma. C’est une main tendue à l’Ouest pour sauver l’Est dont certains fils ne comprennent plus rien.





