





Après la flambée de tension de ces derniers jours entre Hema et Ngiti en Ituri, il est scandaleusement signalé une attitude de satisfaction dans le milieu politique proche de la famille du président de la République. On comprend dès lors que le feu est en train d’être attisé pour des intérêts politiques cyniques.
D’une part, le gouvernement central, ou mieux le régime en place, n’a jamais voulu éradiquer le phénomène FRPI. Loin de s’affaiblir, cette milice a plutôt paradoxalement démontré la croissance de ses capacités militaires de manière constante à partir de 2003, l’année à laquelle toutes les milices parties prenantes des guerres intestines en Ituri décidèrent d’enterrer leur hache de guerre. Le colonel Cobra Matata n’a pas tardé de passer pour la vedette de ce théâtre en devenant personnellement le pont de connexion entre le laboratoire politique du chef de l’Etat et le maquis du FRPI. Tantôt arrêté, tantôt relâché, voilà la preuve de cette comédie de mauvais goût dont toutes les opinions nationales et internationales ont été témoin jusqu’à ces jours.
Est-ce que le FRPI possède vraiment une armée plus puissante que toutes ces rébellions et groupes armés (RCD, CNDP, M23, Enyele, Bundu dia Kongo etc.) que le Gouvernement est parvenu, bien sûr par des stratégies variées, à réduire au silence dans leur actif militaire?
A Bunia, il est bien connu combien les miliciens du FRPI ont été maintes fois ravitaillés en armes et munitions par des soldats du Gouvernement congolais, directement ou indirectement (par pillage des dépôts d’armes dans la zone d’opération). Des multiples cas de financement en argent liquide ont été par moment dénoncés, remis directement à Cobra Matata ou à Adirodhu Mbadu par des personnes interposées. Les localités de la zone d’opération des contrées de Walendu-Bindi cachent bien des secrets de collaboration entre l’armée régulière, les FARDC, et la milice du FRPI. Il y a lieu de comprendre par là que l’éradication du FRPI n’est ni dans la volonté ni dans l’intention présente du pouvoir à la tête de la République. Le président Joseph Kabila a progressivement transformé le FRPI en une armée de réserve personnelle, un instrument, un alibi du plan d’insécurité et du chaos voulu pour couvrir le prolongement du règne d’un pouvoir désavoué par le peuple mais déterminé à s’imposer bon gré mal gré.
Il sera difficile de trouver un contrevenant devant ce plan du gouvernement en marche. En effet, la MONUSCO qui était sensée imposer la loyauté dans une telle situation s’est pareillement avérée partenaire implicite dans l’édification du FRPI. Combien de fois n’aura-t-on pas assisté à des livraisons de munitions par des soldats de la MONUSCO aux milicens du FRPI? Ainsi, ni le gouvernement central ni la MONUSCO ayant la mission d’aider la RDC à se stabiliser n’a pourtant souhaité la disparition de cette fameuse milice.
Au moment opportun, le régime de Joseph savait qu’il aurait besoin de recourir à cette milice. A première vue, il espérait qu’il serait assez facile de les mixer aux immigrés Hutu qui sont transplantés en Ituri pour un dessein maléfique aux autochtones. Joseph Kabila envisageait une coalition entre FRPI et ce flux de Hutu cachant toute une myriade d’armée de terreur aiguisant leur glaive pour replonger l’Ituri dans la désolation. Ce rêve n’a pourtant jamais connu sa réalisation. Les Ngiti ont refusé le mariage avec les immigrés génocidaires. Malheureusement ceci n’a pas changé la politique de Kabila en leur endroit, c’est-à-dire continuer à renforcer leur capacité militaire.
D’autre part, un lobbying est injecté parmi les Hema pour les sensibiliser à se réarmer contre leurs frères et voisins Ngiti en Ituri. L’itinéraire de cette campagne prend source à Kinshasa, transite par Kigali et parvient en Ituri par le biais des ex-partisans de l’UPC. L’espoir des commanditaires repose sur le rappel du beau vieux temps où les Hema, sous la parapluie de Kigali et de l’Ouganda, atteignaient l’apogée de leur domination sur les restes des communautés « Ituriennes ». L’objectif de pouvoir en place à Kinshasa est de ramener les Hema dans une nouvelle guerre active contre les Ngiti.
Dans un tel contexte, il est évidemment facile de léguer aux Ngiti (FRPI) la responsabilité de tous les crimes que subit la communauté Hema. Cependant, une telle extrapolation pourrait être abusive. Les Hutu (FDLR) transplantés dans le territoire d’Irumu sont de loin plus expérimentés dans toutes les méthodes de tueries et d’actes de criminalité que les Ngiti. En plus, c’est pour ce genre d’activités qu’ils ont été recrutés et ramenés en Ituri. D’où, bien qu’il soit évident que des méconduites et les exactions (pillage des biens, vol des vaches, violence sexuelle, tuerie, incendie…) sont le lot quasi naturel de tout groupe de milice, pour ce qui se passe actuellement contre les Hema dans la plaine de Semuliki, il y a suffisamment de preuves que des immigrés Hutu du sud d’Irumu se comportent en terroristes contre les autochtones, qu’ils sont surarmés par le pouvoir en place, qu’ils sont protégés dans tous les crimes dont ils sont responsables, et qu’ils sont en train de tuer des personnes, piller des vaches et autres biens parmi les Hema, selon les consignes qu’ils reçoivent des autorités qui leur ont confié cette mission.
Les Hema sont innocemment victimes du plan machiavélique en marche. Autant que les ADF sont un alibi de taille pour couvrir les crimes du gouvernement congolais dans les massacres de Beni, autant le FRPI sera le prétexte privilégié des massacres que le pouvoir tient à déchaîner en Ituri, où seul l’argument des conflits interethniques a force de conviction. Des Ngiti sont excités à tuer les Hema; et, au moment où leur allure ne satisfait pas l’attente du pouvoir qui les y envoie, des terroristes Hutu, se trouvant au sud de l’Ituri en qualité d’immigrant, sont alors largués pour suppléer à leurs actions déficitaires. Ces derniers (Hutu immigrés) exécutent cette tâche de manière plus horrible encore; ce sont eux qui allument le feu entre Hema et Ngiti. D’ailleurs, cette tuerie est enregistrée réciproquement dans tous les deux camps: lesdits terroristes tuent chez les Ngiti pour les exciter contre les Hema, et vice-versa. Voilà le jeu auquel un pouvoir, un régime politique a pris plaisir en RDC.
Mais, pourquoi forcer les Hema à reprendre les armes et revivre les affres de la guerre? Qu’adviendra-t-il lorsque la communauté Hema, sous la pression de ses émotions, décidera de céder à la tentation? Ces émotions se justifient pourtant bien à cause de l’ardeur de la souffrance (tuerie et pillage) dont elle est victime. D’emblée, le chagrin est déjà perceptible à travers ces mots de circonstance (DÉCLARATION DE LA COMMUNAUTÉ HEMA …) prononcés par le président de la communauté Hema à l’occasion des funérailles de deux victimes Hema mortes dans le contexte ci-dessus décrit.
Et pourtant, le pouvoir en place, dans son sadisme, prétend allégrement avoir atteint son objectif. C’est la satisfaction.
Quel horreur! Jusques à quand…?
TAMISI Grégoire J.
Bunia
« On comprend ainsi le grave danger de toute rallonge au pouvoir de Joseph Kabila. Les congolais dignes de ce nom doivent refuser toute forme de transition. En effet, au vu de ce qui se passe au Kivu-Ituri, toute transition au-delà de décembre 2016, donnerait du temps et des moyens au gouvernement congolais qui est, de toute évidence, complice de l’occupation rwandaise du Kivu-Ituri en cours » (Père Vincent MACHOZI, le 19 mars 2016, parole qui a valu son assassinat le jour suivant).
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