





Comme annoncé, c’est ce vendredi 20 juillet 2007 que s’est ouvert la première audience publique des présumés assassins du Feu Dr Kambale Kisonia, alias Kidubai, assassiné dans son bureau à Butembo le 5 juillet 2007 à 12h00, heure locale.
Il s’est agi d’une audience publique du Tribunal Militaire de Beni-Butembo qui a siégé en matière répressive au premier degré.
Le grand absent de l’audience publique: La famille de l’illustre disparu ainsi que ses proches collaborateurs qui ont choisi de se retrancher de toute la procédure judiciaire pour des raisons personnelles. Cette option ne manque pas de susciter bien des questions sur la qualité de ce qui sortira des enquêtes en cours sans confrontation avec ce qui serait la partie plaignante, entendez par là, la famille Kidubai. Compte tenu de l’insécurité entretenue dans la région par ceux qui ont la justice entre leurs mains, certains saluent cependant l’attitude de la famille Kidubai car, pour ces derniers, on ne peut pas demander justice à son bourreau. Connaissant la richesse de la famille Kidubai et la façon dont les justiciers congolais se comportent, l’implication de la famille Kidubai dans la procédure judiciaire aurait eu comme conséquence de tirer en longueur les enquêtes et le procès, le temps pour les enquêteurs de ruiner la veuve et les orphelins. Cependant, le ministère public qui joue à la partie plaignante a rapporté à l’audience publique que la famille Kidubai espère que la justice fera sans tarder son travail et que la loi sera appliquée…
En l’absence de la famille Kidubai, le procès a mis en jeu l’auditorat militaire de garnison, le Ministère Public près le Tribunal militaire de Garnison de Beni-Butembo, les prévenus et leurs avocats (tous congolais).
Déroulement de l’audience publique
9h00, heure locale : Arrivée d’une foule immense des bubolais et bubolaises au Stade Matokeo. La sécurité à toutes les portes d’entrée au Stade Matokeo était assurée par 250 soldats Fardc de la Deuxième Brigade Intégrée et 150 policiers de la PNC,
tous armés jusqu’aux dents. Ces derniers ont procédé à une fouille systématiques des participants, faisant tout pour que personne n’entre au Stade avec une arme ou l’équivalent d’une arme, renvoyant sans aucune autre forme de procès tous les jeunes de moins de 18 ans, les femmes enceintes et ceux qui s’emmenaient avec des téléphones portables, des chaises en bois ou en métal et toute autre objet susceptible d’être utiliser comme une arme.
Ceux qui n’ont pas pu faire le déplacement ont suivi la cérémonie en direct du Stade Matokeo grâce aux techniciens et journalistes de la Radio Moto de Butembo.
A 11h00 : Le juge président a procédé à un appel nominal des accusés suivi de leur identification. La liste du juge contenait au total 9 accusés dont six étaient présents, les trois restants ayant pris fuite.
Les accusés proviennent de trois pays différents, à savoir, de l’Ouganda (4), du Kenya (2), et de la République Démocratique du Congo (3). Tous les trois accusés congolais sont en fuite. D’après le juge, les congolais en fuite seront jugés in absentia, par défaut.
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Identité des prévenus
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Mr. JENGA NJOGU (Kenyan), né en 1965, Père de trois enfants, commerçant.
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Mr. KUTOSI NATHAN (Ougandais), né en 1976, commerçant,
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Mr. MALOMERE CHARLES (Ougandais), né à Mbale le 10/12/1965, Père de deux enfants, commerçant, orphelin de père et de mère,
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Mr. SAIDI MAKUMA JAMES (Ougandais), le seul qui a refusé le nom qu’il avait donné auparavant par le ministère public sous prétexte qu’il s’appelle plutôt MTAWA BIHAMA MWAJUMA. Les avocats de la défense ont demandé au juge de l’appeler plutôt par le nom qu’il a utilisé depuis son arrestation jusqu’à nos jours.
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Mr. MECHAK WAMBOGHO KARIUKI (Kenyan), né le 28 mai 1973,
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Mr. SHABANI MISIMBI (Ougandais), né à Mbale en 1964, Père de trois enfants, commerçant importateur des savons du Kenya pour l’Ouganda.
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Mr. PALUKU KYAMBALIRO SALOMON, alias PALOS (Congolais), en fuite.
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Mr. PALOS (Congolais, non autrement identifié) en fuite.
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Mme KAVUGHO KATSUVA KANIKI JORIME (congolaise), en fuite. Notez que Maman Kavugho Katsuva Kaniki Jorime est l’épouse de Mr Paluku Kyambaliro Salomon. C’est chez elle que les présumés assassins seraient logés avant leur forfait. La Maman Marcella qu’on avait arrêté auparavant était sa voisine au Quartier Lusando (et non Kyavuyiri comme annoncé dans les précédentes éditions de BLO). Elle était arrêtée parce que dans leur fuite de la parcelle de Maman Jorime, deux des prévenus avaient sauté la clôture pour tenter de se refugier chez elle. Maman Jorime tiendrait un Nganda Restaurant à la frontière avec l’Ouganda, notamment dans la cité frontalière de Kasindi.
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Motifs d’inculpation des prévenus et pièces à conviction:
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Association des malfaiteurs ayant commis des actes criminels,
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Détention illégale d’armes et munitions de guerre, notamment, deux armes AK – 47, et un pistolet.
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Homicide volontaire et prémédité sur une personne à l’Avenue Jérôme Masumbuko, en Commune de Vulamba, Ville de Butembo.
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Vol à mains armées, par opération directe, dans les mêmes circonstances de lieu et du temps, de biens de valeur appartenant à autrui, à savoir 404 555 US$ au préjudice du sieur Kambale Kisoni. Après l’appel et l’identification des prévenus, les avocats des prévenus ont demandé une rallonge de 48 heures pour prendre d’autres renseignements auprès de leurs clients. Au grand étonnement de l’assistance, cette demande a été accordée sans difficulté par le juge président, le capitaine Jean-René NZINGI qui a levé la séance à 13h30, heure locale.
Le tsunami attendu à l’issue de la première audience publique du procès des assassins de Kidubai, n’a donc pas eu lieu, mais ce n’est qu’une partie remise, disent les bubolais.
Là où la population attendait un débat entre les avocats de deux parties, on a plutôt assisté à une simple présentation et identification des présumés assassins. Les participants n’ont rien appris de neuf au Stade Matokeo. Aucune nouvelle révélation n’a été faite sur les mobiles des crimes, les commanditaires, les complices congolais et étrangers, etc.
Le tribunal militaire a peut-être choisi cette sobriété pour préserver la paix dans une ville de Butembo qui n’a jamais été aussi agitée et soudée que depuis l’assassinat de Kidubai. Le juge militaire a donc du pain sur planche car la population attend qu’il crève l’abcès en public pour l’aider à faire son deuil. Autrement, si le lundi prochain le juge venait à prononcer le jugement sur base de la présentation et de l’identification des présumés assassins, le risque est grand de laisser libre cours aux rumeurs qui sont aussi dangereuses que la vérité. Tout dépendra donc du jugement final de lundi prochain. La population demande tout simplement que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur a l’encontre des auteurs de l’assassinat de Kidubai.
Aux bubolais qui n’ont pas apprécié ce report du jugement pour lundi 23 juillet, il faut rappeler que le report en vue de la délibération est une possibilité prévue par la loi. Il est encore trop tôt de parler de corruption voire de déni de justice. Au contraire, il faut féliciter le Tribunal Militaire de Beni-Butembo qui a tenu sa parole de l’audience publique et qui a rassuré la population en présentant les présumés assassins qui sont encore bel et bien derrière les barreaux à Kakwangura.
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Kakule Mathe
Butembo
Beni-Lubero Online





