Selon des sources proches des chefs coutumiers contactés pour participer à la réunion prochaine autour du Président de la République Joseph Kabila, la R.D. Congo n’est pas encore sortie de l’auberge. Au menu de cette rencontre des chefs coutumiers, il y aurait le projet de la révision constitutionnelle qui serait débattu lors de la prochaine session extraordinaire du Parlement au cours du Premier Trimestre de l’an 2010.
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D’après ces sources qui ont requis l’anonymat, les chefs coutumiers seraient déjà avertis de cet ordre du jour car leur avenir en dépend. Ils seraient appelés ou contraints de signer un mémorandum à adresser aux députés nationaux et aux sénateurs, leur demandant une révision constitutionnelle prolongeant le mandat du Président Joseph Kabila jusqu’à 2013 pour que ce dernier ait le temps qui lui manque pour réaliser ses multiples chantiers. Les chefs coutumiers étant les détenteurs du pouvoir au niveau de la base qui a élu les députés, leur mémorandum aiderait les députés qui ont déjà accusés plusieurs fois de clientélisme, à se donner une conscience tranquille en révisant la constitution, une action que les constitutionalistes taxent d’ores et déjà de violation constitutionnelle.
En cas de Résistance des Chefs coutumiers, il leur aurait été signifié clairement que leur institution risquerait d’être supprimée et remplacée par LES MAIRES RURAUX qui eux seront nommés par simple décret présidentiel selon la révision en cours du découpage administratif des territoires et chefferies. Pour le cas de Beni-Lubero par exemple, Musienene, Kyondo, Vuhovi, etc. deviendraient des Communes Rurales gérées par des maires ruraux.
La difficulté de la révision vient de la CONSTITUTION elle- même qui stipule sans ambigüité qu’en aucun cas le mandat du Chef de l’Etat ne peut faire l’objet d’une révision constitutionnelle. Si l’information s’avérait juste, les observateurs se demandent par quel truchement les constitutionalistes du Parlement et du Sénat pourront contourner la constitution sans tomber dans ce qu’on appelle en droit, « un coup d’état constitutionnel ».
Mais à la suite des contradictions qui émaillent l’action du parlement au cours de sa législature en cours, certains observateurs pensent que tout est possible. En effet, disent-ils, l’insécurité à l’Est du Pays, l’invasion clandestine du Nord-Kivu par des rwandais venants de pays limitrophes avec le Parlement tenu à l’écart de cette violation grave de la constitution, la poursuite des affirmations que la paix est revenue au Kivu pendant que les assassinats et les incendies des maisons y redoublent d’intensité, et beaucoup d’autres contradictions, sont des faits que les chefs coutumiers, surtout ceux de l’Est du pays, ne doivent pas perdre de vue quand ils répondent présents à l’appel de Joseph Kabila.
L’argument de l’ajout de deux ans au mandat de Joseph Kabila pour finir ses chantiers ne convainc pas grand monde, du moins à l’Est du pays, à cause de l’insécurité qu’il avait promis de bannir et qui trois ans après ne fait que s’augmenter. En effet, au moment où nous sommes, il n’y a aucune initiative de pacification de l’est du pays où les chefs coutumiers sont associés ou ont un mot à dire. Ce que l’on constate depuis la transition, c’est le fait que Kinshasa fait la paix avec les Kivutiens, mais jamais on a vu Kinshasa, les Kivutiens, et Kigali dans une même réunion de pacification. C’est ainsi qu’une des craintes des chefs coutumiers est qu’ajouter deux ans au Président Joseph Kabila peut être le temps nécessaire dont les rwandais ont besoin pour finir leur chantier d’occupation. D’où leur prudence et leur peur à la veille de cette rencontre qui, il faut le reconnaître est historique mais de tous les dangers pour la souveraineté du Congo si jamais ils étaient obligés d’appuyer un coup d’état constitutionnel. Espérons qu’il y a plus de peur que de mal et qu’il n’y aura pas de coup d’état constitutionnel.
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Aux Chefs Coutumiers de se rappeler que leur pouvoir vient des ancêtres et qu’ils n’ont pas le pouvoir de le troquer contre quoi que ce soit. L’exemple des chefs coutumiers de Lubero lors de la colonisation belge rappelle que devant l’insistance de l’administrateur du district de connaître le chef d’un clan ou d’une chefferie qui deviendrait son répondant dans l’administration, les vrais chefs protégeaient leur pouvoir coutumier en présentant un faux chef, très souvent celui dont la chefferie voulait se débarrasser. A tous les chefs coutumiers congolais de faire le vœu de ne jamais trahir le pouvoir reçu des ancêtres !
S’il y a un message que les chefs coutumiers doivent apporter au Président Joseph Kabila c’est celui de la violence dont sont victimes leurs administrés aux mains des militaires de l’armée nationale intégrée et des milices de toutes sortes. Mettre fin à cette violence et à l’immigration clandestine au Congo doit être la priorité des priorités de tout mémorandum des chefs coutumiers.
©Beni-Lubero Online