





Depuis trois semaines, les populations de territoires de Beni et de Lubero vivent sous le choc du démantelement de soit disant rebelles Nalu-ADF. Mais les sages du coin ainsi que les analystes de la politique de la région s’interrogent. Pourquoi l’opération dure si longtemps dans les zones où les populations affirment n’avoir jamais vu un rebelle ougandais Nalu-ADF? Au contraire, ces populations voient les hommes armés se disant des FARDC s’implanter avec force avec l’appui des hélicoptères de la Monuc. Parmi les nouveaux maîtres, les militaires dits rwandophones qui ont endeuillé Bukavu en juin 2004 et Kanyabayonga en décembre 2004 sont les commandants des troupes. Est-ce une autre opération de la rwandophonie sous couvert chasse aux rebelles Nalu-ADF? Au lieu d’observer une accalmie dans la zone dite opérationnelle, la population observe au contraire une montée sensible de l’insécurité. Les congolais sont plus en insécurité maintenant sur les axes OICHA-ERINGETI, BULAMBO- KYAVISALE qu’avant le déclenchement des opérations dites de grande envergure par la radio de la Monuc Okapi. En effet, les troupes supposées faire la chasse aux soi-disant Nalu-ADF se livrent aux pillages et à l’asservissement des populations locales. Selon les témoignages des déplacés à la suite de l’arrivée dans la région des militaires dits FARDC, on assiste à la soumission des jeunes, par la force, au transport des objets pillés par les FARDC chez les paisibles congolais, aux arrestations arbitraires des innocents soupçonnés de mèche avec l’ennemi (i.e. le cas d’un notable de Makungwe à Isale-Bulambo). Les soi-disant libérateurs se révèlent déjà comme des ennemis si jamais ennemi il ya. Les populations ont-elles plus peur des FARDC qui sont en fait des rwandophones que des rebelles de Nalu-ADF? Les populations de groupements Bunyuka, Isale-Vulambo, Isale-Vuhovi, Isale Kasongwere, quittent pour la première fois leurs terres et leurs maisons, non pas par peur des Nalu-ADF mais des FARDC commandés par les rwandophones. Les notables des régions où se déroulent les combats sont préoccupés par cette situation ambigue. La chasse trop médiatisée des Nalu-ADF risque de cacher une autre guerre qui ne ferait que commencer. La demande des notables de la zone opérationnelle qui ont requis l’anonymat par peur des représailles est que tout congolais de la région puisse ouvrir l’oeil et le bon car il y a quelque chose de louche.
( Kakule Mathe, Butembo)





