





La guerre aux Coopec ( ou microfinances) insolvables de Butembo va de mal à pire ! Les Coopec n’ont toujours pas d’argent pour rembourser leurs clients. Les clients perdent ainsi tout espoir et recourent à tous les moyens possibles, y compris la force, pour tenter d’obtenir gain de cause.
Face à une forte pression des clients, certaines Coopec viennent de jugé bon de fonctionner en guichets fermés. D’autres ont carrément suspendu leurs activités sine die. D’autres Coopec, non seulement elles ont fermé leurs portes mais aussi leurs propriétaires ou gestionnaires ont fui la ville pour des destinations inconnues.
Celles qui essaient de résister la tempête ne servent qu’un petit montant standard à tous les clients qui viennent réclamer leur argent. Ainsi, par exemple, à tout client réclamant un capital plus intérêts de 1000 $, 5000 $, etc., on remet 5 $ à chaque visite. Au client le plus farouche, on remet 10 $ ou un peu plus. Les menaces de mort sont proférées par certains à l’ endroit des gestionnaires des Coopec. Devant, cette crise qui va s’amplifiant, les autorités politico-administratives locales restent curieusement indifférents, passifs, au point que les observateurs se demandent jusqu’où cette guéguerre va aller.
Devant cette démission notoire de l’autorité de l’Etat dont le rôle est de protéger et de défendre les droits et devoirs de chaque citoyen, tenant compte de traitement inégal des victimes par les gestionnaires des Coopec, les Jeunes de la partie Nord de la ville de Butembo, regroupée au sein de la plateforme appelée « Parlement Furu » dont la mission est la défense des droits et libertés individuelles des habitants de leur quartier Furu, ont décidé de secourir les victimes des Coopec.
Chaque matin, le Parlement Furu organise ses plénières en plein air dans un coin de la rue pour échanger les nouvelles du quartier et celles du pays. Une fois par semaine, soit chaque samedi, le Parlement de Furu anime une émission très suivie à la Radio Télé Graben Butembo (RTGB) où sans masques et sans gants, ils dénoncent les maux qui gangrènent la société ainsi que l’administration publique locales, tels ce qu’il appelle pillage ou détournement de fonds par les Coopec. L’appel du Parlement de Furu aux victimes des Coopec pour se ranger derrière lui afin de mettre hors d’état de nuire la mafia financière qui a élu domicile dans la ville de Butembo, commence à porter du fruit. Devant la démission de l’Etat, les victimes des Coopec sont nombreuses aujourd’hui à s’en remettre au Parlement de Furu pour la défense de leurs droits.
Ainsi, dans la période allant du 06 au 18 avril 2009, plusieurs Coopec ont été la cible du Parlement Furu. Une des Coopec , après avoir vu son gérant jeté en prison pour infraction d’abus de confiance, et dont le dossier a été transféré au Tribunal de Grande Instance, a été obligé de donner à une des victimes défendu par le Parlement de Furu, 3 ordinateurs complets et 2 motos de marque Senke.
Soulignons aussi, qu’en janvier dernier, le Parlement de Furu avait traîné un des grands opérateurs économiques de la place devant la justice pour le compte d’un pauvre papa fouetté innocemment à mort par ce dernier. Après jugement, la victime avait bénéficié d’un montant de 1000 $ pour réparation des dommages causés. Cette première victoire en Justice a fait la publicité du Parlement de Furu à travers la ville par le canal de plusieurs journaux radio diffusés.
C’est ainsi que, toutes les victimes des Coopec incluent dans les messages verbaux qu’ils sont de Furu pour qu’ils trouvent gain de cause auprès de leurs Coopec.
Le Parlement débout de Furu dont l’exemple est à imiter dans tous les quartiers de la ville Butembo pour la défense des droits des pauvres et des petits, a besoin de l’autorité de l’Etat pour poursuivre sa mission. L’absence des autorités de l’Etat dans la résolution du conflit qui oppose les microfinances insolvables à leurs clients pousse ces derniers à se rendre justice comme dans une jungle. Défenseurs de droits humains, le Parlement de Furu ne veut pas se substituer à l’Etat. Son objectif est d’aider l’Etat à faire appliquer dans toute la rigueur, les lois de la République, opposables à tous.
Une des services que l’Etat peut rendre aux microfinances insolvables c’est diligenter un audit financier des Coopec pour déterminer à l’intention du grand public la situation réelle de chacune d’elles et les différentes responsabilités dans le fiasco financier. Le rapport de l’audit financier aidera les Coopec et leurs clients à déterminer de commun accord un modus operandi des miettes qui resteraient en caisse. Les deux parties peuvent décider s’il faut se partager les miettes ou les investir de nouveau selon des termes de contrôle convenus de commun accord. Pour les Coopec qui ont fermé les portes et dont les gestionnaires ont fui la ville ou le pays, C’est l’Etat qui peut signer un mandat d’arrêt international pour que ces criminels économiques soient arrêtés pour être jugés. Dans un cas d’impossibilité de sauver une microfinance, c’est l’Etat qui doit décider et présider à sa liquidation et au partage proportionnel de son patrimoine. Dans un cas comme dans l’autre, l’intervention de l’Etat permettrait de sauver la ville de Butembo des combats de rue inutiles. La crise financière étant nationale et mondiale, l’Etat congolais peut s’inspirer de ce que font d’autres pays pour juguler la crise financière. Comme dans d’autres domaines de la société tels la securité, le recours au régime de la loi et à son application rigoureuse, est une nécessité et une urgence à Butembo pour transformer avant qu’il ne soit trop tard ce qu’il convient d’appeler la guerre aux microfinances insolvables. Les sages ne disent-ils pas qu’il vaut mieux prévenir que guérir ?
Tembos Yotama
Email : binyotama@yahoo.fr
Butembo
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