





La violation des droits humains au Nord-Kivu a comme dénominateur commun la préférence des matières premières aux populations congolaises perçues comme un obstacle au capitalisme sauvage qui ravage actuellement la R.D.C. Au lieu d’être une bénédiction, les minerais congolais sont une malédiction pour le peuple congolais.
Une vue du Parc National des Virunga et du Lac Edouard de Kamandi en Territoire de Lubero
Il convient de constater, pour exemple, que depuis qu’on a découvert le pétrole dans le Parc National de Virunga, les populations congolaises qui y vivaient en harmonie avec la faune et la flore (cas de VItshumbi, Kamandi, Kyavinyonge, etc.) sont aujourd’hui accusées d’être des ennemis du Parc. Mais en réalité, le but des exactions contre les populations aux abords du Parc National de Virunga est d’éloigner ces populations le plus loin possible pour permettre la construction des bornes pétrolières. A la longue, cet éloignement peut protéger tant soi peu contre la pollution que provoquera l’exploitation du pétrole. Mais éloigner des gens de force sous des faux pretextes est un mal qu’il faut dénoncer.
Manif des Mamans de Kasindi contre les déguerpissement et les assassinats à Kasindi ( archives BLO)
Des mesures de protection doivent être arrêtées aujourd’hui pour tout le monde. Si les nantis de la région au parfum du dossier du pétrole ont déjà envoyé leurs enfants à l’étranger pour faire des études relatives à l’industrie pétrolière, pourquoi ne pas dialoguer avec les paysans pour trouver une solution gagnant-gagnant ? Pourquoi, par exemple, ne pas déplacer un village avec indemnités vers un endroit non concerné par les installations pétrolières au lieu d’armer des FDLR, CNDP, ADF-NALU, FARDC, LRA, MAI-MAI, Policiers, Gardes de Parc etc. pour déplacer les paysans de force ou les tuer? Si le début du projet pétrolier ressemble déjà à la terreur du caoutchouc rouge de Léopold II, que se passera-t-il quand l’exploitation proprement dit commencera ?
L’exploitation pétrolière est le non-dit de toutes les violences des droits humains, des assassinats des chefs terriens, des incendies des maisons, et évictions en région de Beni-Lubero contre les congolais qui habitent aux abords du Parc National de Virunga. La fuite des mutins de Bosco de Ntaganda dans le Parc National de Virunga n’etait pas non plus fortuite. Au moment voulu, ces mutins serviront comme alibi de la souffrance infligée aux paysans et aux voyageurs qui empruntent le chemin du Parc National des Virunga.
Les limites du Parc National des Virunga n’avaient jamais fait de problème depuis 1925. Les braconniers entraient au Parc à leurs risques et périls. Mais les chefs terriens aux environs du Parc connaissaient les limites du parc. Aujourd’hui, Gouverneur, ANR, Cadastres, Magistrats, tribunaux veulent donner aux populations locales des leçons de cartographie. C’est ce à quoi on a assisté à Kasindi-Lubiriha le mercredi 16 mai 2012. Le tribunal de paix de BENI a siégé en chambre foraine à KASINDI-LUBIRIHA pour statuer sur le dossier opposant l’Institut Congolais pour la Conservation de la Nature, ICCN, aux habitants du quartier Congo ya sika de KASINDI-LUBIRIHA. L’ICCN a presque remplacé les chefs terriens locaux pour gérer des terres appartenant à la chefferie ou zone indigène selon la nomenclature des colons belges. L’erreur est que les chefs terriens connaissent les limites par leur intelligence pratique, leur mémoire, et ont la notion des limites naturelles en termes d’arbres, ruisseaux, pierres, tombes, etc. L’ICCN fait le savant avec ses cartes que les paysans ne peuvent ni lire ni interpréter. Conséquence, plusieurs champs de la paisible population sont ravis du jour au lendemain par l’ICCN, instrumentalisé par les circuits des pétroliers. On a constaté aussi que les gardes-de parc actuels sont de plus en plus des militaires du CNDP dont la mission semble être de sévir sur les populations congolaises aux abords du parc que de protéger les animaux pour la survie de leur espèce et pour les touristes.
La journée de mercredi 16 mai 2012 a été consacrée à la descente sur terrain pour se rendre compte de vraies limites du parc des VIRUNGA dans cette partie du territoire de BENI. Les chefs coutumiers VIRO MUNANI et MAMBURA ont accompagné la délégation venue de Beni. Ces chefs coutumiers connaissent mieux que quiconque les limites entre la chefferie et le parc. Les chefs terriens ont montré la tombe du premier prêtre missionnaire belge qui avait travaillé dans cette contrée, plus précisément à VIBACHE, à environ 12 kilomètres de la cité de Lubirihya. Cette tombe est une preuve que Vibache est dans la chefferie car les missionnaires ne pouvaient pas enterrer un citoyen belge dans le Parc National. Mais devant l’évidence des spécialistes du terrain, le juge de Beni a trouvé des raisons de ne pas trancher sur place. Il doit certainement consulter ses chefs. Le jugement a été reporté pour une audience ultérieure. Pour sauver la face, le juge présidant du tribunal de paix de BENI a dit que la prochaine chambre foraine se tiendra le 25 mai prochain et qu’à cette occasion Mr BATSOTSI NYAMWISI et BOZI SINDIWAKO, respectivement ancien et nouveau chef du secteur de RUWENZORI, seront entendus. Les chefs terriens locaux sont ainsi en train de perdre leur qualité de témoins privilégiés et incorruptibles au profit des politiciens prêts à dire n’importe quoi pour quelques billets verts.
La population de Kasindi-Lubiriha demande le soutien de toute personne soucieuse de droits humains de leur venir en aide pour que d’autres familles ne soient déguerpies de leurs maisons, leur seul héritage du patrimoine Congo.
Aux autorités congolaises qui gèrent le dossier des explorations pétrolières dans le Parc National des Virunga de dialoguer avec les populations locales, leur dire la vérité sur le projet au lieu d’instrumentaliser des milices et des armées pour les sacrifier à l’autel de la manne pétrolière.
Kasereka Mangala
Kasindi
©Beni-Lubero Online





