





Mr Sylvestre Bwira dans une photo d’Archives BLO
Sylvestre était enlevé par des militaires Fardc du Quartier NDOSHO de Goma le mercredi 25 août 2010 à 13h00, heure locale.
Les Défenseurs des Droits Humains ayant appris sa disparition, n’avaient cessé de faire pression sur les autorités provinciales pour que Sylvestre soit retrouvé sain et sauf et remis en liberté. Le premier fruit de cette pression est la libération de Sylvestre ce matin du mardi 31 Août 2010. Les ravisseurs l’ont abandonné dans un village non loin de SAKE. Il n’a pas encore fait de déclaration officielle mais ceux qui l’ont vu disent que son corps portait des traces de torture. Sylvestre était très affaibli et a été directement admis dans un Hôpital de la place pour un test de santé approprié.
Le motif de son enlèvement est de l’avis de plusieurs observateurs une intimidation pour qu’il cesse de dénoncer l’occupation du territoire de Masisi par les rwandais qui y affluent chaque jour en provenance du Rwanda, chassant au bout du fusil les congolais autochtones de leurs maisons ou terres. Les retournés du Rwanda au Masisi brandiraient des titres de propriété portant des signatures authentiques des autorités congolaises. D’aucuns qualifient ces titres de faux forgés par la maffia rwandaise. Mais il n’est pas impossible que ces titres de propriété soient des vrais car d’après la loi foncière congolaise, la terre appartient à l’Etat. Ainsi les mandataires de l’état en charge des affaires foncières peuvent délivrer des titres de propriété à des tiers à l’insu des chefs coutumiers et des propriétaires actuels. Dans l’entendement des chefferies du Nord-Kivu, la terre appartiendrait toujours aux chefs coutumiers qui en donnent usage moyennant une redevance annuelle. C’est ainsi que tous ceux qui brandissent des certificats d’enregistrement délivrés à Kinshasa à l’insu des chefs coutumiers ne sont pas reconnus localement comme propriétaires. Mais la loi étant de leur côté, ils obtiennent les services de la police et de l’armée pour faire déguerpir de force les pauvres paysans congolais de leurs terres. Ce conflit d’interprétation de la loi foncière congolaise est le nouveau déclencheur des tueries et déplacements forcés des populations en Territoire de Masisi. Plusieurs organisations de la société civile qui donnent ainsi de la voix pour que justice soit faite mais se butent à un mur. Ceux qui ont la justice dans leurs attributions ne veulent pas rendre justice dans cette matière. Au contraire, ils cherchent à faire taire ceux qui demandent que justice soit faite en faveur des petits et pauvres qui n’ont que leurs terres pour vivre.
Mr Sylvestre BWIRA fait partie de ces voix des sans voix du Territoire de Masisi. Son enlèvement démontre une fois de plus que les malfrats qui violent les droits humains au Nord-Kivu ne sont pas seulement des rebelles rwandais FDLR ou ougandais LRA, ADF/NALU mais aussi des militaires Fardc et d’autres Kuluna en cravates. Plusieurs cas d’atrocités commises actuellement dans les villes et cités du Nord-Kivu d’où le gouvernement congolais affirme avoir chassé les rebelles étrangers, sont l’œuvre des militaires Fardc congolais et ceux issus du CNDP. Sylvestre n’était pas enlevé par des rebelles étrangers FDLR ou ADF/NALU mais par des Fardc, et d’une manière particulière ceux issus du CNDP.
Parlant de la prédation économique, le rapport du Senat belge sur les minerais de sang à l’Est de la R.D.Congo affirme la même chose en disant que « les Forces armées de la RDC et ceux issus de rang de CNDP de Laurent Nkunda depuis lors intégrés dans l’armée régulière » contrôlent les mines, les circuits de production des minerais de sang, etc. Le rapport du Senat belge se dit « stupéfait par l’implication avérée des ex-éléments CNDP brassés dans l’armée nationale. « Lorsque les FDLR ont disparu de certaines mines, elles ont été remplacées par des composantes de l’armée congolaise qui viennent du CNDP. » « Pour le Sénat belge, après leur brassage dans les FARDC, les éléments du CNDP contrôlent sous un sceau officiel le circuit des minerais de l’Est, de l’exploitation jusqu’à l’exportation, via la Belgique »
Le Senat Belge vient d’arriver finalement à la même conclusion que les congolais qui dénoncent dès le début les méfaits des Fardc issus du CNDP, de leur vrai nom : « Forces Armées Rwandaises Déployées au Congo », Fardc en sigle.
Le gouvernement congolais ainsi que la Monusco ne veulent pas encore reconnaître officiellement cette évidence. D’où la suspicion de leur complicité dans l’occupation rwando-ougandaise de l’Est de la R.D.Congo.
Le nouveau patron de la Monusco, Roger Meece dans sa déclaration à la suite de viols collectifs de Luvungi en Territoire de Walikale à démontrer que la Monusco comme la Monuc n’était pas encore prête à se rendre à l’évidence que les violations graves des droits humains au Nord-Kivu sont plus l’œuvre des Fardc issus du CNDP que des FDLR, ADF/NALU, etc. En attribuant les viols de Luvungi aux seuls groupes armés FDLR rwandais et Mai-Mai congolais, Roger Meece a démontré que la Monusco ne voudrait pas abandonner les sentiers battus de la Monuc qui, sans enquête crédible, et contrairement aux témoins oculaires des faits, attribuaient les atrocités aux FDLR quand elles étaient commises dans les territoires de Rutshuru, Masisi, et Walikale, et aux Mai-Mai quand elles étaient commises dans les territoires de Beni et de Lubero. Pendant 10 ans, la Monuc n’avait jamais fait prisonniers des membres des groupes armés qu’elle incriminait pour convaincre les sceptiques. La Monuc tuait tous les rebelles rwandais qui tombaient dans ses filets loin des sources indépendantes pour confirmer leur tuerie. Quand elle ne les tuait pas tous, la Monuc annonçait qu’ils avaient tous fui dans la jungle congolaise. Cela permettait à la Monuc de voir les rebelles rwandais surgir partout où il y avait des violations des droits humains.
Mais depuis la déclaration de la défaite de ces groupes armés, les violations des droits humains se sont intensifiées dans les zones dites libérées et où sont déployés les casques bleus de la Monusco. Comme du temps de la Monuc, le patron de la Monusco incrimine les FDLR et les Mai-Mai pendant que les victimes incriminent les Fardc issus du CNDP et les retournés du Rwanda. Qui dit vrai entre les populations congolaises victimes et la Monusco ?
Pour les populations congolaises victimes des violations graves des droits humains perpétrées par les Fardc, la Monusco devrait dénoncer tous les auteurs des crimes commis actuellement au Nord-Kivu en commençant par les Fardc issus du CNDP dont les méthodes d’extermination ne sont plus à cacher, notamment dans les territoires de Rutshuru, Masisi, et Walikale ; des Fardc congolais qui volent et parfois tuent pour survivre car impayés, etc.
Ceux qui se font passer aujourd’hui pour FDLR, ADF/NALU/ LRA, voire Mai-Mai sont accusés par plusieurs observateurs d’être des factions armées des Fardc issus du CNDP pour continuer la guerre d’occupation avec des étiquettes d’anciens mouvements rebelles pour se soustraire dans l’avenir à la justice internationale qui, tôt ou tard, finit par agir.
Des poches résiduelles des vrais FDLR existeraient toujours mais sans moyens militaires de commettre des exactions spéctaculaires au cœur des villes et cités comme le gouvernement congolais ainsi que la Monusco voudraient le faire croire aujourd’hui.
Les Mai-Mai ont presque tous été intégrés dans les Fardc. Les quelques réfractaires qui peuvent exister ça et là peuvent voler quelques poules quand ils ont faim, attaquer les occupants quand leur présence est signalée dans une localité mais ne sont pas des tueurs aveugles des congolais, des violeurs, et incendieurs des maisons. Comment les Mai-Mai peuvent-ils mettre le feu sur leurs propres cases ? C’est absurde !
Pour stabiliser l’Est de la R.D.Congo, la Monusco doit résoudre la question des tentacules rwandaises et ougandaises à l’Est du Congo. Les propositions de la société civile qui n’ont jamais été appliquées ont toujours demandé la mutation de troupes issues du CNDP de l’Est vers d’autres coins de la R.D.Congo. Il n’est pas normal que l’Est de la R.D.Congo soit sous la coupe d’une armée mono-ethnique dans un pays qui se veut démocratique et qui compte plus de 400 ethnies.
Concernant l’accueil des refugiés du Rwanda et de l’Ouganda, la Monusco doit, pour rassurer les congolais de sa mission de stabilisation de l’est du Congo, ramener d’abord les déplacés congolais dans leurs villages car d’après le gouvernement congolais la paix y est revenue depuis que les FDLR et ADF/NALU y ont été chassés ou mis en déroute.
Si les populations congolaises ne peuvent pas rentrer dans leurs villages parce qu’il y a toujours des hommes en armes qui tuent et incendient les maisons, et si le HCR et le PNUD choisissent ce moment pour ramener les refugiés du Rwanda et de l’Ouganda dans ces zones encore troubles et vidées de leurs populations congolaises, les congolais concluront que le déplacement forcé des congolais et l’insécurité entretenue dans leurs villages participent de la stratégie d’occupation de l’est de la R.D.Congo. Les refugiés du Rwanda et de l’Ouganda qui prétendent avoir fui la R.D.Congo à cause des petits troubles des « Magrivistes » des années 86-92, ne peuvent choisir ce moment des viols collectifs, tueries et assassinats quotidiens, enlèvements, incendies des maisons, déplacements forcés des populations, etc. pour revenir au bercail. Le faire signifierait que l’insécurité actuelle est une œuvre dirigée seulement contre les congolais pour installer les retournés du Rwanda et de l’Ouganda. La Monusco a donc du pain sur la planche pour convaincre les congolais qu’elle ne prête pas main forte à l’occupation rwando-ougandaise de l’Est de la R.D.Congo. Elle a des moyens militaires et diplomatiques pour stabiliser l’Est du Congo. Pourvu qu’elle utilise ces moyens dans un franc jeu et dans une collaboration sans faille avec les forces vives congolaises. Le peuple congolais tient la Monusco à l’œil !
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