





A Monsieur Félix TSHILOMBO TSHISEKEDI,
Président de la République Démocratique du Congo
à Kinshasa/Gombe
Objet :
LA POSITION DU COORDONNATEUR ADJOINT DE KYAGHANDA YIRA-NANDE SUR LA DEMANDE DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE DE RENCONTRER LA STRUCTURE DE LA COMMUNAUTE YIRA-NANDE
Monsieur le président,
La communauté Yira-Nande a reçu, par des voies interposées, votre message de demande de rencontre avec le Kyaghanda ainsi que les leaders de cette communauté et en a pris acte.
Il y aurait vraiment lieu d’apprécier un tel souci de penser à la communauté Nande au regard de la tragique situation qu’elle traverse depuis bientôt cinq ans.
Nonobstant, c’est avec peine dans le cœur qu’il nous revient de vous transmettre notre peur et inquiétude à la fois, du fait que la souffrance de notre communauté puisse être récupérée comme moyen de conquérir l’influence politique aussi bien devant les opinions nationales qu’internationales. Ceci serait alors la pire de moquerie à l’endroit de ce peuple innocemment victime. Toute la population Nande est bien informée que l’initiative de monsieur le président lui a été proposée par le général Gabriel AMISI alias Tango Four au cours d’une réunion de sécurité nationale tenue autour du nouveau président il y a deux semaines. Un criminel, complice et stratège de haut niveau dans l’exécution des massacres de Béni qui deviendrait « conseiller pacificateur », quelle absurdité !
Monsieur le président, la solution au génocide que notre communauté subit à Beni ne se trouve nullement dans la convocation de réunion dans les bureaux climatisés à Kinshasa, de surcroit impliquant des soi-disant notables qui ont permanemment joué le jeu des bourreaux sur base des privilèges qu’ils tiennent partant de la gestion de la province jusqu’à la hiérarchie nationale. Ceci n’est nullement une affirmation gratuite ; car la communauté Nande tient une documentation impeccable sur le génocide Yira tenu muet jusqu’alors.
La solution au génocide Yira se trouve dans la disposition pratique du pouvoir, c’est-à-dire la volonté honnête du pouvoir qui devrait se confirmer par des actions équivalentes et proportionnelles sur terrain. Nous vous encourageons à prendre l’audace d’affronter cette vérité en vous rendant personnellement sur les lieux de massacres à Béni, Mayangose, Oicha, Eringeti, Mavivi, Mbau, Kamango, Mamove, etc.
Pour le reste, monsieur le président, serait-il important de rappeler que des délégations de tous genres et de tous les niveaux ont déjà usé le sol de Béni sans aucune suite, pour ne pas dire sans aucune solution ? Votre prédécesseur est mieux situé pour vous édifier. Sinon où sont passés les rapports des commissions parlementaires (nationales et provinciales), ceux de la société civile du grand Nord-Kivu, du gouverneur de province du Nord-Kivu, sans oublier ceux issus de passage à Béni des dignitaires au pouvoir dont Evariste Boshab, le ministre de la Défense, le chef d’état-major général des FARDC sans compter les navettes de l’ex-président Joseph Kabila lui-même ?
Tous ces rapports devraient être sur la table de remise-reprise qui vous a donné accès à vos fonctions actuelles. La population Nande n’est pas partie prenante dans la tragédie dont elle est victime ; elle est celle qui subit impuissamment une situation dont seul votre prédécesseur est mieux placé pour vous aider à en délimiter les contours, s’il en a du moins la volonté.
Quant à notre communauté, elle a certes pleinement raison de ne point vous cacher son pessimisme sur les démarches que vous semblez engager. En effet, que pourrait encore espérer la population victime de génocide de Béni, au moment où monsieur le président y a renoncé à toutes ses prérogatives en se liant par un accord qui l’engage à protéger et à soustraire de la justice les personnes, physiques ou morales fussent-elles, par où devraient partir toutes enquêtes crédibles sur les massacres de Béni ?
Les massacres de Béni sont des faits très bien connus tant au niveau national qu’international. Les trois derniers Représentants du Secrétaire Général des Nations Unies en R.D. Congo ont pris soin de les constater minutieusement tour à tour, respectivement en la personne de Martin Kobler, Maman Sambo Sidikou et Madame Leila Zerrougui. Le gouvernement congolais n’a pourtant jamais manifesté la preuve d’une volonté de traiter lucidement ce dossier où au moins 3000 civils ont été sauvagement abattus, et où les FARDC loyalement congolais ont souvent été sacrifiés sur base de trahisons (bien répertoriées dans nos archives) jusqu’à perdre des soldats en nombre plus élevé que les victimes civiles. Aucune investigation gouvernementale n’a réussi à clarifier comment les assaillants sur les champs d’opération Sokola 1 sont toujours en uniformes militaires identiques à celles des FARDC et dotés d’un arsenal plus puissant que celui de l’armée nationale sur le terrain, ou encore justifier pourquoi des commandants FARDC (bien identifiés) ont maintes fois refusé à leurs troupes de voler au secours de la population lors des massacres de Béni, ou enfin le fait que bien des massacres s’opéraient dans les rayons périphériques des positions des FARDC, et même de la MONUSCO, sans aucune disposition dissuasive de la part de ces deux forces toutes dites de protection des civils.
Monsieur le président, au-delà de toutes ces considérations et inquiétudes de la part de la communauté Yira-Nande, l’histoire peut vous témoigner que le peuple Nande se distingue par son caractère pacifique et son dévouement à soutenir le développement du pays par une présence active, dynamique, partout où il s’installe sur l’étendue du territoire national. A ce titre, à votre qualité du président de la République, il vous revient de dissiper toute imagination qui vous pousserait à croire que ce peuple serait votre ennemi.
Et, dans le contexte actuel, ci-après quelques desiderata convertibles en l’attente du peuple Yira-Nande par rapport à votre autorité nationale :
1. La reconnaissance d’un génocide en cours contre le peuple Yira dans le grand Nord-Kivu, en particulier dans le territoire de Béni ;
2. L’urgence d’une enquête internationale indépendante sur les massacres de Béni ;
3. Vu que l’armée nationale et les forces de la MONUSCO se sont avérées incapables de maîtriser lesdits massacres, il y a un besoin immédiat du déploiement à Béni d’une force internationale du type Artémis (jadis en Ituri) pour nettoyer le rayon de 50 kilomètres carrés autour de la ville de Beni ;
4. Comprendre que le phénomène Ebola à Béni-Butembo et en Ituri devrait être considéré comme une urgence internationale. Malheureusement, il se présente juste comme une opportunité de business, vu le manque de détermination à éradiquer cette épidémie qui, partout ailleurs dans le pays, a toujours été promptement maîtrisée en très peu de mois, pendant qu’à Béni on observe son prolongement bientôt jusqu’à couvrir toute une année.
Enfin, monsieur le président, veuillez agréer nos sincères sentiments patriotiques.
Fait à Montréal (au Canada), le 25 février 2019
Jacques Vithi
Coordonnateur Adjoint du Kyaghanda Yira (Nande)
En charge de relation extérieure.
©Beni-Lubero Online.






2 commentaires
Le President doit absolument rencontrez pas le Kyaghanda de Kinshasa mais plutot le Kyaghanda kikulu structure laisser par le Pere Vincent Matchozi. Cette structure je pense qui incarne la vision et le point de vue reel du peuple Yira. Le president doitfaire le deplacement pour venir se rendre compte de cette situation macabre que vie le peuple Nande. Nous devons pensee a ouvrir ou depose un plainte a la cours supreme de notre pays pour crime et genocide contre le peuple Nande . Nous devons exige que l’on nous dise pourquoi nous devons subir ca. Qui sont les responsables…Nous devons savoir la verite.. Si Nous voulons construire un pays de Droit voila ou nous devons commence…
La solution aux massacres de Beni n’est pas la rencontre des notables Yira-nande par le Président Tshisekedi. Mais plus tôt le relèvement de tous les militaires qui se trouvent dans ce coin, puis les remplacer par d’autres militaires commandés par les officiers nommés par le nouveau Président si leur accord secret avec Kabila ne prévoit pas la continuité des massacres.