





Le discours sur la violation du territoire congolais par les armées étrangères, les éleveurs Mbororo et les rebelles étrangers du LRA et des FDLR, fait fi d’une autre agression de taille, à savoir celle de la monnaie ougandaise (le Shilling Ougandais) dans la sous-région de l’Ituri.

Centre Commercial de Mahagi
Le cas le plus frappant est que dans le territoire de Mahagi et celui d’Aru et voir même certains villages du territoire de Djugu, le Franc Congolais a disparu au profit du Shilling Ougandais ! Chose grave est que certains services étatiques et paraétatiques s’accommodent de la disparition de la monnaie nationale au profit d’une monnaie étrangère en refusant que les impôts et taxes soient payes en Franc Congolais mais plutôt en Shilling Ougandais, monnaie disponible et influente dans le coin. Que font les ministres des Finances et de l’Economie ? Leur action s’étende-t-elle jusqu’à l’Ituri ou est-elle seulement limitée aux grandes villes congolaises ?
Plusieurs observateurs accusent la crise financière qui a frappe tout le pays et d’une particulière l’Ituri. Pour exemple, la cité de Mahagi est frontalière avec l’Ouganda et connaît des activités douanières intenses. Mais il n’y a aucune banque congolaise à Mahagi. Les quelques coopératives d’épargne qui s’y trouvent ont perdu depuis un certain temps leur crédibilité suite à leur insolvabilité ou manque de liquidité endémique. Le Shilling ougandais profite de cette faiblesse pour faire son entrée officielle en territoire congolais.
L’utilisation de la monnaie ougandaise influence largement la vie des populations de ces territoires qui voient le coût de la vie augmenté du jour au lendemain selon la fluctuation de la monnaie ougandaise. Aussi, avec l’absence des structures bancaires, certains observateurs se demandent si l’argent perçu pour le compte du trésor public est canalisé vers le trésor public qui est ouvert au sein de la banque centrale, agence de Bunia. Si oui, sur quel compte en shillings ougandais qui n’a pas cours légal dans les banques congolaises ?

Outre, la circulation illicite de la monnaie ougandaise, l’économie de la RDC est en ruine suite au manque d’encadrement des agriculteurs par les autorités étatiques. A longueur des journées, des tonnes de café brut sont exportées par les commerçants ougandais qui les vendent ensuite sur le marché international comme café ougandais. Selon les producteurs que nous avons rencontrés sur place transportant sur la tête et sur le dos leur café depuis les villages reculés, des milliers des tonnes de café pourrissent dans les villages par manque de moyens d’écoulements vers des grands centres de négoce. Dans le centre de Mahagi, ce sont les commerçants ougandais qui fixent le prix d’achat du café congolais. Les services de l’Etat congolais se contentent de percevoir quelques taxes en shilling ougandais.

Selon un agent de l’ONC (Office National du café), bureau de Mahagi, qui a requit l’anonymat, la décision d’écouler le café vers l’Ouganda a été arrêté par l’Administrateur du territoire de Mahagi suite à la plainte de certains planteurs selon laquelle plus de 7000 tonnes de café menaçaient de pourrir dans les entrepôts. Si cette décision pragmatique a été saluée par les paysans producteurs de café, le manque à gagner pour l’économie congolaise est à regretter. Et pourtant si la promesse du chantier route était réalisée, le café de Mahagi et des environs s’écoulerait vers Bunia pour entre vendu comme café congolais. Mais Hélas ! Même si on mettait fin à l’agression des LRA, l’état des routes dans les localités comme Ndrele, Rimba, Kambala, Kpandroma, Ngote, Nioka, Mahagi, Ingbokolo, Auzi, Aungba, etc. est tellement désastreux que les congolais de ces coins ne seraient pas encore au bout de leurs peines. Sur les tronçons routiers dits praticables, il faut au moins cinq heures pour parcourir 45 km en voiture. Le shilling ougandais profite de cet enclavement pour tourner la sous-région de l’Ituri vers l’Ouganda. A qui la faute sinon aux congolais eux-mêmes? Le pays est fertile, les congolais sont travailleurs et produisent, mais ne savent pas s’organiser pour se donner des leaders capables de coordonner les efforts des uns et des autres en vue du développement, de l’entretien des routes, de la lutte contre la corruption, etc.
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Eugide Lalé Mbunda
Kpandroma
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