





CONFERENCE DE PRESSE : 100 JOURS A LA TETE DU NORD-KIVU
Mesdames et Messieurs les journalistes
28 avril 2007, 08 Août 2007 voilà 100 jours écoulés depuis que le programme du gouvernement provincial a été adopté par les honorables députés provinciaux et ce, sous votre couverture.
Pour votre mémoire,
Comme d’aucuns le savent, c’est une respectueuse tradition pour les autorités d’évaluer leurs 100 premiers jours aux fins de comparer les résultats obtenus d’avec les objectifs initialement fixés, à expliquer les écarts constatés et éventuellement proposer les mesures correctives.
Aussitôt après investiture des ministres provinciaux ; qu’avons-nous fait, où sommes – nous et où allons- nous. Voilà la triple question à laquelle nous allons tenter d’apporter quelques éléments de précisions qui seront certainement enrichis par les moments de débats.
Mais bien avant d’y répondre, il est important de vous rappeler le contenu du programme d’urgence de nos 100 premiers jours qui se résume en cinq volets tels que repris dans le programme du gouvernement provincial.
Il s’agit des volets ci-après :
• La sécurité des personnes, des biens, des activités économiques, commerciales et sociales ainsi que la consolidation de la réconciliation des communautés.
• L’installation des nouvelles institutions provinciales
• La mise en confiance des partenaires au développement
• La traduction du programme du gouvernement provincial en projets concrets.
• Le lancement des actions devant répondre aux urgences de la population : eau, électricité, réhabilitation des artères principales ainsi que d’autres urgences humanitaires.
De la question « qu’avons-nous fais depuis maintenant 100 jours.
Il est préférable de commencer par répondre à la question d’où venons-nous ! »
Mesdames et Messieurs les journalistes
47 ans d’indépendance, 32 ans de dictature dont les 7 années identifiées comme celles de transition, 2 rebellions successives à savoir 18 octobre 1996 (Lemera) et 02 août 1998(GOMA), 3 dernières années d’une nouvelle transition … voilà comment nous ressemblons et voilà ce dont nous sommes le résultat ou mieux l’émanation.
Si nous devons parler particulièrement du Nord-Kivu, c’est l’histoire que nous avons toujours voulu dédramatiser alors qu’il n’est un secret pour personne que celle – ci est ponctuée des moments tragiques des conflits.
Et comme si cela ne suffisait pas, l’année 1994 verra une marrée humaine constituée des millions des réfugiés Rwandais armées affluer sur l’ensemble de la province.
A Quoi n’a-t- on pas assisté si ce n’est d’être tombé victime d’exportation des germes de la division aux points de briser les liens collatéraux qui unissaient les filles et fils du Nord- Kivu.
A quoi n’a – t- on pas assisté si ce n’est de tribaliser toute forme de relation, d’entreprise privée ou publique.
Quel genre de raisonnement n’avons-nous pas développé si ce n’est de considérer l’appartenance aux collines, aux villages comme seul mode de recrutement dans la vie publique, … dépassant ainsi le sens de l’objectivité pour verser dans le clientélisme, le triomphalisme et j’en passe.
Mesdames et Messieurs les journalistes, que pouvons-nous attendre d’une société telle que décrite ci- haut et surtout de ses dirigeants dont l’histoire n’est ponctuée que des références noires : dictatures, rebellions, transitions interminables.
Face à ce tableau noir, l’histoire a fait finalement que les élections arrivent comme pour courcircuiter ce système. Ainsi un Président de la République a été élu, les députés nationaux et provinciaux élus et de ces derniers les gouverneurs de provinces.
D’autres s’appellent héritiers comme si c’est un bon nom mais ces gouverneurs de la troisième république parce que c’est d’eux qu’il s’agit, quel héritage leur avons-nous légué. Ne sont- ils pas des héritiers infortunés de qui on attend toutes les merveilles oubliant la nature de leur héritage, le contenu de cet héritage, les douleurs que provoque cet héritage.
Fort de ce constat, votre gouvernement a adopté une démarche essentielle, vitale et indispensable que nous avons intitulée : ANALYSE DE LA SITUATION GENERALE DE LA PROVINCE.
Cette étape nous a poussé à sillonner l’ensemble de la province et en 3 mois, pour ceux qui veulent présenter déjà un bilan, nous sommes arrivés dans les six territoires et les 3 villes aux fins d’identifier les problèmes réels, les contraintes, les opportunités et les ressources mobilisables.
C’est ainsi que par rapport aux cinq volets du programme d’urgence, nous nous sommes attaqués avec l’appui des services de l’armée, de la PNC et ceux spécialisés aux défis sécuritaires.
Les résultats ne sont pas à démontrer même si ça et là on observe encore quelques cas signalés que certains veulent brandir et en faire de la propagande, faire de la propagande autour des vies humaines dont la province regrette la disparition. Voilà ce à quoi nous ressemblons.
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Nous avons vu effectivement des vies s’éteindre à GOMA, RUTSHURU, BUTEMBO, A MASISI, à Beni. Malheureusement certains ont voulu récupérer ces assassinats pour considérer que c’est une affaire des autres dans l’optique de s’innocenter. Est- ce une fuite en avant ou un souci sincère d’innocence.
Dans ce domaine de la sécurisation des personnes et des biens, des efforts restent à faire mais cela ne doit pas nous faire oublier qu’il y a des choses qui sont désormais possibles : la démystification du passage dans le parc tronçon KIWANJA – RWINDI, la libre circulation dans la ville de GOMA hormis la montée de la criminalité depuis début juillet.
Au sujet du deuxième volet de notre plan de 100 jours, il faut noter que l’assemblée provinciale, même si elle est encore à location, mais au moins ses bureaux sont déjà installés dans un bâtiment où les membres du bureau ne sont plus séparés par des rideaux. Il suffit de vous rendre à l’ancien hôtel fleur des Lys. Il en est de même de l’hôtel du gouvernement que l’on retrouve dans l’ancien hôtel Shalom. Par rapport à ces 2 institutions, nous pouvons considérer que l’objectif a été atteint bien qu’il y ait encore des choses à faire.
Au sujet du troisième volet contenu dans le plan de 100 jours, il s’observe effectivement une mise en confiance progressive des partenaires au développement. Deux grandes réunions ont été organisées avec les agences du système des Nations unies d’une part, et de l’autre, avec les ONG internationales.
Ces échanges ont permis à ces ONG de connaître les objectifs poursuivis par le gouvernement provincial mais aussi à celui-ci de situer le niveau participation de ces organisations aux solutions à apporter. Il faut signaler que très prochainement le chef de l’Exécutif provincial va se rendre en Caroline du Nord pour y conduire une mission du gouvernement aux fins de signer un jumelage avec cet Etat des Etats-Unis d’Amérique.
Par rapport au quatre volet, chaque ministre provincial est entrain d’élaborer le plan sectoriel pour permettre au programme quinquennal d’éclater en 10 plans sectoriels.
Au sujet du 5 e volet qui consiste à lancer des actions devant répondre aux urgences et besoins divers, les réalisations suivantes sont à relever dans le cadre de la politique insufflée par le président KABILA à travers les cinq chantiers.
• Le rechargement des artères principales de la ville de Goma
• Les travaux de réparation asphalteuse des artères de la ville de Goma
• Les travaux de construction d’une école officielle à Kiwanja (construction de 14 classes) / Rutshuru.
• La réhabilitation du pont Mabenga / Rutshuru
• Les travaux de construction du pont Kangote / Butembo
• Les travaux de construction du pont Mweya / Masisi
• Les travaux de construction d’une école à Walikale
• L’octroi de 500 tôles pour les écoles à Walikale
• L’octroi de 500 tôles à 2 écoles à Bulongo / territoire de Beni
• Octroi de 100 tôles pour le bureau administratif de Kiwanja – cité
• Dans le domaine des routes : réhabilitation des tronçons :
Goma- Rutshuru
Rutshuru – Rwindi
Kiwanja – Ishasha
Kanyabayonga – Butembo
Sake – Masisi (appui MONUC)
• Dans le cadre d’appui à la jeunesse, votre gouvernement a dû appuyer les équipes VIRUNGA, KABASHA dans tous leurs déplacements à Kinshasa, à Lubumbashi pour honorer la province. Un boxeur, le nommé LUMOO a été envoyé en Alger pour participer aux jeux Africains
• Dans le volet scientifique,
• Votre exécutif a appuyé les étudiants de la faculté de Médecine de l’UNIGOM pour leur participation aux journées d’échanges scientifiques organisées à l’Université nationale du Rwanda à Butare et Kigali.
• Aussi, trois experts de l’observatoire volcanologique ont été envoyés à Kampala aux frais de la province pour participer à une grande conférence internationale sur la gestion des zones volcaniques.
Des actions scientifiques comme celles -ci ne sont perceptibles qu’à long terme et surtout pas par Mr tout le monde.
• Dans le souci de faire connaître le Nord- Kivu à travers le monde et aux fins d’attirer les investisseurs, votre gouvernement vient de mettre la province sur le Site Web. Il suffit de composer le www.provincenordkivu.org. Ceci constitue une des grandes réalisations que les gens considèrent comme ne relevant pas des projets à impact visible alors qu’il peut générer à la province des milliers d’investisseurs qui seront attirés par la présentation de la province avec ses différentes potentialités.
• Au sujet de la pacification, il a été créer une Cellule Provinciale d’Appui a la Pacification(CPAP) pour mettre sur pied des stratégies efficaces devant aboutir a la paix tant recherchée au Nord Kivu .Dans ce même angle, deux grandes rencontres réunissant plus de 100 leaders de la province, sous la facilitation de MICHEL KASA, ont été organisées autour du LEADERHIP COHESIF.
• Dans le volet finances, les chiffres parlent d’eux-mêmes :3,5millions de dollars/mois voila le niveau de participation mensuelle de la Province du Nord-Kivu au budget général de l’Etat d’elle la 4 e Province fiscale de la RDC après Kinshasa, Bas Congo et le Katanga.
Quelques contraintes
• La commission interministérielle qui avait statué sur les prévisions budgétaires de l’exercice 2007, avait arrêté la hauteur de rétrocession de 20%
Mais, jusque ce jour, la province recevait seulement 4%, ce qui a limité ses capacités de prise en charge des problèmes.
• Les douleurs d’enfantement d’une nouvelle démocratie dans un système de décentralisation nous ont plongés dans les moments de tâtonnement, d’essai -erreurs et de redéfinition quasi permanente de notre politique.
• La présence de 8 brigades dans la province du Nord- Kivu avec tout ce qu’on sait de la gestion difficile d’une zone fortement militarisée :
• 5 brigades mixées
• 2 brigades intégrées (2 e brigade à Beni – Lubero et 9 e brigade à Kibumba et environ)
• 1 brigade non brassée (la 85 e basée à Walikale)
A coté de ces brigades, on peut relever une autre à BINGI dite Brigade Baleine (Mai-Mai), une autre à Masisi dirigée par le colonel MUGABO. Ce qui donne un total de 10 brigades soit 30.000 hommes.
Des groupes armés étrangers (FDLR, ADF/NALU) pullulent de partout avec un cortège de malheur qu’ils apportent aux populations congolaises.
Avec 4% de rétrocession, quelle action pouvons-nous attendre de l’Exécutif si ce n’est d’assister presqu’impuissamment à la détérioration de la situation.
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Mesdames et Messieurs les journalistes
Vous comprenez pourquoi je me suis désigné au début Héritier ; malheureux ou heureux, c’est avec le qualificatif que vous voudriez lui ajouter à la suite de ce tableau clair ou sombre, c’est selon.
Conclusion
Nous voudrions rappeler à votre bienveillante mémoire que notre programme du gouvernement est quinquennal, il n’est pas de 100 jours. Nous avons voulu nous soumettre à cet exercice pour donner les signaux qui se dessinent afin de lire la bonne volonté, le souci de mieux faire et de faire savoir ce qui nous anime.
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Nous considérons ceci comme une évaluation mi – parcours que nous attendons parachever d’ici 4 ans et demie.
Mais dans les 4 prochains mois c’est- à-dire au 31 décembre 2007, votre gouvernement va devoir œuvrer pour consolider progressivement la paix, la sécurité, la tolérance mutuelle mais également parachever l’ensemble des projets amorcés….
Les hommes politiques qui considèrent le Nord – Kivu comme leur caisse de résonance devront abandonner au fur et à mesure les vieilles habitudes du « complexe de martyr »
La province a besoin de toutes les mains pour sa reconstruction car par un travail de chaîne lors de la construction d’un centre de santé, les briques qui passent de main à main ne choisissent pas si les mains appartiennent à un Hunde, Hutu, un Kano, un Nande, un Nyanga, un Kumu, un Mbute, un Mutalinga, un Shi, un Rega, Tembo un Tutsi, …
Vive la paix au Nord Kivu.
Je vous remercie.
Julien PALUKU KAHONGYA, Gouverneur de Province
Site Internet de la Province : www.provincenordkivu.org
Publié par Beni-Lubero Online (www.benilubero.com)





