





Du nouveau dans le vocabulaire congolais : le BIVOUAC Français! De quoi s’agit-il ? Dans sa lutte contre la fraude douanière en R.D. Congo, le Gouvernement Congolais aurait inventé un système de contrôle douanier appelé « Bivouac», un terme français qui veut dire cantonnement, campement, baraquement, etc. Là où les congolais verraient l’OFIDA mettre en exécution ce « Bivouac», la nouvelle est que c’est la France qui a gagné ce poste. D’où la question de savoir si l’OFIDA a déjà été privatisée au profit de la France? Pourquoi la France s’occuperait-elle du contrôle douanier en R.D. Congo au lieu et place de l’OFIDA, organe de l’Etat congolais ?
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Ce sont ces genres des questions que les commerçants de Butembo ont posé au Sous-directeur de l’OFIDA de Beni qui était à Butembo aujourd’hui 12 février 2008 pour les convaincre d’accepter le Bivouac. D’après le Sous-directeur de l’OFIDA/Beni, le Bivouac Français est un systeme de contrôle consistant à suivre l’itinéraire de chaque marchandise, de chaque container qui entre au Congo, depuis le pays de son origine jusqu’au Congo. En d’autres termes, le Bivouac français au Congo serait un véritable « cantonnement », une mise en quarantaine des produits en provenance des certains pays indésirables ou non invités dans le pré-carré congolais où la France détiendrait déjà le monopole.
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Sachant que les partenaires économiques de Beni-Lubero sont des pays asiatiques, avec la Chine en bonne position, le Bivouac français est perçu à Beni-Lubero comme une autre façon de faire la guerre à la Chine, un véritable cantonnement des pays qui dérangent les intérêts français au Congo. Et qui s’occupera des intérêts des congolais! Et pourquoi changer un partenariat économique qui marche et qui a fait ses preuves dans des conditions difficiles ?
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Unanimement, les commerçants de Butembo ont dit NON à ce Bivouac français, disant qu’il porterait préjudice à leurs intérêts. Les commerçants du Katanga auraient déjà aussi dit non au même Bivouac pour les mêmes raisons que leurs homologues de Butembo.
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Le système du Bivouac est un autre exemple que l’Occident est en perte de vitesse sur plusieurs plans, y compris l’économie. Le libéralisme économique qui avait caractérisé l’occident lors de sa guerre contre le communisme n’a plus pignon sur rue. La réalité de la mondialisation tend à transformer l’Occident en communiste, avec un dirigisme économique. Nous assistons donc à un renversement des valeurs, à un virage à 180 degrés. Imposer des partenaires économiques au Congo reviendrait à s’approprier de nouveau le Congo comme à l’époque de Léopold II et de la Conférence de Berlin, de triste mémoire. La suite de l’appropriation des pays africains par des pays européens est connue : colonisation, pillages des ressources, pendaison des nationalistes, extermination des peuples, dépendance de l’Afrique, etc. Les présidents africains ont refusé il n’y a pas longtemps à Lisbonne ce monopole européen, demandant unanimement un statut de partenaire au lieu et à la place du statut de protégé. Le Bivouac français au Congo se révèle comme une façon pour la France de contourner l’esprit de Lisbonne pour se forger un monopole économique au Congo. On comprend aussi le projet de la France d’ouvrir des consulats au Nord et au Sud-Kivu. Il y a anguille sous roche!
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Devant cette menace économique, les commerçants de Butembo ont renvoyé l’émissaire du Bivouac avec son message. A leur tour, ils lui ont demandé de saisir les autorités de l’OFIDA Kinshasa de leur refus du Bivouac, un système qu’ils trouvent préjudiciable au business en ce début du troisième millénaire. Pour que l’OFIDA/Beni accomplisse cette mission, les commerçants de Butembo ont décidé de payer le voyage de Kinshasa pour l’agent où les agents de l’OFIDA qui iraient plaider leur cause à Kinshasa.
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A l’issue de cette réunion qui s’est tenue à l’Auberge, les opérateurs économiques ont pris leur téléphone pour demander à leurs partenaires d’autres provinces du Congo si le Bivouac français concernait tout le Congo ou seulement quelques provinces. L’application du Bivouac serait un autre signe tangible de perte de souveraineté congolaise, selon les dires de plusieurs opérateurs économiques de Butembo.
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Pour certains observateurs cependant, il faut trouver un mécanisme pour combattre la corruption généralisée et pratiquée par les douaniers congolais. Cette corruption qui profite aux plus offrants et aux nantis est préjudiciable aux petits commerçants qui finissent par se casser la figure et disparaitre du marché de l’import-export. Pour ces derniers, le Congo a bel et bien besoin d’un contrôle sévère à la frontière douanière pour protéger et encourager les productions locales.
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Mais ce qui blesse les sensibilités c’est le fait de confier ce travail aux tontons français, donnant ainsi raison à ceux qui disent que les congolais sont incapables de se développer eux-mêmes. Devant la bousculade de la France et d’autres pays occidentaux aux portes du Nord-Kivu, les observateurs craignent un affrontement économique au Nord-Kivu entre ces derniers et les partenaires traditionnels de Beni-Lubero, et plus précisement entre l’Occident et la Chine, deuxième puissance économique mondiale. C’est donc une nouvelle guerre dans la guerre de Nkunda. Et comme dit Al Mazrui, quand deux éléphants se battent ou font l’amour, c’est l’herbe qui en souffre !
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Edgar Kahindo
Racodit- Rassemblement des Congolais pour la Défense de l’Intégrité Territoriale/Butembo
Beni-Lubero Online





