Plus de 21 ans après le génocide au Rwanda, un de 9 Hutu rwandais accusés de génocide et recherchés par Kigali, en l’occurrence Mr Ladislas Ntaganzwa (53 ans) a été arrêté le 3 décembre à Nyazale/ Nord-Kivu et transféré à Kinshasa le vendredi 11 décembre 2015 sur demande de la justice congolaise. Kigali réclame déjà son extradition !
Ladislas Ntaganzwa lors de son transfert à Kinshasa
Depuis l’apparition de cette nouvelle dans les medias, les analystes de la situation politique de la région des Grands Lacs s’interrogent et cherchent à comprendre ce qui se cache derrière ette arrestation en ce moment bien précis de l’histoire de la R.D.C et du Rwanda.
Les questions qui se posent à la suite de cette arrestation sont les suivantes :
- Dans quelles circonstances Mr Ladislas Ntaganzwa a-t-il été arrêté ? Où et par qui ?
- Pourquoi Mr Ladislas est-il arrêté au moment où le dialogue national inclusif convoqué par le Président Joseph Kabila bat de l’aile ?
- Pourquoi Mr Ladislas est-il arrêté au moment où Kigali cherche désespérément un motif pour justifier la présence active de ses 30 000 militaires à l’Est de la R.D.Congo?
- Sachant que depuis l’invasion de la R.D.Congo par le Rwanda en 1996, l’Est de la R.D.Congo, et plus précisément la région de Walikale-Rutshuru est toujours contrôlée par le Rwanda à travers les différentes rebellions à la solde du Rwanda, à savoir, AFDL, RCD, CNDP, M23, MCRC, et aujourd’hui une force d’occupation rwandaise de 30 000 militaires, pourquoi a-t-on attendu 21 ans pour arrêté un présumé génocidaire activement recherché par Kigali ?
- Etait-il arrêté par les services de sécurité congolaise ou les milices à la solde de Kigali très actives dans la région de Walikale-Rutshuru ?
Connaissant le « modus operandi » de Kigali et sa manipulation de la politique congolaise à sa cause, plusieurs analystes demandent aux congolais de suivre de près le traitement du dossier de Mr Ladislas Ntaganzwa, car il pourrait bien être un arbre qui cache la forêt.
La première hypothèse est que Kigali a arrêté Ladislas Ntaganzwa pour le faire juger d’abord à Kinshasa puis à Kigali afin de lui faire déclarer devant l’opinion internationale que les FDLR sont toujours actifs et nocifs à l’Est de la R.D.Congo et qu’ils sont toujours déterminés à faire la guerre au régime de Paul Kagame. Une déclaration de ce genre permettrait à Paul Kagame de demander à l’ONU l’autorisation d’intervenir en R.D.Congo pour nettoyer les forêts et savanes du Kivu de FDLR. Une telle autorisation permettrait à Kigali de poursuivre officiellement et légalement son plan de dépeuplement, d’occupation, et de balkanisation du Kivu-Ituri avec sa force armée de 30 000 mille hommes déjà présente à l’Est de la R.D.Congo sous formes des milices Mai-Mai Cheka (NDC), FDLR, ADF/NALU, LRA, FRPI, Mai-Mai Simba, Kidnappeurs, bandits, en plus de ses officiers et troupes infiltrés dans les rangs des FARDC, Police, ANR, etc.
Le régime de Kinshasa qui est complice de l’action de Kagame à l’Est de la R.D.Congo tirerait profit d’une nouvelle intervention militaire du Rwanda. En effet, le tandem Kagame-Kabila voudrait terminer le projet de dépeuplement, occupation rwandaise et balkanisation du Kivu-Ituri pendant le deuxième mandat de Joseph Kabila. Comme la fin de ce mandat se profile à l’horizon à gras pas, le tandem Kagame-Kabila est aux abois. La virulence avec laquelle les tueries de ces derniers jours sont commises à Beni explique leur impatience de voir les Nande fuir Beni-Lubero-Mambasa-Rutshuru vers des camps des refugiés déjà préparés en Ouganda et en Tanzanie. Joseph Kabila se bat pour le glissement de son mandat pour que le plan de dépeuplement, occupation rwandaise et balkanisation du Kivu-Ituri qui sera comme la signature de ses 14 ans à la tête de la R.D.Congo, aboutisse comme prévu. C’est dans cette perspective que les observateurs voit venir un bain de sang en R.D.Congo en 2016, vu que le peuple congolais est décidé à barrer la route à un quelconque troisième mandat de Joseph Kabila et que ce dernier est déterminé à faire aboutir le plan Kagame-Kabila sur le Kivu-Ituri.
Une chose est vraie que Kigali aurait du mal à obtenir aujourd’hui une nouvelle mission militaire en R.D.Congo. Le chèque en blanc du génocide de 1994 semble n’avoir plus assez de sous à retirer. Les distributeurs automatiques ne l’acceptent plus !
Mais ceux qui suivent la guerre civile qui petit à petit s’installe dans les rues de Bujumbura au Burundi et qui aurait une base arrière au Rwanda de Paul de Kagame, voient une création en perspective d’un autre chèque en blanc. Autrement dit, la crise actuelle du Burundi vise à long terme la R.D.Congo.
C’est un peu comme le génocide Rwandais de 1994 qui était préparé dans les officines anglo-saxonnes d’Occident pour trouver un alibi humanitaire d’agresser le Zaïre. De la même manière, si une nouvelle guerre civile éclate au Burundi et parvient à mettre au pouvoir à Bujumbura un pro-Kagame, la voie humanitaire d’intervenir en R.D.Congo aura déjà été trouvée. En effet, une guerre ne peut pas se dérouler sur le sol burundais sans déferler des milliers des refugiés burundais au Sud-Kivu, lesquels réfugiés pourraient de nouveau être traités de génocidaires, non pas rwandais mais cette fois-ci burundais. Une présence au Sud-Kivu des réfugiés génocidaires burundais permettrait au président Pro-Kagame au pouvoir à Bujumbura de trouver un alibi d’intervenir en R.D.Congo avec dans les rangs de son armée, des officiers et troupes de l’armée rwandaise. L’histoire de l’invasion du Zaire de Mobutu se répéterait ainsi devant les yeux ébahis des congolais.
Les congolais ont ainsi intérêt à suivre les deux feuilletons de l’arrestation de Mr Ladislas Ntaganzwa et de la guerre civile au Burundi. L’un de ces deux feuilletons peut, si les congolais ne font pas attention, donner au Rwanda l’occasion de justifier sa force armée de 30 000 hommes actuellement en action à l’Est de la R.D.Congo avec la bénédiction de Kinshasa. La mission de cette force armée rwandaise est sans aucun doute le dépeuplement suivi de l’occupation rwandaise et de la balkanisation du Kivu-Ituri. Plus le temps passe et plus les congolais résistent, le secret du tandem Kagame-Kabila risque, un jour, de les envoyer tous les deux à la HAYE !
Kambale Matumo
Genève/Suisse
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