Quelque soixante-trois personnes ayant été empêchées d’atteindre leur destination en Ituri sont retournées à Goma depuis quelques jours. Ils font partie des sujets Hutu qui, en mouvement massif, ont entrepris un exode en direction du sud de l’Ituri, en territoire d’Irumu, et du nord de celui de Beni, précisément dans la zone « rouge » du rayon d’Eringeti.
En effet, il y a environ dix jours que les services de sécurités ont intercepté un groupe de quatre-vingt-trois Hutu au niveau de la barrière de Luna, une localité située non loin de la limite entre le territoire de Beni et celui d’Irumu. Car, en dépit de la note circulaire du Gouverneur du Nord-Kivu qui avait suspendu tout mouvement de population suspect dans cette région, les Hutu ayant pris l’initiative d’un tel déplacement n’ont cessé de se faufiler vers la zone rouge de Beni et du sud de l’Ituri.
Présentement, ces retournés se sont cantonnés non loin du Gouvernorat de Goma. Ils refusent d’aller jusqu’à Masisi qu’ils prétendent être leur terre d’origine. Et, malgré tout, ils continuent à exercer une pression sur les opinions et sur les autorités provinciales pour les reconduire vers l’Ituri.
Ce refus de retrouver leurs villages d’origine respectifs et cette insistance à foncer vers Beni et l’Ituri sont deux grandes raisons qui rendent très suspects ces immigrants. D’aucuns s’interrogent alors si les intéressés ont vraiment une référence sociale à Masisi? Pourquoi rejettent-ils catégoriquement toute idée de rejoindre leurs villages d’origine, si du moins ils sont réellement issus de Masisi? Pourquoi persistent-ils à continuer cet exode vers Beni et le sud de l’Ituri qui sont tenus pour des zones rouges et dangereuses, du fait des massacres affreux qui y sévissent? Pourquoi préférer décidément s’installer là où tous les civils sont en train de fuir? Pourquoi s’accrocher au prétexte d’être en quête de terres arables en Ituri, pendant que Masisi d’où ils prétendent venir compte parmi les plus fertiles terres du pays? Est-il logique de fuir une « insécurité » à Masisi pour se réfugier dans un champ de massacres où les survivants sans espoir du lendemain ne font que patauger dans le sang de leurs frères et sœurs immolés au fil des heures? On se souviendra que Benilubero Online avait initié au début de l’année 2016 une enquête à Masisi, à Rutshuru et à Nyiragongo pour prouver une éventuelle origine congolaise desdits immigrants; mais leur trace et leur appartenance n’ont été retrouvées nulle part à travers ces trois territoires. Voilà une réalité plus que suspecte…
Aussi, est-il vraiment impérieux d’initier immédiatement une enquête sérieuse pour déterminer la véritable identité de ces immigrants, en l’occurrence sur cette équipe cantonnée présentement à Goma, près du Gouvernorat. Dans l’entre temps, il y aurait lieu de faire appel aux humanitaires en vue de pourvoir à leurs besoins de subsistance, étant donné que ces créatures humaines sont en train de passer la nuit au clair de la lune, sous la belle étoile et surtout dépourvues de nourriture et de médicaments. La pression qu’ils exercent ne devrait sous aucun prétexte devenir la raison de leur rouvrir l’itinéraire de Beni et de l’Ituri, tant qu’ils ne sont pas identifiés dans tous les détails de leurs origines.
D’ailleurs, hormis les massacres chroniques vécus dans la région de Beni, qui ont révélé de nombreuses preuves d’implication de ces genres de groupes (preuves que les égorgeurs sont des rwandophones), la présence massive desdits envahisseurs Hutu est devenue également une source de grandes préoccupations à Boga, à Tchabi et dans d’autres localités environnantes, dans le territoire d’Irumu, au sud de l’Ituri, du fait que ces immigrants se comportent quelque peu en colons, disposant de tous les moyens matériels nécessaires, en l’occurrence des armes sophistiquées, pour intimider les autochtones. Et,jouissant du protectorat des autorités du pays, non seulement ils ont constitué une armée prête à réduire au silence les autochtones, mais encore ils revendiquent des entités administratives qui leur soient propres, avec droit du pouvoir coutumier au dépens de la population locale.
Il sied de ne point perdre de vue que le phénomène de migration de ces Hutu non autrement identifiés est devenu le cheval de Troie de l’infiltration massive des combattants du M23 et leurs alliés pour le déclenchement très prochaine d’une guerre de terreur en Ituri, à Beni et à Butembo.
Voilà comment le régime du président Joseph Kabila prépare des guerres intercommunautaires et même civiles dans le grand Nord-Kivu et en Ituri.
Robinson KALEHIRE
Goma.
« On comprend ainsi le grave danger de toute rallonge au pouvoir de Joseph Kabila. Les congolais dignes de ce nom doivent refuser toute forme de transition. En effet, au vu de ce qui se passe au Kivu-Ituri, toute transition au-delà de décembre 2016, donnerait du temps et des moyens au gouvernement congolais qui est, de toute évidence, complice de l’occupation rwandaise du Kivu-Ituri en cours » (Père Vincent MACHOZI, le 19 mars 2016, parole qui a valu son assassinat le jour suivant).
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