





C’est une véritable leçon de Non-violence que les Yira (Nande) sont entrain de donner aux vagues des Hutu qui passent actuellement par Beni-Lubero pour l’ITURI où ils iraient chercher des champs pour l’agriculture et l’élevage.
Le 17 janvier 2016 : 22 Hutu en route pour la Province de l’Ituri sont interceptés par la population à Kanyabayonga, au Sud du Territoire de Lubero. Ces voyageurs Hutu sont aussitôt remis aux agents de sécurité de la place. Le lendemain, le Comité de Sécurité de Kanyabayonga annoncera sa décision de les renvoyer en territoire de Masisi qu’ils avaient cité comme lieu de leur provenance.
Le 20 janvier 2016 : La population de la cité de Lubero ainsi que la police interceptent un camion FUSO transportant 23 Hutu (six hommes, quatre femmes et treize enfants de cinq ans à neuf mois) et les remet à la Police. Ils détiennent tous des feuilles de route dûment signées par le secrétaire de la chefferie de Bwito, Territoire de Rutshuru. Selon la feuille de route, leur destination est CHABI, Territoire d’Irumu, Province de l’Ituri. Le lendemain, le Comité de Sécurité de Lubero déclarera à la radio que ces 23 Hutu allaient retourner au lieu de leur provenance, à savoir, le territoire de Rutshuru.
Le 22 janvier 2016 : 33 Hutu (en comptant les bébés) sont interceptés par la population en ville de Butembo avec bagages. Interrogés sur le motif de leur présence en ville de Butembo, ils ont répondu qu’ils étaient en route pour BOGA, Territoire d’Irumu, en Province Orientale. Eux aussi furent remis entre les mains des services de sécurité de la place. i
Pourquoi ces voyageurs Hutu choisissent-ils la période des massacres des Nande dans la région pour emprunter la route Goma-Bunia redoutée localement comme « Vusendo » c’est-à-dire lieu de la mort ou de glissade certaine vers la mort ? Pourquoi ces Hutu risquent-elles la vie de leurs enfants pour les engager sur cette route de la mort ? Sont-ils au courant de la situation du Kivu-Ituri pour émigrer en Ituri par Beni-Lubero en ce moment précis?
Heureusement pour eux, les Yira sont un peuple pacifique. En effet, pendant que les massacres des Yira par des génocidaires parlant Kinyarwanda endeuillent les deux territoires de Beni et de Lubero, et pendant que de Goma on apprend l’imminence d’un possible assaut final de la force d’occupation rwandaise du Kivu-Ituri, les esprits revanchards s’attendraient à ce que les Yira se vengent sur tout rwandais qu’ils rencontrent sur leur chemin. Certains usagers de facebook qui lisent les faits de non-violence du peuple Yira ne manquent pas ces derniers tempss de traiter les Yira de tous les noms : naïfs, peureux, faibles, etc.
Ceux qui connaissent les Yira, savent bien qu’ils ne versent pas inutilement le sang d’un autre humain et que l’usage des armes comme moyen de règlement de conflit n’est pas dans leur tradition. Chez les Yira, tout conflit est résolu par la palabre dans un Kyaghanda. Confiant en la sagesse et la coutume Yira, les Yira savent que certains conflits peuvent même être résolus à distance par un rituel coutumier, une parole du gardien de coutume, etc.
On se rappelle qu’au plus fort des massacres d’Octobre-Décembre 2014 en Territoire de Beni, les gardiens des coutumes Yira avaient recommandé comme moyens de protéger le Yiraland, l’observance d’une journée de deuil par semaine (Kyusi), le jeûne hebdomadaire, la conversion des cœurs, l’amour du prochain, la pratique du pardon mutuel, et la stricte observance du moratoire sur les conflits terriens et de tout recours à la violence. Les gardiens des coutumes rappelaient par là que seul un peuple réconcilié avec lui-même, uni, solidaire, et respectueux de sa tradition peut vaincre un ennemi du genre de celui qui s’annonçait au front de Beni.
En ce mois de janvier 2016 comme en Octobre-Décembre 2014 on voit que le peuple Yira se comporte de la même manière non-violente vis-à-vis de ceux qui sont apparentés à leurs bourreaux, en l’occurrence les Hutu.
Comment expliquer cette non-violence des Nande en ce temps de génocide?
Pour les Yira comme pour Gandhi, la non-violence est aussi une arme de guerre que seuls les grands esprits utilisent victorieusement. Connaissant la perfidie de l’ennemi des Yira, on peut dire sans peur de se tromper que les petites expéditions des Hutu qui passent actuellement par Beni-Lubero sont des pièges tendus aux Yira. L’ennemi étant un vrai monnayeur des conflits interethniques et du génocide, son objectif est sans nul doute d'embraser le Kivu-Ituri par un conflit Hutu-Yira. C’est ainsi qu’après avoir fait massacrer les Yira de Miriki par les Hutu, il a pensé tendre un piège aux Yira en larguant des petits groupes des Hutu vulnérables sur les routes du territoire de Lubero espérant que la colère des Yira se déchainerait sur eux et déclencherait ainsi un conflit interethnique Hutu-Yira. De sa cachette, il espérait attiser et amplifier ce conflit jusqu'à la destruction de la communauté Yira qui résiste à son plan hégémonique sur la région.
Selon certaines sources du Rwanda, vrai lieu de provenance des Hutu en partance pour l’Ituri, ces Hutu de passage à Beni-Lubero seraient aussi victimes d’une manipulation et d’un déplacement forcé vers la R.D.Congo. En les regardant, on peut constater que ces familles Hutu ne trouveraient pas les moyens de louer un FUSO sur un trajet aussi long que Rutshuru-BOGA. Leur déplacement est pris en charge par quelqu'un d'autre qui se cache mais qui est connu de tous. En territoire de Masisi où certains de ces Hutu étaient dans une espèce de camp de transit, on a appris il y a une semaine le démantèlement sans préavis de leur camp pour les forcer à aller à Lubero, Beni, Ituri, etc. Ils n'ont donc pas la liberté de s'installer dans un endroit de leur choix.
La leçon de Non-Violence que les Yira donnent aux Hutu en partance pour l’Ituri devrait interpeller tous les va-t-en-guerre et tous ceux qui sont engagés dans business de la violence. Le message des Yira est qu’il y a moyen de résoudre autrement le conflit imposé de l’extérieur à l’Est de la R.D.Congo. Il n’y a pas de conflit ethnique à l’Est de la R.D.Congo mais une guerre d’occupation territoriale. Il n’y a pas non plus de conflit entre les Yira et les Hutu, les Yira et les Tutsi, les Hunde et les Yira, Nyanga, Bambute, les Bashi, Barega, Babembe, Bahema, Balendu, Bagegere, Bangiti, Babudu, Azande, Balese, Babeberu, Bandaka, Bakumbule, Bakumu, etc. Que les membres de toutes les communautés de l’Est de la R.D.Congo résistent donc à toute manipulation les incitants à la haine ethnique. La communauté Yira a, quant à elle, par la voie de son association culturelle KYAGHANDA YIRA, asbl, déjà appelé ses membres à s’approprier la conclusion de la grande conférence de Beni 2015 selon laquelle il n’y a pas d’ethnie génocidaire en R.D.Congo et que pour vivre ensemble dans la paix et la solidarité, chaque communauté devrait impérativement isoler ses va-t-en-guerre et ses membres génocidaires, les dénoncer à la justice, pour que les hommes et les femmes épris de paix de chaque communauté tissent des relations solides de paix pour le développement intégral de tous.
Que la communauté internationale et tous les pays qui se disent champions de la liberté et des droits humains investissent sans tarder dans le rapprochement des communautés du Kivu-Ituri avant qu'il ne soit tard. L’attitude non-violente de la communauté Yira démontre qu’il y a encore moyen de prévenir un conflit interethnique au Kivu-Ituri en faisant intervenir les hommes et les femmes épris de paix de chaque communauté.
Les Yira prennent ainsi l’opinion nationale et internationale en témoin pour ceux qui l’accuseraient de tribalistes et des belliqueux. Le peuple Yira est pacifique, travailleur, craignant-Dieu. Que ceux qui voudraient créer des milices de la mort à son nom se ressaisissent. Il n’est plus un secret pour personne que l’ennemi voudrait faire porter le génocide des Yira aux Yira eux-mêmes par une milice portant son nom. Ce n’est pas pour rien que l’ennemi cherche par tous les moyens à qualifier et à faire qualifier les massacres des Yira d’auto-génocide. Dans cette tentative de diversion, l’ennemi s’achète des medias menteurs ainsi que des collabos qui sont à pied d’œuvre pour vendre un mensonge cousu du fil blanc selon lequel les Yira se tueraient eux-mêmes. Même si on acceptait que dans toute guerre d’occupation il y a toujours des collabos, les medias menteurs et avocats de l’auto-génocide des Yira se trompent en voulant mettre sur le même pied d’égalité les commanditaires, les financiers, les exécutants, et les collabos pisteurs. Que tous sachent qu’il sera difficile voire impossible de trouver une marionnette qui reussita à faire porter le chapeau de génocidaire à toute la communauté Yira à cause de sa non-violence connue de tous !
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