





Les pygmées de Visiki connus comme premiers citoyens de la région « aveyivwaho » comme on dit en Kinande, donnent un bel exemple de patriotisme en s’enrôlent massivement et en groupe, avec le chef de village à tête. Surpris par ce patriotisme de premiers citoyens, le Président du Centre d’enrôlement affirme leur avoir accordé un petit privilège, notamment une préséance dans l’enrôlement en décrétant l’opération « Les Pygmées d’abord ! »
Les Pygmees du village de Masangi I exhibent leurs cartes d’électeurs à l’envoyé spécial de BLO
Quand un groupe des Pygmées se présente, les agents de la CENI les enrôlent d’abord avant de continuer avec les autres électeurs. Cette operation « Les pygmées d’abord » est acceptée par les autres candidats à l’enrôlement qui se réjouissent tous de ce bel exemple et surtout de cet apport des pygmées au combat démocratique par lequel tous espèrent mettre fin à l’anarchie et à l’autoritarisme des imposteurs.
Ce bel exemple des pygmées est à la une dans la contrée de Visiki et surtout au village de Masangi I, situé à plus de 80 km au nord ouest de la Ville de Butembo. Le village de Masangi I abrite une communauté des pygmées de près de 50 majeurs en âge de voter. Près de 2 mois après le lancement des opérations de révision du fichier électoral dans le centre d’inscription de Visiki en Territoire de Beni, ce dimanche 29 mai 2011, presque tous viennent d’obtenir leurs cartes d’électeurs. A Kitambi, plus au sud de là, 11 majeurs de la petite communauté du village ont déjà obtenu leurs cartes aussi.
Selon Masolobo Singa Musavuli, chef du village, ils avaient entendu un message de sensibilisation de la Radio Graben Fm émettant de la Ville de Beni, à plus de 100 km à l’est de là. Le message, dit-il, appelait tous les citoyens à aller s’enrôler massivement. « Comme on dit que nous sommes les premiers occupants et premiers citoyens du pays, j’ai dit à mes sujets de faire tout pour que nous soyons les premiers aussi à obtenir nos cartes », indique-t-il arborant un sourire. Un bon matin, il a réveillé tous les habitants du village pour accompagner les majeurs au Centre d’Inscription de Visiki, à 2 km du village. « C’était une surprise de voir toute une foule de pygmées devant notre centre. J’ai alors ordonné qu’ils soient tous inscrits au même moment», témoigne Richard Mbusa MBARAGHA, président du Centre de Visiki. « Cela nous a tellement surpris que nous n’avons plus posé de conditions. Ils auraient dû, comme tout le monde, remettre leurs anciennes cartes du moins pour ceux qui en avaient eu à 2006. Dans le cas contraire, ils nous montreraient une autre pièce d’identité ou chercher des témoins, explique-t-il. « Nous nous sommes passés de toutes ces conditions pour les encourager à influencer les autres à venir», renchérit-il. « Pendant que d’autres se disaient qu’ils viendront vers les derniers jours pour le fait que les opérations dureront trois mois, c’est encourageant que nos compatriotes pygmées réfléchissent autrement », se félicite le président du Centre d’Inscritpion de Visiki en Territoire de Beni.
La communauté pygmée de Masangi I, 30 km, à l’ouest de là, a du coup reçu le témoignage. Les concitoyens ont consacré toute une journée pour l’opération. Mme Kisuku Mwamini se souvient : « Nous nous sommes réveillés tôt le matin », se rappelle-t-elle. « Le premier jour se sont les femmes qui sont partis. Les hommes ont suivi après », conclu-t-elle. « Maintenant il ne reste que deux personnes, des vieilles qui ne savent pas parcourir ce tronçon », ajoute Paluku Mwero, chef de village.
S’inscrire en vue de voter pour le changement
Dans le village de Kitambi, moins d’une dizaine de huttes coincées sur le coté droit de la route Kantine-Butembo à l’entrée du village de Visiki, un hangar à ciel ouvert se dresse à l’entrée du village de 40 personnes environs. Seuls trois garçons ont été à l’école. Le plus instruit a un certificat de fin d’études primaires. A Masangi I, la communauté avoisine la centaine. Là aussi, personne n’est allé au delà du simple certificat de fin d’études primaires. Mundayi Ngubenga Machozi a tenté d’allé jusqu’à l’école secondaire mais sans s’en sortir. Il pense que la solution est de construire des écoles dans le camp car, dit-il, ailleurs, il y a des problèmes d’intégration. Pour Me Makunku, il n’y a que les élections qui vont permettre de changer les choses. Ecole et dispensaire sont les besoins primordiaux. En fait, un vieux dispensaire anciennement subventionné par la communauté adventiste est abandonné à son triste sort, juste à l’entrée du village. Alors que la communauté pygmée de ce village y recevait des soins gratuits, plus proches, aujourd’hui elle doit se déplacer à Masangi II, à 20 km de là pour avoir les soins, en plus contre des frais. « Nous allons élire ceux qui viendront répondre à nos besoins vitaux. C’est pour cela que nous sommes allés nous faire inscrire », insiste-t-elle. Et pourquoi ne pas nous construire des maisons en tôles ? Lance-t-elle, faisant un coup d’œil vers sa case.
Dans cette partie de la République Démocratique du Congo, bien que les communautés pygmées, installées de façon disparate dans les forêts, commencent peu à peu à s’intégrer, elles sont encore confrontées à des sérieuses difficultés d’infrastructures sanitaires, scolaires, routières etc. Comme tous les autres congolais, elles pensent que les élections conduiront au changement.
Deogratias SIKU
Butembo
©Beni-Lubero Online





