





Comme annoncé pendant la manifestation de Vendredi 2 Novembre 2007, et comme il n’y a pas eu de réponse de la part des autorités compétentes en deans de 48 heures qui leur étaient imparties, la grève du personnel soignant de Beni-Lubero est devenue effective depuis hier dimanche 4 novembre 2007. Ses effets dévastateurs ne se sont faits sentir qu’à partir de ce lundi 5 novembre 2007 !

Ce Lundi 5 novembre, tous les Centres de Santé, Hôpitaux, les Centres Hospitaliers Etatiques ou Intégrés, ont été abandonnés aux seuls médecins par tous les professionnels de Santé y compris les agents administratifs, les ouvriers et filles de salles, etc. Les grévistes ont tenu parole et campent à leur position jusqu’à ce que justice leur soit rendue.
Le Bureau Central de la Zone de Santé de Butembo est resté fermé parce que le Médecin Chef de Zone ne pouvait pas travailler seul sans ses 18 agents tous en grève. Les Etudiants en Médecine qui font leurs recherches au Bureau Central de la Zone de Santé ont, par ricochet, été frappés par la grève. Personne n’était au rendez-vous pour servir les chercheurs.
Dans les hôpitaux et autres structures sanitaires de la place, on a vu des médecins dans leur blouse blanche, esseulés, tournant en rond, ne sachant pas par où commencer.
Dans certains centres de santé, les médecins auraient négocié avec les gardes-malades pour diriger les accouchements, nettoyer les salles d’accouchement, vider les poubelles après l’accouchement, etc.
Ce que les médecins bénéficiaires de la prime de risque ne pouvaient pas faire ce sont les séances de vaccination prévues pour ce lundi 5 novembre 2007 au bénéfice des enfants de moins d’une année d’âge. Ces enfants innocents n’ont pas eu le vaccin qu’ils méritent avec toutes les conséquences fâcheuses que cela comporte.
Au CSR Makasi/Butembo, ne sachant pas quand la grève prendre fin, nous avons vu les médecins renvoyer sine die les mères avec leurs enfants !
A l’Hôpital de Matanda où la tension était vive ce lundi, les infirmiers laïcs ont abandonné tout le travail aux Sœurs Religieuses de la Congrégation Diocésaine des Petites Sœurs de la Présentation (PSP en sigle). Ces religieuses tenues à obéir leurs supérieures n’ont pas voulu rejoindre les grévistes en laissant derrière elles des malades, certains dans un état grave. Un sérieux cas de conscience se pose pour ces consacrées qui sont mises devant un choix entre les soins aux malades et le soutien aux grévistes. Bien que ces sœurs qui sont pour la plupart infirmières soient aussi frappées par l’injustice de la prime de risque, elles ont choisi de soigner les malades. C’est ainsi qu’elles ont utilisé les élèves, apprentis-sorciers de l’ITM Matanda pour renforcer leurs équipes de travail.
Ce matin, elles avaient mobilisé 60 élèves qu’elles ont dispatché dans différents services de l’Hôpital. La nouvelle de cet arrangement n’a pas tardé à tomber dans les oreilles des grévistes qui sont descendus sur le lieu pour menacer et les apprentis-sorciers de l’ITM et les bonnes sœurs PSP. Craignant pour leur propre securité, les élèves de l’ITM ont disparu un à un, abandonnant les malades aux Sœurs PSP. Les grévistes descendus sur le lieu n’ont pas du tout été tendres à l’égard des sœurs, surtout à l’endroit de la Sœur Responsable de l’Hôpital qu’ils ont vilipendé par une diarrhée verbale et qualifié de tous les noms que nous taisons ici. La menace des grévistes a crée une véritable panique à l’Hôpital Matanda.
Le secteur de l’Hôpital de Matanda le plus touché par le premier jour de la grève généralisée est celui des malades tuberculeux et ceux infectés du VIH et du Tuberculose, des malades qui sont soumis à un DOTS (= Stratégie de Traitement Directement Observé) et qui doivent prendre leurs médicaments chaque jour sans aucune interruption au risque de précipiter leur état général vers un effondrement brutal et par conséquent vers une mort subite… La colère des membres de famille de ces malades en danger de mort était très visible… Ne sachant pas qui haïr entre les médecins et les infirmiers grévistes, ces membres de famille des malades ont tourné leur colère vers le gouvernement congolais qu’il somme de prendre ses responsabilités.
A la fin du premier jour de la grève des professionnels de santé de Beni-Lubero, une grève qui s’annonce dévastatrice et qui par ce fait peut faire autant de victimes que la guerre de Nkunda, les beniluberois demandent aux autorités politiques et administratives de Beni-Lubero, du Nord-Kivu et de Kinshasa, de trouver un compromis avec les grévistes avant que le pire n’arrive. Il vaut mieux prévenir que guérir disent les médecins!
Juvénal Paluku
Butembo
Beni-Lubero Online





