





L’arme du crime
La maman congolaise suspecte
L’homme d’affaires et opérateur économique Kambale Kisonia alias Kidubai assassiné à Butembo le Jeudi 5 juillet 2007 par des terroristes ougandais et kenyans, a été inhumé dans sa ferme de Musienene le 6 juillet 2007 afin d’après-midi.
Dr Kambale Kisonia gisant dans son sang sous la table de son bureau
Bureau du Dr Kambale Kisonia, avec la chemise qu’il portait sur la table
Un cortège long de plusieurs kilomètres l’avait accompagné à sa dernière demeure. Depuis lors, la population décrypte l’énigme de l’assassinat de ce bubolais pacifique et exemple d’un bon patron si l’on en croit les relations amicales qui existaient entre lui, ses collaborateurs, et les travailleurs.
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Pendant la préparation des funérailles, le corps de l’illustre disparu reposait à la Paroisse Protestante Francophone de Butembo où tout Butembo s’était donné rendez-vous pour prier et rendre hommage à l’illustre disparu.
Dans la ville, le climat reste toujours très tendu. La population réfléchit sur quelle suite donner à ce qu’elle appelle une provocation du Munande par des ennemis. Pour éviter que cette population ne se déchaine après l’enterrement sur l’ennemi de son imagination qui n’est rien d’autre que les forces d’occupation de la région, le Maire de la Ville, l’Honorable Wabunga Singa avait lancé un message sur toutes les radios de la place, promettant que le procès des assassins aura lieu à Butembo et en public, et que la population devait être patiente. Pour couper court aux rumeurs selon lesquelles les forces de l’ordre avaient déjà fait fuir les assassins, les responsables de la Prison de Kakwangura avaient aussi accepté que les ONG des Droits Humains, l’association des Avocats, les membres de la Société Civile, les Groupes de Presse, et d’autres personnalités de la Place puissent entrer dans la prison pour confirmer la mise au gnouf des malfrats arrêtés la veille.
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Si le message du Maire de la ville ainsi que la visite de la prison avaient tant soit peu calmé les esprits qui menacaient d’extraire de force les présumés assassins de la prison pour les faire subir le supplice du collier, plus les jours passent plus le doute commence à revenir. Les bubolais voudraient s’assurer que les présumés assassins sont toujours à Kakwangura. Le mutisme des autorités politiques et Judiciaires contribue beaucoup à cette flambée de la rumeur qui dénote en fait l’impatience d’une population toujours trahie par ses leaders politiques. Les bubolais voudraient avoir un briefing quotidien sur l’évolution des enquêtes relatives à l’assassinat de leur frère et ami Kidubai. Mais vu que les malfrats sont des étrangers, l’enquête comme le procès peuvent prendre du temps. Y-a-t-il un accord bilateral d’extradition entre la R.D. Congo, l’Ouganda et le Kenya ? Autant de questions que la justice congolaise doit élucider.
Pendant que la justice continue à faire son travail en huis clos, la rue poursuit aussi son travail d’enquête. Comme elle n’a pas eu l’occasion d’interroger les présumés assassins, elle se contente de s’interroger sur les circonstances de l’assassinat.
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D’après les membres des délégations qui ont rendu visite aux assassins dans la prison de Kakwangura, les assassins avaient leurs titres de voyage en ordre, avec des visas de séjour en cours de validité. Ils seraient arrivés à Butembo le lundi 2 juillet en Provenance de Kampala, par le poste frontalier de Kasindi. La question que l’on se pose à ce niveau est celle de savoir si les assassins étaient entrés au Congo avec leurs armes et minutions ? La police de la frontière avait-elle fouillé leurs bagages ? Et si les assassins n’avaient pas d’armes et des minutions au moment de leur entrée au Congo, où avaient-ils trouvé les armes et les minutions qu’ils ont utilisé dans leur forfait ?
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Comment le commando des assassins a –t-il été arrêté ?
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C’est incroyable mais vrai… Comme dit Jean- Jacques Rousseau, « un homme fort ne peut pas se prévaloir d’être toujours le plus fort ». Un commando qui venait d’assener un coup fatal à un paisible congolais, et qui avait pris des photos de toute la scène macabre à la manière d’une descente de flics dans un quartier chaud de Miami, n’ont pas réussi à s’échapper. Les enfants de 8 à 12 ans qui jouaient pieds nus au foot dans ce bas quartier de Kyavuyiri (Mutiri), dans la Commune de Bulengera, avaient vu les malfrats abandonner dans la précipitation leur voiture, et courir comme des fous dans une parcelle du quartier. Leur force était finie. Ils ont fauché une vie d’un homme fort et se sont fait attraper par des enfants. Un homme fort ne peut pas se prévaloir d’être toujours le plus fort, surtout comme ajoute Rousseau, s’il ne transforme pas sa force en droit et l’obéissance en devoir. A l’arrivée de la police qui n’avait pas tardé, les enfants ont rempli parfaitement la mission de détecteurs des criminels… Des hommes inconnus au quartier, courant à toute allure, et se faufilant dans une parcelle étaient suspects selon les enfants. Dans une ville où depuis quelques mois la criminalité fait parler d’elle, même les enfants détectent les criminels… Ce qui manque toujours, c’est un Etat de droit pour mettre les criminels hors d’état de nuire. En matière de securité, le peuple s’est toujours bien acquitté de sa part de contrat. Malheureusement le peuple est toujours déçu par son partenaire qu’est l’Etat qui souvent prend parti pour le malfaiteur. Mais dans le cas de l’assassinat de Kidubai, la population de Butembo qui a salué la rapidité avec laquelle la Police a agit pour arrêter les malfrats, s’entend à un denouement heureux dans lequel l’Etat congolais suivra la voie de la justice.
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Pourquoi les présumés assassins avaient-ils choisi de se réfugier dans cette maison du quartier Kyavuyiri et pas ailleurs? Connaissaient-ils la maman propriétaire de la parcelle ? La justice devra répondre à cette question. La maman aurait dit qu’elle ne connaissait pas les intrus qui ont cherché refuge chez elle… Quand la police est arrivée sur le lieu, elle a tout simplement embarqué et les cinq bandits et la maman propriétaire de la maison. Ceux qui voudraient que la justice s’intéresse de près à cette maman cherchent à savoir si les bandits ont joui d’une complicité locale ou si l’assassinat était commandité seulement de l’étranger.
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Parlant d’une main invisible étrangère dans l’assassinat de Kidubai, la population s’interroge sur la nationalité des tueurs qui sont Ougandais (3) et Kenyans (2) si l’on en croit les titres de voyage qu’ils ont produit. Le fait d’être de deux pays différents peut vouloir dire que les bandits font partie d’un groupe terroriste international. Mais pourquoi ce groupe terroriste en voudrait-il à Kidubai ?
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D’après des sources proches de la famille, l’illustre disparu aurait été convoqué à Kinshasa au mois de mai dernier par le pouvoir actuel pour s’expliquer sur son commerce d’or qui n’était pas encore répertorié dans le registre commercial du Congo. Il lui aurait été demandé de régulariser sa situation avec la Banque du Congo et les organes de l’Etat chargés du commerce. Personne ne sait encore qu’elle avait été la réaction de Kidubai à cette convocation dans la capitale de la prédation des richesses naturelles du Congo. .
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Par ailleurs, la radio Okapi a été la première à révélé que l’illustre disparu était cité dans le rapport de l’ONU sur le trafic d’armes avec les rebelles qui sèment l’insécurité à l’Est du pays. D’où la question de savoir si le rapprochement de Kidubai avec Kinshasa peut lui avoir valu une condamnation à mort par ses anciens partenaires rebelles qui de fait contrôlent l’Est aujourd’hui ? Mais pourquoi ces derniers utiliseraient-ils des Kenyans et des Ougandais dans leur sale besogne ? D’autre cette hypothèse bien que soulevée par plusieurs n’est pas convaincante dans la mesure où la collaboration entre les autorités de Kinshasa et les rebelles qui sèment l’insécurité à l’Est est déjà prouvée et n’a jamais été démentie par aucune de deux parties. Selon une autre hypothèse, le crime serait commandité par tous ces circuits maffieux de la région des Grands Lacs Africains qui connaissaient l’état des lieux de la richesse de Kidubai et qui ont choisi de s’en accaparer dans leur effort d’obtenir le monopole économique à l’Est du Congo.
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Pourquoi le meurtre au bureau et pas au domicile de Kidubai?
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La population pense que les assassins avaient besoin de quelque chose, un document, un lingot d’or, une somme d’argent que Kidubai garderait dans son bureau et qui intéresserait les commanditaires. L’arrestation immédiate des assassins serait ainsi selon certains observateurs un signe que les commanditaires en lien avec les services de securité de Butembo ne voulaient pas que la perle passe à d’autres mains que les leurs. Pour couper court à cette hypothèse, la population voudrait que le jour du procès public, le juge puisse montrer à l’intention du public tous les colis et documents que les assassins avaient emportés dans leur fuite et qui sont connus des collaborateurs de l’illustre disparu.
Notre but de publier ces diverses interrogations et suppositions est de montrer à l’organe judiciaire combien la population de Butembo veut savoir ce qui s’est passé au juste. Pour couper court à toutes ces élucubrations qui vont bon train dans la mégapole de Butembo, il faut un procès juste, équitable, public et sans complaisance.
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Kakule Mathe
Butembo
Beni-Lubero Online





