





A mesure que l’on approche la date butoir de la passation illusoire du pouvoir au sommet de l’Etat congolais (RDC), fort est le constat de voir combien les attentions se concentrent de plus en plus sur la personnalité de Joseph Kabila. On croirait, à tort ou à raison, qu’il s’agit là d’un signe non trompeur de célébrité.
Eh bien, peu importe! Sauf qu’il est évident que l’homme ne peut se rendre célèbre que dans deux sens: soit qu’il sera héroïquement célèbre, hissé par les opinions au sommet d’une échelle laudative, soit qu’il se retrouvera tristement célèbre, rabaissé au pied, voire en-dessous, d’une échelle s’enfonçant dans la péjoration.
A s’en tenir au cas précis du président congolais, Joseph Kabila, le ton moralisateur des multitudes de correspondances ouvertes ou privées qui affluent à son intention suffit pour comprendre dans quel camp le classer.
D’emblée, il y aurait lieu de remarquer que toutes ces correspondances apparaissent comme autant d’opportunité pouvant aider le président congolais à retrouver le bon chemin, en dépit du degré de péril dans lequel il a délibérément enfoncé sa carrière, et de fait, tout l’Etat dont il tient la direction.
Eu égard à toutes ces occasions d’avertissement que la providence ne cesse d’étendre devant lui, il est évident qu’il n’aura pas plus tard, ou peut-être bientôt, aucun droit aux excuses quand le peuple congolais l’invitera à assumer la responsabilité des dégâts que son obstination aura posés.
En effet, après les interpellations du prêtre Assomptionniste, de la Société civile de Beni-Lubero, des Paysans victimes de massacres de Beni et de tant d’autres personnes aussi bien de l’intérieur que de l’extérieur du pays, aujourd’hui c’est l’ex-Sous Secrétaire d’Etat Américain aux Affaires Africaine, Monsieur Herman Cohen, qui fait couler l’encre de son stylo en couchant les lignes suivantes (telles qu’elles ont été publiées par Congovox.com):
S.E., Joseph Kabila
Président
République Démocratique du Congo
Kinshasa
Excellence,
Tout d’abord, je tiens à exprimer mes condoléances les plus attristées, à travers vous, aux familles des citoyens de la RDC qui ont péri dans la violence politique récente à Kinshasa, Kananga et d’autres villes.
Comme vous le savez, moi et d’autres Américains, amis de la RDC, avions suivi les événements politiques dans votre pays avec beaucoup d’intérêt et de contrariété pendant les deux dernières années. Nous craignons que votre pays ne puisse descendre dans la polarisation politique dangereuse.
La question de constitutionnalité est d’une grande importance en ce qui concerne la confiance du peuple dans votre gouvernement qui semble avoir considérablement érodé depuis le début de 2015. La majorité du peuple congolais semble être déçu par la gouvernance au cours de votre deuxième mandat. Les revenus, au-dessus de la moyenne, provenant des exportations de produits de base entre 2007 et 2014, ne semblent pas avoir généré des bénéfices notables pour la population en générale. Les taux de pauvreté n’ont pas diminué en rapport avec la croissance du produit national brut. Le peuple congolais est clairement à la recherche d’un changement politique.
Les blocages bureaucratiques et financiers ont rendu impossible la tenue de la prochaine élection présidentielle au 16 novembre 2016, date requise par la Constitution de la RDC. Lorsque votre second mandat en tant que Président se termine le 20 décembre 2016, vous allez rester au pouvoir, conformément à une décision rendue par la Cour constitutionnelle en vertu de l’article 70 de la Constitution. Cet article stipule que le président sortant demeure en fonction jusqu’à ce que son successeur élu soit assermenté. Comme vous pouvez bien le comprendre, les citoyens sceptiques disent que la décision du tribunal vous fournit une forte incitation pour retarder l’élection aussi longtemps que possible, vous facilitant de ce fait de rester au pouvoir indéfiniment.
Monsieur le Président, votre temps au pouvoir depuis l’an 2001, quand votre père avait été tragiquement assassiné, a démontré un certain nombre d’aspects positifs. Il y a eu de nouveaux investissements dans le secteur privé, notamment dans les réserves de cuivre et du cobalt de Tenke [Fungurume] au Katanga. Outre l’instabilité provenant de l’étranger dans le nord-est du Congo, vos deux termes ont vu la stabilité assurée pour la grande majorité de la population. Il me semble que le décor a été fixé pour votre départ de la présidence à la fin de vos deux mandats constitutionnels avec gratitude et le respect du peuple congolais.
Je voudrais donc, humblement proposer, que vous considériez annoncer votre retraite, effectif le 20 décembre 2016, transférant ainsi le pouvoir au président du Sénat conformément à l’article 75 de la Constitution. Si vous décidiez de prendre cette décision, vous aurez à quitter le pouvoir avec une grande popularité pour avoir fait montre du courage d’un homme d’Etat, et vous serez en mesure de rester au Congo comme un grand homme d’État estimé. Cela permettra également d’assurer favorablement, votre réputation dans l’ensemble de la communauté internationale.
Veuillez agréer, Excellence, l’expression de ma très haute considération.
Cordialement,
Herman J. Cohen
« On comprend ainsi le grave danger de toute rallonge au pouvoir de Joseph Kabila. Les congolais dignes de ce nom doivent refuser toute forme de transition. En effet, au vu de ce qui se passe au Kivu-Ituri, toute transition au-delà de décembre 2016, donnerait du temps et des moyens au gouvernement congolais qui est, de toute évidence, complice de l’occupation rwandaise du Kivu-Ituri en cours » (Père Vincent MACHOZI, le 19 mars 2016, parole qui a valu son assassinat le jour suivant).
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