





L’initiative « 1 congolais, 1 tôle » de S.E. Mgr Paluku SIKULI, évêque de Butembo-Beni en faveur des victimes des incendies des maisons en Territoire de Lubero est entrain de redonner espoir là où les organismes de l’ONU trébuchent depuis le début de la catastrophe humanitaire dans ce coin de la république. L’approche de Mgr SIKULI est diamétralement opposée à celle des organismes de l’ONU, tel l’OCHA. Là où l’OCHA propose l’érection des camps des déplacés avec des maisons en bâches, Mgr SIKULI propose la reconstruction en tôles de toutes les maisons incendiées, y compris celles qui étaient en paille. Entre ces deux modèles de reconstruction, le choix des victimes est clair : Toutes refusent les camps des déplacés et optent pour les maisons en tôles de l’initiative Mgr SIKULI. Pour faire bon usage des bâches de l’OCHA, les victimes ont choisi de les utiliser pour construire les latrines de leurs villages.
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Maintenant qu’il y a un modèle de reconstruction qui rejoint les attentes des victimes, tous les observateurs attendent de voir si les organismes de l’ONU et autres ONG internationales mettrons leurs gros moyens au service du modèle qui réussit. Il en est de même des propagandistes des 5 chantiers de développement de Joseph Kabila qui organisent des foires en ville de Goma, tracent des autoroutes vers les mines d’or et de coltan, pendant que les congolais croupissent sans securité et sans nourriture dans les brousses du Nord-Kivu ! Tout va donc se savoir, selon que l’on soutient ou pas le modèle de reconstruction qui marche et qui fait de la securité et du retour des déplacés dans leurs villages, la priorité des priorités du développement au Nord-Kivu.
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Pour rappel, le nombre de maisons incendiées par les rwandais en Territoire de Lubero s’élève à plus de 3000, sachant que les membres de la Société Civile de Lubero qui suivent de près cette tragédie n’ont pas accès à tous les villages sinistrés pour avancer un chiffre proche de la réalité.
Dans les grandes agglomérations comme Luofu, Kasiki, Miriki, Kanyabayonga, Bulotwa, Butalonga, Kirumba, la société civile a compté plus de 2000 maisons réduites en cendres.
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En même temps, la nouvelle du plan d’occupation de la Province du Nord-Kivu par des rwandais se répand comme une trainée de poudre et provoque la colère des victimes des incendies qui se sentent abandonnées par l’Etat congolais. Entre 100 000 et 500 000 rwandais se prépareraient à forcer leur entrée au Nord-Kivu avec l’aide de l’UNHCR. Sans surprise dans le pays de Joseph K. Kabange, il n’y a aucun débat sur cette question brûlante ni au parlement national ni dans les assemblées provinciales des provinces de l’Est du pays. Seules les armes parlent sur ce terrain convoité et détermineront qui est le plus fort. Ce langage des armes est le seul que parlent les ennemis de la R.D. Congo depuis le depuis de la crise congolaise en 1996. Pour preuve, on peut citer l’échec du dialogue intercongolais, l’échec de tous les accords de paix de 1999 jusqu’à nos jours, le dernier en date étant le programme Amani. Là où les congolais se sacrifient pour la paix, les ennemis soutiennent des groupes armés contre les congolais.
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Il y a ainsi une différence d’approche de la crise congolaise. L’initiative de Mgr SIKULI vient de le prouver une fois de plus. Là où l’ONU offre des bâches, les congolais offrent des tôles pour des habitations durables. Ceci n’est pas une surprise pour les victimes ainsi que pour les observateurs du comportement des organismes onusiens à l’Est de la R.D. Congo. Il suffit de voir le modus operandi du déguerpissement forcé des congolais de leurs villages pour se rendre compte qu’il y a anguille sous roche et que l’ONU ne joue pas un franc jeu en R.D.Congo.
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Voici les grandes lignes des opérations des incendies des maisons qui provoquent la dispersion des victimes obligées d’abandonner leurs villages :
1. Deux Jours avant l’incendie d’une localité , des membres des organismes onusiens arrivent dans une localité (cas de Kamandi) et disent détenir des informations sur une attaque imminente par les FDLR. Pour sauver les vies humaines, ces émissaires onusiens qui veulent être pris comme des bons samaritains, demandent aux habitants de la localité de rejoindre un camp des déplacés où leur securité alimentaire et physique serait assurée.
2. Les habitants de la localité refusent l’offre des bons samaritains et choisissent de rester dans leurs maisons.
3. Au jour prévu, la localité est attaquée, pendant la nuit ou la journée, les maisons sont incendiées avec pertes des vies humaines et des biens matériels.
4. Les rescapés de l’attaque campent aux abords des ruines de leur village pendant que les activistes des droits humains ou les chefs coutumiers font appel aux autorités locales ou à la Monuc. Sans tarder la Monuc arrive pour faire ce qu’elle sait bien faire, à savoir, le constat de la catastrophe qu’elle attribue toujours sans aucune nuance aux FDLR. La radio onusienne Okapi relaye le constat de la Monuc sur son site ou ses ondes.
5. Deux ou trois jours après, l’OCHA arrive dans le village sinistré et propose aux victimes qui dorment à la belle étoile de rejoindre le camp pour déplacés car au moins là ils auront des maisons en bâches, des biscuits vitaminés, du riz, etc. En même temps, l’OCHA tire de ses 4×4 des couvertures, des pacotilles divers pour déplacés, etc.
6. Les congolais sinistrés prennent les pacotilles de l’OCHA mais refusent de rejoindre les camps des déplacés où des maisons en bâches leur sont promises. Ils se rappellent des camps des refugiés Hutu rwandais de Goma, Kibumba, de TingiTingi, où le choléra avait fait des millions des morts…
7. Après le passage de l’OCHA, les assaillants reviennent souvent sur le lieu du crime pour attaquer les sinistrés, ravir les quelques biens reçus de l’OCHA, violer les femmes, etc. Mais les sinistrés qui survivent à ces attaques résistent, reviennent le lendemain dans leurs villages et disent à qui veut les entendre que jamais leurs villages où sont enterrés leurs ancêtres ne seront confiés aux rwandais. Leur suspicion des organismes onusiens (tel la MONUC) s’accroit quand les victimes constatent que les organismes onusiens qui souvent les préviennent des attaques imminentes ne font rien pour déployer leurs chars de combat autour du village en signe dissuasif des assaillants.
8. Ce scenario se répète de village à village sans qu’une nouvelle stratégie de protection civile ne se mette en place. Toutes les propositions des élus locaux (cas du Député National Bonane Lusenge et de ses collègues) ne sont prises en considération nulle part. Comme conséquence, le nombre des villages incendiés s’accroît avec son lot de souffrance.
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Devant cette catastrophe humanitaire qui se passe loin des caméras de Kinshasa et du monde, l’Evêque de Beni-Lubero, Son Excellence Monseigneur Paluku Sikuli Melchisédech a fait un appel de solidarité à tous les originaires de son diocèse et à tous les hommes et femmes de bonne volonté de par le monde, pour aider les victimes des incendies des maisons de reconstruire leurs villages. L’opération « une tôle par congolais » pour reconstruire les villages réduits en cendres continue et continuera jusqu’ à ce que tous les sinistrés soient relogés dans des maisons en tôlés ondulées. Chaque bienfaiteur est appelé à contribuer une tôle ondulée dont le prix varie entre 10 et 13 US$ !
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Voici quelques chiffres indicatifs du résultat de l’opération « 1 congolais, 1 tôle » :
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Ville de Butembo : 1600 Tôles
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Ville de Goma : 450 Tôles
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Le sénateur congolais et président du groupe parlementaire du Nord-Kivu : 200 Tôles
Chaque jour, le bureau du diocèse chargé de l’opération qu’on peut déjà appelée une réussite enregistre des nouvelles contributions en attendant de lancer dans les jours qui viennent la reconstruction des villages sinistrés.
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Les premiers succès de l’opération « 1 congolais, 1 tôle » est un rappel que les congolais sont capables des merveilles quand ils unissent leurs efforts et mettent de côté leurs ambitions égoïstes pour défendre l’intérêt commun des congolais qui en ces jours se traduit par la paix.
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Les sinistrés qui ont besoin de tôles pour reconstruire leurs maisons dépassent malheureusement les limites du Diocèse de Butembo-Beni, car on le trouve aussi dans les Diocèses de Goma, Bukavu, Uvira, Kasongo, Bunia, Wamba, etc. C’est ainsi que plusieurs voix s’élèvent pour que les évêques de l’Est du Congo se mettent ensemble pour utiliser le réseau catholique mondial pour porter la souffrance atroce de leurs ouailles à l’attention du monde.
Cette initiative porterait beaucoup plus de fruit, si les églises protestantes, anglicanes, Kimbanguistes, les musulmans, etc. formaient un front commun avec les catholiques. La voix des congolais aujourd’hui étouffée par les impérialistes et des groupes économico-maffieux retentirait encore plus fort sur les grandes places du monde de la même manière que celle des victimes du Darfour, celle des déplacés pakistanais, etc.
Le front commun des confessions religieuses est tellement une urgence en R.D.Congo car les hommes au pouvoir sont entrain de profiter du silence des églises pour faire célébrer des messes noires sans prêtres et organiser des prières de délivrance du pays dans leurs laboratoires politiques pour détourner l’attention des congolais des vraies causes de la guerre. Les holocaustes d’animaux que les chefs coutumiers se prépareraient à offrir sur demande du régime de Joseph Kabila est une superstition pure et simple qui voudrait contourner la formation d’une armée forte, le paiement des soldes des militaires et des fonctionnaires de l’Etat, la mise en pratique de la constitution du pays, etc.
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L’histoire du Congo nous apprend que la contribution des églises, notamment les églises protestantes en mission au Kasaï, avaient beaucoup contribué à mettre à nu le mensonge de la triple mission ( civilisation, christianisme, commerce) de Léopold II, Roi des Belges. Les missionnaires catholiques belges avaient aidé à couvrir ce mensonge pendant un temps, mettant en pratique un concordat signé entre le vatican et les missionnaires catholiques belges au Congo. Cette omission ou commission des missionnaires catholiques belges avaient ainsi couvert pendant un temps le premier génocide congolais, premier génocide de l’époque contemporaine. Léopold II, Roi des Belges, qui avait du Congo sa propriété privée prétendait pourtant être au Congo pour le bien du peuple congolais. Il a fallu le mouvement de la réforme congolaise (Mark Twain, Joseph Conrad, Bertrand Russell, etc.) pour contredire en Occident jusqu’à obtenir gain de cause la mission philanthropique de Léopold II au Congo. Les efforts et le courage du pasteur presbytérien noir américain William Henry Sheppard (1865-1927), missionnaire au Kasaï, et la plume d’un journaliste d’investigation noir américain George Washington Williams, étaient déterminant, non seulement pour dénoncer le génocide congolais en Europe et aux USA mais aussi et surtout pour confondre les missionnaires catholiques belges qui étaient silencieux devant les violations massives des droits humains commis par leurs frères et colons belges. Ce premier génocide congolais avait reduit de moitié la population congolaise entre 1885 et 1908. Le chiffre avancé par les historiens varie entre 5 et 10 millions des congolais tués en l’espace de 23 ans de terreur du caoutchouc rouge.
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Aujourd’hui, comme à l’époque de Léopold II, le deuxième génocide congolais (7 millions des morts) provoqué par la terreur du coltan, est couvert par des pretextes philanthropiques de developpement, de création d’un marché commun en Afrique Centrale, sans faire allusion au sort des congolais qui seront les acteurs de ce marché commun. La vérité du génocide congolais en cours manque des congolais courageux, des journalistes d’investigation à l’instar de Charles ONANA, des hommes d’église qui utilisent leurs réseaux respectifs pour attirer l’attention du monde sur le génocide congolais d’aujourd’hui.
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Contrairement à la terreur du Caoutchouc, ce qui mettra fin à la terreur du coltan ce ne sont pas les régimes politiques d’Europe et des USA car ces derniers forment une ligue de pillage du Congo. Par contre, le changement pourrait venir de citoyens membres des églises d’Europe et des USA qui, nous osons l’espérer, une fois sensibilisés par les églises du Congo et d’Afrique, pourront faire pression sur leurs leaders pour que ces derniers arrêtent de financer la terreur du coltan au Congo. Un partenariat avec les géants asiatiques et latino-américains est aussi une des options à envisager.
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Le Congo a toujours des missionnaires religieux venant de grandes puissances qui soutiennent le terrorisme au Congo. Leur contribution à l’arrêt du génocide congolais serait aussi très appréciée car le génocide en cours ne s’arrêtera pas de lui-même, surtout si on laisse l’initiative de sa fin aux protagonistes qui en tirent profit. Il faut d’urgence une nouvelle tribune et des nouveaux acteurs et artisans de l’arrêt du génocide congolais en cours !
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L’initiative de Mgr Sikuli démontre que les hommes d’Eglise possèdent des atouts énormes pour présider au changement voulu au Congo. A part le réseau catholique qui est le plus large du monde, il y a la simple mathématique des chiffres qui donne avantage aux églises de la R.D. Congo qui est un pays à 98% chrétien, 70 % catholique. Autrement dit, les églises chrétiennes de la R.D.Congo constituent une grande puissance qui malheureusement s’ignore et tombe souvent dans le piège de la politique de l’état-nation qui la manipule pour ses intérêts.
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Pour libérer la puissance des églises, il va falloir que les hommes d’église et des prophètes se lèvent et réinterprètent pour la R.D. Congo la loi de la séparation de l’Eglise et de l’Etat qui souvent sert d’alibi à l’inaction des églises face aux divers abus des droits humains. Si les politiciens peuvent organiser des prières au Congo, pourquoi les églises qui ont plus des membres que tous les partis politiques ne peuvent-elles pas se mettre ensemble pour soutenir un candidat épris de paix et de justice et gagner les élections au Congo! That’s the question !
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Kakule Mathe
Butembo
Beni-Lubero Online





