Le chef coutumier du groupement IHEMBE, en Territoire de Lubero, Sa Majesté Mwami KAMATE SHAMURAMBA MUTALWA IIIe a échappé de justesse à un enlèvement orchestré par des militaires Fardc.
Mwami KAMATE SHAMURAMBA MUTALWA III à la conférence internationale des Nande-Oïcha 2011
Il est 19h30 du mardi 13 septembre 2011 quand cinq militaires FARDC armés de fusils et de coutelas se pointent devant le complexe coutumier (Eviseng’evyo mwami) de Mwami KAMATE SHAMURAMBA MUTALWA III, un des protecteurs des coutumes Nande. A la sentinelle du complexe coutumier, ils demandent de les faire entrer. La sentinelle leur rétorque que le Mwami ne reçoit pas des visiteurs la nuit. Devant ce refus, les militaires brutalisent la sentinelle et forcent leur entrée dans l’enceinte du complexe coutumier avec ses multiples vérandas, chambres et antichambres. Pendant qu’ils brutalisaient la sentinelle, le Mwami observait tout de l’intérieur à partir de la chambre haute des coutumes. Une fois à l’intérieur, les militaires n’ont pas vu le Mwami pendant que le Mwami les voyait. L’épouse du Mwami « Omughole » est sorti à la rencontre des assaillants pour leur dire que le Mwami n’était pas disponible pour recevoir des visiteurs nocturnes. Pris d’une espèce de panique et craignant qu’une foudre ne leur tombe du ciel, le chef de la bande dira aux autres en Lingala « Nazomona clair te, tokende ». Une discussion éclate entre les assaillants. Mais le chef de la bande ne revient pas sur sa décision.
A la sortie du complexe coutumier, le chef de la bande demande qu’on se saisisse de la sentinelle pour que cette dernière les amène chez un des notables collaborateurs du chef. Sous la pression des assaillants, la sentinelle n’a pas d’autre choix que de conduire les assaillants chez un des Notables d’Ihembe. Durant le trajet d’un kilomètre environ qui sépare la résidence du Mwami de celle de son notable, la sentinelle constate que ses ravisseurs ont changé de ton et pris d’une panique difficile à expliquer. Le Mwami leur a-t-il jeté un mauvais sort? Selon la sentinelle, c’est ce que le chef de la bande craignait.
Une fois arrivés chez le notable, les assaillants diront au notable qu’ils étaient venus chez le Mwami lui demander des explications sur sa récente participation à la Conférence Internationale des Nande d’Oïcha 2011 et la visite qui s’en était suivie à IHEMBE de la part des animateurs du Kyaghanda Kikulu. D’après leurs informations, les membres du Kyaghanda étaient des Mai-Mai. En réponse à cette accusation, le notable a expliqué que le Kyaghanda est une association culturelle reconnue par l’Etat congolais qui n’a rien à voir avec les Mai-Mai et que tous les chefs coutumiers Nande participent une fois par an à la conférence internationale de Nande. A la fin de chaque conférence internationale, les animateurs du Kyaghanda Kikulu visitent le territoire désigné pour accueillir la conférence suivante. Comme le Territoire de Lubero, notamment Kanyabayonga, a été choisi pour accueillir la conférence internationale du mois d’Août 2012, les animateurs du Kyaghanda Kikulu ont fait le tour du Territoire de Lubero, y compris IHEMBE pour sensibiliser la population sur les enjeux de l’heure.
A la fin de cette entrevue d’une vingtaine des minutes, les assaillants apparemment non satisfaits des explications du notable, sont revenus sur l’objet initial de leur mission nocturne, à savoir, rencontrer le Mwami KAMATE MUTALWA III. Ils ont ainsi promis de revenir à IHEMBE.
Une chose est sûre : La conférence internationale des Nande d’Oïcha 2011 et la tournée qui s’en est suivie à travers le territoire de Lubero, a dérangé les militaires Fardc qui ne comprennent pas encore ce qu’est le Kyaghanda. A part le Mwami KAMATE MUTALWA III d’IHEMBE, les jeunes animateurs du Kyaghanda Kanyabayonga sont aux arrêts depuis une semaine dans un cachot tenu par les militaires FARDC. Le motif de leur arrestation ne leur a jamais été signifié. Mais selon le Kyaghanda Kanyabayonga, les réunions de ces jeunes avec les animateurs du Kyaghanda Kikulu pour préparer les travaux d’Août 2012 est certainement le motif caché de leur mise au gnouf. Les tractations du Kyaghanda Kanyabayonga avec les Fardc sont en cours pour la libération immédiate et sans conditions de ces Jeunes du Kyaghanda Kanyabayonga.
Edgar Mateso
Butembo
©Beni-Lubero Online