





La population de Luofu, une localité située au Sud du Territoire de Lubero, non loin de l’épicentre de la rébellion du CNDP de Nkunda, est en colère à la suite de 11 cas de violence sexuelle faite à 11 femmes différentes en l’espace de 48 heures.
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D’après les victimes, leurs violeurs seraient des soldats des Fardc de la 11 ième et 15ieme brigades intégrées. Comme dans plusieurs coins du Nord-Kivu, les rebelles de Nkunda se font passer pour des Fardc et portent des uniformes militaires des Fardc ; et comme tous les commandants militaires des Fardc dans la région de Luofu, sont des tutsis fidèles à Nkunda, la population de Luofu n’a pas hésité à mettre la responsabilité de 11 cas de violence sexuelle faite aux femmes de Luofu le mercredi et le jeudi de la semaine écoulée sur le compte des rebelles du CNDP de Nkunda. Plusieurs Fardc, les rebelles du CNDP, et les FDLR opérant au Nord-Kivu sont des oiseaux de même plumage. Il est en effet drôle que seulement les Fardc en poste au Nord-Kivu et au Sud-Kivu violent sauvagement les femmes. Les tracasseries des Fardc sont connues de tous mais ne comportent pas les mutilations sexuelles des organes génitaux des femmes !
La thèse de la collision entre Fardc, Nkunda et FDLR au Nord-Kivu s’est encore révélée vraie la semaine écoulée. Apres l’annonce du cantonnement des FDLR par le gouvernement congolais, des FDLR qui ont toujours été l’alibi de Nkunda et du Rwanda pour attaquer la R.D. Congo, Nkunda a attaqué les positions des Fardc pour empêcher les opérations de cantonnement. En d’autres termes, Nkunda ne veut pas du cantonnement des FDLR. Au contraire, il en veut aux congolais qu’il envoi mourir dans les camps des déplacés.
Un autre fait surprenant est que malgré l’annonce des attaques de Nkunda contre les Fardc, les Fardc n’avaient pas consolidé leurs positions pour se préparer à l’attaque annoncée. Les rebelles de Nkunda avaient ainsi conquit tous les villages qui étaient sous le contrôle des Fardc, y extirpant les cibles gênant, avant de se laisser chasser par les Fardc et la Monuc. Cela semble être la stratégie d’occupation progressive du Nord-Kivu. Les Fardc laissent Nkunda s’occuper de la sale besogne de chasser les populations de leurs villages avant de les reprendre quelques heures plus tard, avec la différence que ces villages sont vidés de leurs habitants qui ne font que s’ajouter aux deux millions de déplacés de guerre au Nord-Kivu. La question du retour des déplacés chez eux n’est jamais à l’ordre du jour des autorités congolaises et leur sort inquiète les congolais.
Le fait que Nkunda attaque les Fardc pour empêcher le cantonnement des FDLR fait passer les FDLR comme une branche armée de la rébellion de Nkunda et dont le rôle est de jouer à la diversion ou au détournement de l’attention sur le Rwanda, principal soutien à Nkunda. La diversion de la semaine est venue de Kinshasa. Pendant que les congolais s’attendaient à une réaction musclée de Kinshasa face aux attaques de plusieurs villages de Rutshuru par les rebelles de Nkunda, le gouvernement congolais s’est façonné une voie de sortie en annonçant la fermeture de la frontière congolaise avec l’Ouganda et en annoncant que celtte fermeture allait asséner un coup dur à Nkunda. S’il est vrai que les postes frontaliers fermés alimentaient la rébellion de Nkunda, leur fermeture ne veut rien dire car le territoire de Rutshuru est frontalier et au Rwanda et à l’Ouganda. Fermer la frontière de la R.D. Congo avec l’Ouganda, c’est comme fermer une porte et laisser grande ouverte une autre. Autrement dit, la fermeture de la frontière avec l’Ouganda ne peut avoir d’impact que si celle avec le Rwanda est aussi fermée.
Ensuite, même si les frontières avec l’Ouganda et le Rwanda étaient toutes les deux fermées, la question des commandants militaires qui surveilleraient ces frontières fermées reste sans réponse. Il suffit de voir les noms des commandants militaires qui ont en charge les opérations militaires dans le territoire de Rutshuru, et ailleurs au Nord-Kivu pour se rendre compte que Kinshasa ne joue pas franc jeu avec le peuple congolais dans la résolution de la crise du Nord-Kivu. La nomination des commandants pro-Nkunda partout au Nord-Kivu démontre que Kinshasa feint de se battre contre Nkunda, et qu’en réalité il laisse faire Nkunda, lui donnant une grande marge d’action.
Ce qui se passe aujourd’hui au sud du territoire de Lubero est un avertissement que le CNDP de Nkunda est à la porte de Lubero et que ni Kinshasa ni la Monuc ne font rien pour empêcher cette progression de la mort. Les Beniluberois doivent se préparer à toute éventualité !
Rigobert Kanduki
Goma
Beni-Lubero Online





