





Les femmes contre le viol et les sévices au Congo (DRC)
La marche de Washington D.C. prévue pour le 7 février 2009
Après avoir pleuré silencieusement nos morts et après nos lamentationsau sujet de la violence et du trauma infligés à nos sœurs, mères, filles, grands-mères, fils et pères, nous, femmes congolaises, avons décidé que cela suffisait amplement. Nous nous sommes exprimées à travers plusieurs canaux pour dénoncer le viol des femmes et des enfants (filles et garçons) congolais, et cela sans être entendues. Malgré les nombreux rapports de Human Rights, de Médecins Sans Frontières et des Nations Unies, qui indiquaient que les femmes congolaises étaient violées par toutes les factions rebelles, certains autres rapports soutiennent que la plupart des viols et des actes de violence les plus atroces ne sont pas commis par l’armée gouvernementale et les milices. En déplorant le l’actuel « fémicide » et démocide, dont les objectifs consistent à (1) humilier et affecter le psyché du peuple congolais à travers le viol, les massacres et l’expulsion de ce même peuple de certaines régions de l’Est de la République du Congo pour des visées économiques et (2) à détruire le corps entier de la société congolaise, nous, femmes congolaises, avons décidé de faire entendre nos voix et de montrer au grand jour la souffrance de nos sœurs.
Dans l’histoire des guerres du monde, les femmes n’ont jamais été autant sexuellement asservies, humiliées et mutilées que nos sœurs. Nous marchons pour faire comprendre qu’une plus grande action aura été aura été accomplie pour arrêter des massacres qui n’ont pas été aussi massifs que les nôtres. Depuis 1997, plus de 5.400.000 Congolais ont perdu leurs vies et un nombre plus élevé de femmes congolaises ont été violées par rapport à celles du Rwanda ou du Kosovo. Et pourtant, aucune action internationale décisive n’a été prise. Alors que nos sœurs d’Occident ont exprimé leurs inquiétudes et rage, notamment Eve Enster, qui a organisé récemment des veillées et d’autres campagnes de prise de conscience de base, et la réalisatrice Lisa Jackson dans son film The Greatest Silence: Rape in Congo DRC [Le plus grand silence: le viol en RDC], nous, femmes congolaises, devons encore raconter notre histoire, nos rêves et nos aspirations à un Congo paisible qui puisse déterminer souverainement son futur et protéger ses citoyens. Nous devons encore raconter l’histoire de notre désir de tirer profit des richesses de notre pays et de ne pas produire pour le développement des entités étrangères qui, comme des éponges, se régalent des ressources de notre pays tout en inondant notre propre terre de sang, qui condamnent la population congolaise au déplacement et au lot de réfugiés internes, alors que ces Congolais leur avaient une fois témoigné de la compassion, de la dignité et de l’amitié au moment où elles en avaient besoin. Comme l’indique le plus récent rapport du Conseil de Sécurité des Nations Unies daté du 21 novembre, le Rwanda, ses alliés et ses agents, des groupes et des individus basés au Congo, en Belgique et ailleurs, financent la guerre actuelle. Nous ne pouvons donc pas attendre, et ne pas marcher. Nous ne pouvons pas rester assises pendant que d’autres continuent à envoyer de l’argent pour entretenir une guerre qui détruit les vies des femmes congolaises et celles des enfants congolais (garçons et filles). Nous devons agir maintenant car nous ne sommes pas moins femmes que Kimpa Vita.
Pouvons-nous rester assises et attendre que d’autres personnes marchent à notre place quand nos sœurs sont en train d’être fusillées, de subir le supplice de l’introduction des bâtons dans leurs vagins et deviennent ainsi mutilées à vie? Pouvons-nous rester assises pendant que des bébés de trois mois sont en train d’être violés? Pouvons-nous rester assises lorsque, pour protéger un groupe minoritaire au sein d’un pays multiethnique de plus de 250 groupes ethniques, 1.200.00 personnes ont été déplacées (rien qu’au Kivu, 640.000 personnes et 321.195 au sein des 9 pays voisins), 5.400.000 personnes ont été massacrées et davantage ont connu des intimidations? Nous avons été émues par le génocide rwandais de 1994 et avons dénoncé avec véhémence ces massacres horribles, mais ce dernier génocide ne doit pas être la source de notre propre génocide ni du « fémicide »! Pouvons-nous rester assises lorsque des jeunes garçons sont en train d’être recrutés pour tuer et violer nos grands-mères, nos sœurs, nos enfants et nos mères devant leurs propres enfants et époux? Pouvons-nous rester assises lorsque des pères sont en train d’être sodomisés en présence de leurs propres fils? Pouvons-nous rester assises lorsque nous sommes en train de devenir des esclaves sexuelles? Pouvons-nous rester assises quand l’Est du Congo est devenu un terrain ensanglanté? Nous devons marcher avant qu’il ne soit trop tard! Nous devons marcher pour nous rassurer que notre destin n’est pas enfermé dans des tiroirs. Oui, marchons pour dire non au « fémicide »! Marchons pour dire non à la violence et oui à la paix! Marchons pour dire oui à la prospérité et à la dignité congolaises! Marchons pour dire non à toute ethnicité sélective et exclusive et oui au Congo multiethnique! Marchons pour dire non à l’impunité et oui à la justice! Disons non au pillage des ressources du Congo et oui au commerce légal. Disons oui à la protection des citoyens congolais et à l’intangibilité du territoire congolais! Disons oui à l’unité, à la solidarité et à la souveraineté de la nation congolaise protégée par une forte volonté nationaliste! Disons non à l’indifférence de la communauté internationale et oui à une approche humanitaire des souffrances congolaises! Disons non à toute démocratie imposée au moyen des armes mais oui à une démocratie nationale. Marchons pour dire non aux traîtres nationaux, aux invasions internationales et aux pillages, mais oui au patriotisme!
Nous espérons que vous allez nous rejoindre, nous femmes congolaises et toutes les femmes qui s’opposent à la violence. Alors, ensemble, nous pouvons dire oui à la paix et non au viol et aux sévices perpétrés à l’endroit des femmes congolaises et du corps national congolais. Avec votre soutien et votre participation, nos nombreuses voix seront entendues.
Pour confirmer votre participation individuelle ou celle de votre organisation et pour soutenir la marche, contactez le Comité d’organisation en utilisant l’adresse suivante :
30 décembre 2008
Membres du Comité d’Organisation :
Ngwarsungu Chiwengo
Godé Furaha Kilinda
Josette Lwakabwanga
Vyavuka Masimasi
Rachelle Mastaki
Béatrice Nanga-Mundela
Drocella Mwisha Rwanika
©Beni-Lubero Online ( www.benilubero.com)





