





Intervenant jeudi 13 août 2015 à la 8ème conférence internationale culturelle, économique et sociale yira, Monsieur l’Abbé Vedastus Kagheni a fixé son intervention sur la valeur de la terre dans la vie de l’homme. Pour l’abbé curé de Beni-cité, la terre est la source de richesse, de la concorde, de développement, de bonheur, d’union, de vie, etc.
Abbé Vedastus Kagheni, Curé de la Paroisse Beni-cité lors de la conférence de Beni
Pour lui, le Kyaghanda ne peut pas être construit dans l’air, mais quelque part. Cela veut dire que la terre est primordiale. Dieu l’a donnée à son serviteur Abraham. Chez nous les yira, Dieu a donné la terre aux rois qui, a leur tour l’on distribuée aux suzerains, les suzerains aux seigneurs et ceux-ci la partagent aux vassaux… Il existait aussi des hommes sans pouvoir sur la terre et s’occupaient de l’agriculture. Tous ensembles, dans la hiérarchie, sont unis par le lien de la terre grâce aux redevances. Le seigneur se sent fier quand il a une terre. En cas de mésentente, les hommes faisaient recours à leur kyaghanda (baraza), mais les vyaghanda n’existent plus.
Il faut noter que le pape Jean-Paul II, chaque fois qu’il arrivait sur une nouvelle terre, il la baisait avant de faire toute autre activité. Ainsi, dans chaque contrée, les seigneurs laissaient de sortes d’ambassade qu’ils ne pouvaient pas céder aux vassaux. Ces ambassades sont appelées des «Vyatho» (au singulier «kyatho»), qu’ils ne pouvaient pas vendre ni céder.
Rappelons-nous que la conférence de Berlin a amené des superpositions territoriales, c’est-à-dire les terres sont ravies par des rois étrangers. Ces terres ravis reçoivent d’autres noms et les propriétaires deviennent des hommes on dirait ‘apatrides’. En 1973, la loi Bakanjika a ravi la terre des mains des rois et des seigneurs : «Le sol et le sous sol appartiennent à l’État». A cela s’ajoute la perte des lieux sacrés : «amahero» (lieu où sont censés être enterrés nos arrières parents; ils sont symbolisés par les faux figuiers –omughumo- ou – omukimbakimba). Un roi sans mahero, n’en est pas un. Chaque famille devrait en avoir, au moins un. Tout cela est perdu. En principe, si nous gardions encore respectueusement nos mahero, nous ne subirions pas une telle humiliation, le carnage sur les terres de nos ancêtres! Ces lieux doivent être non seulement protégés mais aussi et surtout sauvegardés.
Au sujet de l’économie, on commençait par cultiver la portion du roi et a la récolte, la première récolte revenait à ce dernier, sans oublier sa calebasse (akamukehya k’oMwami). Pour avoir abandonné tout cela, voilà la source de notre malheur. Or le Créateur a dit lui-même: «Je te donnerais la terre, la progéniture et la bénédiction».
Quant à l’organisation politique, l’enfant qui héritait le pouvoir doit être confirmé réellement fils légitime de la famille royale. Quand on a beaucoup d’enfants il faut leur chercher des nouvelles terres à cultiver. Mais aujourd’hui les gens font de l’anarchie.
Pour mettre fin aux conflits dans ce monde, nous devons gérer la terre conformément aux principes originels d’acquisition de terre.
Abigael Zawadi
Beni
©Beni-Lubero Online





