





Le Conseil Culturel de l’Association Culturelle Kyaghanda asbl « Obughuma bw’aba Yira », réuni de manière extraordinaire à Butembo ce samedi 29 novembre 2014, a passé en revue la situation du muyira dans la Province du Nord-Kivu et dans la Province Orientale.
A travers une correspondance adressée au Premier Ministre de la RD Congo, Les différents délégués Yira venus de ces deux provinces ont fait les constats suivants :
- Le Muyira est visiblement la cible des massacres odieux qui s’apparentent à une extermination, voire un « génocide » de son ethnie. Ce génocide vient de coûter la vie à plus de deux cents civils et militaires en l’espace de deux mois, selon le décompte des organisations de la Société Civile, des Droits Humains et de l’Administration locale;
- Les tueurs en série dans ces massacres se révèlent être une amalgame des rwandais, des ougandais et des quelques congolais collabos. Cette identification des tueurs faite par les rescapés, leur mode opératoire, leur langue (le Kinyarwanda, le Kiganda et le Kiswahili de l’Est africain) ainsi que la méthode d’exécution des victimes ressemblent fort aux méthodes du M23 et du génocide rwandais de 1994 ;
- L’inaction ou le retard dans l’action des Fardc et de la Police Nationale Congolaise lors des différentes attaques, l’absence d’une enquête parlementaire et internationale en dépit du nombre élevé des victimes fait peser une lourde suspicion sur le gouvernement congolais et les forces onusiennes de la MONUSCO ;
- Les groupes armés NYATURA et FDLR qui recrutent et forment militairement leurs adeptes en toute impunité en Groupement Binza (KIHITO, KASAVE, NYABANIRA, VUSESA et à BUGANZA) en Chefferie de Bwisha, et en chefferie de Bwito (TONGO, BAMBO, KISHISHE, MINES-MUTANDA) en Territoire de Rutshuru semblent constituer une base pour d’autres massacres en préparation dans la région;
- Des infiltrations des personnes armées et porteuses des houes, des machettes et des haches sont observées régulièrement en territoire de Lubero en chefferies des Bamate et Batangi (Kasiki, Luhanga, Kyuto, Kimaka, Kaghetse, Lwangongo, Vusanza et Masutha) et en secteur des Bapere (Maiba, Fungulamacho, Lutina, katrikwaze) au vu et au su des services spécialisés de sécurité ;
- La résurgence de l’activisme des ADF-NALU déclarés affaiblis par des différentes opérations offensives des Fardc (Rwenzori et Sukola 1), mais qui continuent à faire des victimes à Samboko-Mutuei en territoire de Mambasa et à Ndalya-Jérusalem en territoire d’Irumu, Province Orientale, ainsi qu’en ville et territoire de Beni au Nord-Kivu met en doute la crédibilité des multiples déclarations du gouvernement Congolais ;
- L’arrestation de certaines personnes à Beni et à Butembo, parmi lesquelles des opérateurs économiques, des douaniers et autres civils ainsi que la fermeture de certaines radios créent une psychose générale au sein de la communauté;
- Les achats des machettes, des haches et la détention des tenues militaires de la Garde Présidentielle par les casques bleus de la MONUSCO laisse craindre un circuit d’approvisionnement des tueurs par ceux qui sont sensés protéger les civils ;
- La gestion du temps de crise en ville et territoire de Beni par un couvre-feu crée une psychose au sein de la population déjà meurtrie par les différents massacres. En effet, ledit couvre-feu commence trop tôt pour les paysans et n’a pas empêché aux tueurs de continuer leur sale besogne et aux voleurs d’opérer ;
10. La victimisation des victimes par des messages selon lesquels les tueurs seraient des enfants du milieu occulte le focus sur la vraie identité des tueurs.
A la suite de ce qui suit, le Conseil Culturel de l’Association Culturelle Kyaghanda asbl « Obughuma bw’aba Yira » condamne les faits déplorés dans les dix constats ci-dessus et recommande ce qui suit:
- Au parlement congolais de diligenter une enquête parlementaire afin de qualifier officiellement les massacres des Yira. Pour sa part l’Association Culturelle Kyaghanda asbl « Obughuma bw’aba Yira » les qualifient déjà de « génocide » de l’ethnie Yira.
- Vu l’ampleur des dégâts humains et matériels provoqués par les massacres en ville et territoire de Beni, l’Association Culturelle Kyaghanda asbl « Obughuma bw’aba Yira » recommande au Gouvernement Congolais de déclarer la ville et territoire de Beni « une zone sinistré ». Par la même occasion, l’Association Culturelle Kyaghanda asbl « Obughuma bw’aba Yira » demande au gouvernement congolais de déclarer un moratoire de six mois de toutes les taxes de l’Etat au bénéfice de la population éplorée.
- Aux fils et filles de la communauté Yira qui seraient, de loin ou de près, impliqués dans ces massacres, l’Association Culturelle Kyaghanda asbl « Obughuma bw’aba Yira » les déclare « parias » (a’vakumbira).
- Au Gouvernement Congolais, de clarifier à l’intention du public les dossiers des arrestations des civils de Beni et Butembo ainsi que de la fermeture de certaines radios de Beni. Que ces dossiers soient fixés à la justice dans un délai raisonnable afin d’établir les responsabilités des uns et des autres;
- Au gouvernement Congolais et à la MONUSCO de jouer pleinement leur rôle de la sécurisation des populations et leurs biens. L’Association Culturelle Kyaghanda asbl « Obughuma bw’aba Yira » rappelle qu’en cas de persistance des massacres, le Gouvernement Congolais et la MONUSCO porteront toute responsabilité de ce qui pourra arriver.
- Aux Yira du monde entier, le Kyaghanda Yira appelle à l’unité et à la solidarité en ce temps de grande épreuve pour barrer la route à tous ceux qui chercheraient à diviser la communauté pour la fragiliser ou à l’opposer à d’autres ethnies.
L’Association Culturelle Kyaghanda asbl « Obughuma bw’aba Yira » invite tous les Yira à ne pas avoir peur de ceux qui tuent le corps mais ne peuvent tuer l’esprit. Que chacun fasse du calvaire actuel un moment d’accouchement d’une culture Yira plus forte.
Edgar Mateso
Butembo
©Beni-Lubero Online (benilubero2014@gmail.com)





