





A son nom personnel comme citoyen congolais, le jeune évêque Fulgence MUTEBA du Diocèse de Kilwa-Kasenga a tenu à féliciter l’Abbé Malu Malu pour le travail accompli à la tête de la CEI : « Ce clerc doué et intrépide donne une sacrée bonne leçon à tous, gouvernants et gouvernés ». Ce message de félicitation est un signe que tous les évêques catholiques n’ont pas partagé l’avis du Cardinal Etsou ainsi que les explications alambiquées de Mgr Mosengwo. ( Beni-Lubero Online)
Au prêtre de la CEI, la nation reconnaissante !
Point n’est besoin d’être catholique, par surcroît grenouille de bénitier, moins encore adulateur impénitent, pour reconnaître les mérites du prêtre de la CEI. Parachuté à la tête d’une des institutions les plus sensibles de la transition congolaise, l’Abbé Malumalu, puisque c’est de lui qu’il s’agit, vient de gagner un pari qui mérite la reconnaissance de toute la nation congolaise.
Le courage de s’engager
En acceptant la présidence de la CEI, il s’était engagé dans une aventure périlleuse dont on ne pouvait présager une fin heureuse il y a quelques mois. Autant dire que son choix comportait un grand risque, lourd de conséquences pour lui-même et pour des milliers de personnes. Audacieux et optimiste, il a pris le taureau par les cornes, non sans avouer dès le départ ses propres craintes. Il a osé pénétrer dans la jungle politique congolaise minée de grenouillages, d’alliances contre-nature et de tas d’inconnus. Avec l’organisation du deuxième tour de l’élection présidentielle et des élections provinciales, la CEI vient de prouver, après le succès des étapes précédentes, que son clerc président est un homme de trempe. Il est, à la vérité, un des hommes les plus remarquables de la transition.
Un clerc doué et intrépide
Meneur d’hommes, il est d’une fermeté remarquable. Avouons-le, c’est d’abord et surtout grâce à lui que la CEI est en train d’accomplir un travail de grande qualité professionnelle. Il a certes commis des erreurs, bien compréhensibles sur le plan humain, mais en règle générale, ce clerc doué et intrépide donne une sacrée bonne leçon à tous, gouvernants et gouvernés. De fait, organiser les élections dans un pays économiquement moribond et aux dimensions éléphantesques comme la RDC est un exploit. Malumalu démontre, avec une détermination héroïque, que l’impossible n’est pas congolais.
La grandeur de ce bout d’homme venu des zones montagneuses de la frontière centre-est de la RDC avec l’Ouganda tient à sa solide formation intellectuelle, à ses convictions d’ecclésiastique et à son caractère. Imbibé de philosophie et de théologie, il s’est spécialisé en sciences politiques dans une université de France. A ce bagage intellectuel s’ajoute une riche expérience de terrain qui l’a conduit à organiser la dynamique de la société civile du Nord-Kivu et à bâtir une université au flanc des falaises du Graben dont il a été recteur.
Son itinéraire témoigne d’une riche culture reposant sur des convictions religieuses profondes. Le clerc philosophe et politologue croit aux valeurs chrétiennes et humanitaires. Il aspire avec ténacité aux vertus et se convainc que la pratique de celles-ci est un vecteur de changement social, même dans une société de démence sociale comme en RDC.
Bien faire, et laisser braire
Nande d’origine, il a appris tôt à se battre de bonne guerre pour émerger de l’anonymat et se tailler une place au soleil. Il recule rarement devant les obstacles et sait affronter, sinon surmonter les difficultés avec bonhomie. Dieu l’a doté d’un calme olympien. Rarement perturbé par les événements troublants, il sait faire face aux contrariétés avec une sereinité hors du commun. Il accepte les critiques avec sportivité et sait les résorber avec art, en usant d’un langage peu banal, mais ordinaire. François de la Rochefoucauld n’a-t-il pas stipulé qu’ « il y a des reproches qui louent… » ? La sagacité avec laquelle il a balayé certaines critiques virulentes, provenant des milieux politiques peureux du verdict des urnes, voire de sa propre institution de foi, démontre sa grande capacité de résistance devant des situations contrariantes. En effet, il sait encaisser sans se laisser briser, bien faire et laisser braire. De la sorte, il tire toujours son épingle du jeu, quand bien même le contexte semble désespérant. Dédaigneux du triomphalisme, il utilise souvent sa patience pour imposer le silence à ses adversaires. Au lieu de perdre des énergies à déconstruire les billevesées écrites sur lui ou bien à alimenter des débats oiseux, Malumalu préfère s’en tenir à l’essentiel de son travail, en ayant le regard fixé sur les objectifs primordiaux assignés à l’institution citoyenne de la transition qu’il dirige.
Ce n’est pas en tout cas un leader d’occasion, mais un bosseur hors pair qui s’est imposé par son sens du devoir et sa passion de réussir. Il est capable d’accumuler jusqu’à 18 heures de travail par jour ! Un rythme véritablement titanesque. A cet égard, l’on doit avouer que les dossiers présentés par la CEI aux autres institutions républicaines étaient tout de même bien ficelés. Cela a permis d’opérer bien des avancées pendant la transition. Il suffit, pour s’en convaincre, de penser par exemple aux avant-projets des lois étudiés au Parlement.
Le travail en équipe le connaît. Non seulement il a réussi à concilier les tendances divergentes au sein de la CEI, mais il a aussi réalisé un large consensus parmi ses collaborateurs. Ceux-ci, comme on sait, sont venus de divers horizons, avec des cahiers de charges ou des agendas sans nul doute différents. Mais en quelques mois, le clerc de Butembo les a maintenus sur une même orbite, autour des mêmes objectifs. Comme a dit Lord Beaverbrook, il a réussi à « faire de grandes choses avec des hommes ordinaires… ».
Habile et stratège
Plus remarquables sont son autonomie et sa liberté vis-à-vis de la communauté internationale et des milieux politiques. Sur ce point, le prêtre catholique s’est montré comme un homme habile et un fin stratège.
Face à une communauté internationale dont on sait la rigueur et le lot de soupçons, Apollinaire Malumalu a opposé la liberté de pensée, la transparence et la bonne gouvernance. Au lieu d’affronter ouvertement les opinions des agents de la communauté internationale, il préfère la collaboration, le dialogue et finit toujours par trouver un compromis. Cette attitude séduit et convainc. Naturellement. C’est ainsi que l’homme a su s’imposer sans froisser. Son honnêteté en matière de gestion d’argent, « nerf de la guerre », lui a valu beaucoup de crédibilité. Le prêtre est détaché, peu soucieux d’honneurs dus à un homme de son rang. Il n’aime ni fastes, ni plaisirs mondains. Sobre mais rigoureux, il ne résiste pas à l’effacement quand les circonstances le lui exigent. Tous les mensonges perfides l’accusant d’enrichissement personnel ont volé à l’éclat.
Demeuré en contact permanent avec tous les acteurs de la transition, il ne s’est incorporé à aucune formation politique. Il a récusé, dès le début de la transition, le jeu d’alliances occultes. Il ne fricote avec aucune plate-forme politique, mais fréquente courtoisement tout le monde, sans trahir sa mission. En le voyant agir, on ne peut se douter un seul instant qu’il a lu le fameux Bréviaire des politiciens que l’opinion attribue au Cardinal Mazarin.
Prêtre pour l’éternité et fier de l’être
Il est frappant de constater que Malumalu n’a jamais renié son identité de prêtre. Il est en communion avec son Eglise et sa hiérarchie. En dépit de quelques malentendus que les médias ont exagérément amplifiés et mal interprétés, celles-ci lui ont toujours offert un soutien discret, mais politiquement correct. En effet, « si le Seigneur ne bâtit la maison… ».
L’histoire politique du continent africain est émaillée, à cet égard, de certains cas peu édifiants d’ « aventuriers de Dieu » en politique. Inutile de citer les noms. La République du Congo, le Gabon, le Sénégal et plus récemment Haïti en témoignent. L’abbé Malumalu, lui, est une exception.
Bientôt parvenu au terme de sa mission à la Commission Electorale Indépendante, il va rendre le tablier et se retirer en toute dignité. Ce sera un autre aspect de sa grandeur. Demeuré prêtre pendant tout son transit en politique, sans honte ni regret, il va se mettre à la disposition de son diocèse pour continuer à servir comme un serviteur inutile. C’est véritablement un homme d’honneur. La fournaise politique congolaise se souviendra sans nul doute de cet homme au sourire permanent, mais dynamique et audacieux.
La reconnaissance de la nation
A mon avis, il est clair que la faillite de la CEI aurait été gravement préjudiciable à la démocratie dans notre pays. Nonobstant les erreurs de parcours et les tâtonnements bien normaux dans un processus d’apprentissage de la pratique électorale, la CEI mérite un coup de chapeau. Pour avoir permis à notre peuple de franchir un grand pas vers la démocratie, son président mérite la reconnaissance de la nation. Je crois sincèrement qu’il a droit à cet honneur. Il serait dommage de lui rendre l’ingratitude parce que l’histoire d’un pays s’écrit avec des gestes d’hommes.
En outre, le prêtre de la CEI et son équipe viennent de lancer un énorme défi au peuple congolais et, particulièrement, à la classe politique. Le goût du travail bien fait, le sens du devoir, la passion de réussir, le respect des engagements, l’honnêteté, le dialogue, le patriotisme, etc. sont possibles dans ce pays. En tous les cas, ils valent plus que la violence aveugle, la polémique stérile, l’enrichissement illicite, la hantise du gain facile, la corruption et autres vices qui ont transformé le Congo en enfer.
En simple citoyen de ce pays et à titre purement personnel, je souhaite ardemment que ce compatriote reçoive une récompense honorable.
Kasenga, le 13 novembre 2006
+ Fulgence MUTEBA
Evêque du Diocèse de Kilwa-Kasenga
Province du Katanga
Beni-Lubero Online





