





Chers Bathunga ! Je viens de lire sur notre site le message de Mgr Sikuli et de son clergé à propos de l’insécurité qui sévit au Nord-Kivu, et plus spécialement au Diocèse de Butembo-Beni. J’apprécie le ton de la lettre et la lecture de la situation du message. Néanmoins, je n’ai pas vu Mgr Sikuli et son clergé demander que justice soit faite à l’égard des victimes, et d’une manière spéciale du Révérend Abbé Christian Bakulene, curé de Kanyabayonga. A la place j’ai vu une interpellation de tout le monde sans citer des noms des responsables de la securité du pays, de la Province du Nord-Kivu, et du Territoire de Lubero de qui dépend la securité des congolais et de leurs biens ? Je m’attendais aussi à une demande expresse d’une enquête pour retrouver les assassins de l’abbé Christian Bakulene. Je n’ai pas bien compris pourquoi le message s’en prend aux députés qui ne sont pas membres de l’exécutif dans une affaire de manque de securité ? Je m’attendais à un message donnant plus de lumière sur les circonstances de la mort de l’abbé Bakulene, le responsable de securité de Kanyabayonga, et de l’ouverture d’une enquête dans l’assassinat ignoble du jeune abbé Bakulene ? Si le diocèse qui est une grande institution ayant pignon sur rue au Diocèse de Butembo-Beni n’est pas capable d’exiger que justice soit faite dans l’assassinat de son prêtre, que peuvent faire les simples citoyens ?
Mgr SIKULI lors d’une ordination à Kitatumba / Butembo
Que sont devenus les quelques assassins arrêtés à Beni-Lubero ? Quelqu’un fait-il le suivi ou s’habitue-t-on seulement de compter les morts et de pleurer?
Non, mes frères, je pense que le message de Mgr Sikuli et de son clergé n’est qu’un début pour une demande de justice à l’encontre de toutes les victimes, et spécialement pour le prêtre Bakulene. Ne pas demander justice pour Bakulene c’est dire à l’ennemi qu’il peut continuer à tuer les leaders, les bergers du peuple dans toute impunité. Non. L’ennemi doit être arrêté dans sa progression par une légitime défense ou par l’application du code d’Hammourabi : Œil pour œil, dent pour dent !
En effet, dans une situation de violence caractérisée, massive et aveugle à laquelle il faut impérativement mettre fin, la non-violence se situe non au début, reconnait Paul Ricœur malgré sa prédilection pour la non-violence, mais à la fin, c’est-à-dire, au terme du processus de libération. Jimmy Carter enfonce le clou dans un de ses écrits en disant que « la douceur rend le violent encore plus violent tout simplement parce qu’il sait qu’il n’a pas de riposte muscle à craindre de la part de sa victime. » En d’autres termes, la douceur de la victime fait redoubler d’agressivité l’agresseur. C’est cela qui se vit à l’est de la R.D.Congo en général et à Beni-Lubero en particulier. Plusieurs congolais pensent que la violence préméditée et savamment infligée aux congolais peut s’arrêter d’elle-même sans une réaction musclée des congolais. Erreur ! Ne dit-on pas en swahili que Dawa ya Moto ni Moto ! (Le remède du feu, c’est le feu). Aucune providence, aucune grande puissance, ne viendra arrêter la violence préméditée infligée aujourd’hui aux congolais si les congolais s’y accommodent, préférant adopter un mode de vie de survie, au lieu de prendre le taureau par les cornes.
L’histoire se répète au Kivu. Une occupation militaire comme toute autre occupation se nourrit des collabos généralement recrutés parmi les élites et la classe moyenne. Au Kivu, les listes des collabos ne font pas exception à cette règle : L’élite politique, intellectuelle, économique, religieuse voire culturelle mange déjà avec le diable. D’où pour se tirer d’affaire, le peuple laissé pour compte doit s’organiser autrement qu’autour de ces élites qui collaborent avec l’occupant pour sauvegarder leurs intérêts et leur rang social. Le petit peuple constitue toujours la semence des révolutionnaires parce qu’il n’a rien à perdre et aspire à changer sa situation dans l’avenir. C’est ainsi que tout congolais doit se sentir interpellé personnellement et premier responsable car il n’a de sauveur que lui-même. La libération du pays de mains des occupants sera ainsi l’œuvre de tout un chacun ! Mgr Sikuli et son clergé viennent de donner le ton, décrivant sans complaisance la situation sécuritaire catastrophique de Beni-Lubero ! Il convient d’entrer ensemble dans la danse de la libération en passant de belles paroles, de belles analyses, aux actes libérateurs ! Nul ne goutera à la joie de la libération du Kivu sans y d’abord y engager toute sa personne et tout son avoir ! Aide-toi et le ciel t’aidera !
Oscar Masimengo
©Beni-Lubero Online





