





Depuis le mercredi 16 mars 2011, l’AMP (Alliance de la majorité présidentielle) devient MP (Majorité présidentielle), dotée d’une nouvelle charte.
La disparition d’une lettre dans le sigle de l’alliance ne change pas la face du monde, mais pourrait être un fait intéressant.
En effet, en 2006, Joseph Kabila Kabange (JKK) avait affecté une attitude extrêmement réservée vis-à-vis de tous les partis, y compris le PPRD, et s’était présenté comme candidat « indépendant ». C’est après sa victoire électorale qu’il a accepté de jouer ouvertement et publiquement un rôle « d’autorité morale » de l’AMP, de leader du PPRD (exemple : sa longue présence à « l’Université du Parti », à Kisangani). D’autre part, surtout à l’approche des élections, mais très perceptible dès la fin de 2008, il y avait la tendance des « rhinocéros du PPRD », tendant à la recherche de la majorité absolue et de la discipline inconditionnelle. Cette tendance l’a finalement emporté. Une telle attitude va logiquement de pair avec un chef de l’Etat qui est aussi chef de parti. Bien que cela ait existé dans des régimes fort divers, on pouvait penser que cette formule passerait assez mal au Congo parce qu’elle présente des analogies avec le parti/Etat et l’homme/organe de la période Mobutu.
JKK prend à présent officiellement la tête d’une organisation politique, mais ce n’est pas le PPRD – devenu par élimination des autres tendances une sorte de « Parti Politique des Rhinocéros Démocrates » – mais l’AMP, devenue MP. Il y a toutefois une concession à la « tendance rhinos » : l’AMP subit un « dégraissage », de façon que ne soient plus associées aux décisions que les composantes ayant un certain « poids ». C’est logique dans la mesure où le « fourre-tout » avait avant tout pour fonction d’arriver à la majorité lors de l’élection présidentielle. La réforme constitutionnelle, qui permet au Président d’être élu avec la minorité la plus importante des suffrages, rend superflu de ratisser aussi large. Toutefois, la même réforme a aussi accru les pouvoirs du Président. On aura donc, comme résultante finale, un Président élu par une Minorité Présidentielle – ce qui fait aussi MP – mais qui ne sera tenu par aucune ligne claire, pas même celle des « rhinos », puisque la MP restera un conglomérat toujours manœuvrable d’égoïsmes associés.
Guy de Boeck
Brussels-Belgïe
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