





Depuis le jeudi 15 septembre 2011, la population de Lubango en Territoire de Lubero est en ébullition à la suite du meurtre de Mr Muhindo Kaghoma (35 ans) par des éléments de la Police Nationale Congolaise (PNC en sigle). Deux explications se disputent ce meurtre crapuleux. Pour certains, il s’agit d’une bavure policière. Pour d’autres, notamment les témoins, les éléments de la Police avaient opéré en état d’ébriété. L’ordre de mission leur était remis dans un Kiravo (débit de boisson) local.
Que s’est-il donc passé à Lubango le jeudi 15 septembre 2011?
Le mercredi 14 septembre, le chef du groupement Buhimba fait appel aux hommes du village de Katsira pour un salongo (travail communautaire) d’entretien de la route qui mène au village. Pour une raison encore inconnue, Mr Muhindo Kaghoma est absent au Salongo du 15 septembre. Les témoins attestent qu’il n’était pas le seul absent de cette activité communautaire. La différence est qu’il était très connu au village. Son absence ne pouvait donc pas passer inaperçue.
Informé de cette absence, le chef du groupement Buhimba donne l’ordre aux éléments de la Police d’arrêter Mr Muhindo Kaghoma. Il est 11h00, heure de Lubango !
Les témoins rapportent que les policiers exécutant la mission du chef du groupement étaient déjà ivres. Ils exécutent ainsi la mission dans un état d’ébriété. Quand ils arrivent au domicile de Mr Muhindo Kaghoma, ils se saisissent de lui et le frappent à mort au lieu de l’arrêter comme prévu dans leur ordre de mission. Une fois informée, la population locale décide de venger Muhindo Kaghoma. Le chef du groupement est tenu pour responsable car les policiers avaient bien dit qu’ils étaient envoyés par lui. La justice populaire décide, séance tenante, la mise à mort du chef du groupement. Mis au parfum de la colère du peuple, le chef se cache ainsi que les membres de sa famille. Mais sa maison est complètement détruite. Pour sauver le chef du groupement de la justice populaire, la Police le garde dans un cachot local en attendant son transfert vers Lubero, le chef lieu du Territoire.
Feu Muhindo Kaghoma était marié et père de trois enfants. Sa veuve est inconsolable. Le meurtre de Muhindo Kaghoma a réveillé la solidarité villageoise contre un ennemi commun, les hommes en armes mais aussi certains chefs coutumiers qui se rendent complices de ces hommes en armes pour asseoir leur pouvoir. Pourtant le pouvoir coutumier local est doté de structures chargées de résoudre les conflits de manière pacifique ?
Une vue de la cité de Kipese à quelques 12 km de Lubango
Le meurtre de Muhindo Kaghoma semble confirmer l’hypothèse selon laquelle, la police comme l’armée du CNDP déployée aujourd’hui au Nord-Kivu n’a été formée que pour la répression sanglante des civils, et qu’elle n’a aucune notion des droits de l’homme et du citoyen. Le meurtre de Muhindo Kaghoma confirme cette hypothèse. Il y a deux semaines, le chauffeur Muhindo Jacques était tué par balles pour avoir refusé de s’arrêter à la barrière de la cité de Lubero. Le militaire qui avait tiré sur Muhindo Jacques est toujours libre à Lubero parce que sa hiérarchie locale refuserait de l’arrêter pour qu’il répondre de ses actes. Les assassinats déplorés lors de la révision du fichier électoral étaient commis par des policiers à la gâchette facile. En dépit de la dénonciation de cette situation, le gouvernement congolais n’a pris aucune mesure pour remplacer cette police répressive déployée au Nord-Kivu. Si à cette police répressive on ajoute les infiltrés armés en provenance du Rwanda et de l’Ouganda, les soi-disant FDLR, ADF-NALU, LRA, Mbororo, Mai-Mai, etc., le Kivu est une bombe qui peut exploser d’un moment à l’autre. A qui profitera son explosion?
Correspondance spéciale du Kyaghanda Lubango
©Beni-Lubero Online





