





La fusillade de Mr. Muhindo Nyavutenge Zadok surnommé Kalifondé est le dernier cas d’assassinat enregistré à Butembo. Les cas qui se déroulent dans les brousses loin des medias sont les plus nombreux selon plusieurs témoignages. L’intensité des assassinats, l’arrogance des tueurs, l’impunité dont jouissent les tueurs font dire aux congolais qu’il s’agit bel et bien d’un génocide ou tout au moins des crimes organisés pour dépeupler l’Est de la R.D. Congo au profit des Rwandais.

Mr. Muhindo Nyavutenge sur son lit d’Hôpital à Matanda-Butembo
Muhindo qui a survécu à son fusillade pour la simple raison qu’il a eu le reflexe de jouer au mort, était attaqué à son domicile du Quartier MUTIRI, Cellule Makoka, Commune de Bulengera en Ville de Butembo. Il était 20h30’du dimanche 25 octobre, quand Muhindo rentre de la ville dans sa voiture Rav4. Arrivé devant son domicile, et plus précisément au moment où il descend de sa voiture, 3 hommes en tenue militaire Fardc et 1 en tenue civile mais cagoulé surgissent de sa parcelle et le menacent par derrière. Un des malfrats le tire vers derrière par sa chemise pour le mettre dans la ligne de mire de deux tireurs de la bande qui lui logent chacun une balle dans ses deux cuisses. Muhindo s’écroule devant la porte de sa maison et fait le mort. Le croyant mort tellement que son corps s’était à la seconde recouvert de son propre sang, les bandits ont tout simplement pris le téléphone de leur victime, laissant une somme importante d’argent dans ses poches. Comme dans d’autres cas d’assassinats subis à Beni-Lubero, les assassins ne dépouillent pas leurs victimes. Leur mission est tout simplement de tuer et leurs victimes privilégiées sont des jeunes adultes, hommes et femmes, dont l’âge varie entre 15 et 45 ans.

Sentant que son corps se vidait de son sang, le brave Muhindo est parvenu à se trainer par terre avec ses cuisses ensanglantées jusque dans sa voiture. Pendant que le sang continuait de couler, Muhindo s’est conduit jusqu’au Centre Hospitalier Wanamahika qui, heureusement pour lui n’est pas très loin de chez lui. Il n’avait plus de force de sortir de sa voiture. Les infirmiers ayant vu la voiture arrivée ont accouru pour constater les dégâts sur un conducteur tout en sang. La quantité du sang dans lequel le conducteur baignait a poussé les infirmiers à le transférer directement à l’Hôpital Général de Matanda où les docteurs ont réussi à arrêter l’écoulement de sang et de lui donner des soins appropriés. 15 heures après sa fusillade, on peut dire que Muhindo est dans des conditions stables même s’il ne peut pas se mettre debout sur ses deux jambes. Mais que feront les tueurs quand ils apprendront qu’il a survécue à leur fusillade ? Ne faut-il pas veiller à la securité du rescapé même à l’hôpital ?

Selon les habitants du quartier qui ont requis l’anonymat, les assassins de Muhindo étaient arrivés dans la cellule Makoka vers 19 heures et y faisaient des navettes au point d’attirer l’attention des gens avertis. Selon ces derniers, les assassins circulaient dans une voiture de couleur blanche avec vitres fumées et sans plaque d’immatriculation. Si ces informateurs avaient encore confiance aux forces de l’ordre et de securité, ils auraient pu les appeler pour s’enquérir de l’identité des occupants de la voiture sans plaque d’immatriculation. Après coup, ces informateurs regrettent de ne pas avoir appelé les radios de la place pour au moins passer l’alerte d’une voiture suspecte dans la cellule Makoka et prévenir les résidents de Makoka de faire attention ou de ne pas y revenir s’ils étaient encore au centre-ville. Il faut que la population invente ses moyens d’auto-défense si elle veut survivre à une extermination que les autorités politiques et administratives ne veulent pas arrêter.
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Muhindo a eu la chance de survivre à sa fusillade pour raconter son calvaire et aider les beniluberois à écrire un autre chapitre du génocide dont ils sont victimes actuellement.
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Travailleur aux ETS PALOS de Butemo, Mr Muhindo est connu dans toute la ville de Butembo sous le surnom de Kalifondé. D’aucuns pensent que l’intention d’éliminer Muhindo est due au fait qu’il passe pour un génie en mécanique moto. Ancien réparateur des motos au Centre Ville, les Ets PALOS l’ont engagé à la suite de son imagination productive de laquelle est né le schéma mécanique (sic) de la Moto Marque LINKEN très populaire dans la région. Une usine asiatique avait approuvé le schéma Muhindo sur présentation des Ets PALOS. Depuis lors Muhindo a écopé du surnom de « fondateur » ou « celui qui a fondé », un surnom que ses clients motards et amis ont vulgarisé par le surnom de « kalifondé ». C’est ainsi que Muhindo est devenu célèbre à Butembo dans le domaine de la Mécanique Moto. Chez PALOS, Muhindo est chargé de toutes les importations de la Zone Asie. Selon les observateurs, cette célébrité est une raison suffisante pour mettre Muhindo dans le collimateur des génocidaires qui veulent éliminer tous les Nande en commençant par les plus entreprenants, les plus capables dans des domaines stratégiques comme la Mécanique mais aussi le commerce extérieur.
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Pendant que le régime au pouvoir en R.D. Congo multiplie les satisfecit de la paix retrouvée à l’Est du pays, la population civile vit dans une insécurité plus alarmante jamais vécue même au plus fort de la guerre d’agression rwando-burundo-ougandaise. Il y a donc un dialogue des sourds entre les hommes au pouvoir qui parlent de paix pendant que la population ne sait plus à quel saint se vouer. En effet, il ne se passe un jour dans le seul espace de Beni-Lubero sans qu’un congolais soit assassiné, que des villages entiers soient incendiés, que des camions de transport soient pillés, etc. Les autorités politiques nationales, provinciales et locales restent scandaleusement silencieuses et indifférentes vis-à-vis de cette souffrance au point que la population ne s’empêche plus de crier à la complicité du régime en place avec les tueurs. En effet, ailleurs dans le monde, les atrocités qui se commettent quotidiennement au Nord-Kivu seraient à la une de la Radio et Télévision Nationales, des journaux de toutes les provinces, etc. Les Ministres des Droits humains, Défense, Securité, Affaires Intérieures, etc. seraient déjà venus sur terrain à Beni-Lubero pour s’enquérir de la situation, sonner l’alarme au niveau national et international, déployer des forces armées loyalistes pour sécuriser les personnes et leurs biens… Mais hélas ! Avec plus de deux millions des déplacés au Nord-Kivu, aucune action humanitaire n’est venue de Kinshasa en faveur des victimes.
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Les députés nationaux et provinciaux dont la mission est de parler, « disputer », pour le peuple donnent leurs langues au chat même quand leurs propres villages sont incendiés. Il est vrai que plusieurs d’entre eux ont déjà envoyé leurs familles à Kinshasa ou à l’étranger. Dans leurs hémicycles, ils se livrent à des élucubrations politiques décalées du monde réel, et se refusent de voir la réalité du pays en face pour exiger un début de solution. Leurs motions de défiance ou de censure ne concernent jamais la securité de leurs électeurs. Ainsi, la rupture entre le peuple congolais et ses dirigeants politiques à tous les niveaux est consommée. Le peuple congolais est seul devant son destin. En effet, les rescapés du génocide qui se déroule actuellement à l’Est de la R.D. Congo ne savent plus auprès de qui se plaindre depuis que les dirigeants ont choisi d’être silencieux vis-à-vis des massacres et que les agents dits de l’ordre se distinguent par des assassinats, des incendies des maisons, des pillages des biens (le cas de Kasugho le dimanche dernier), etc. Après les crimes, il n’y a pas de dénonciation officielle, pas d’enquête, et donc pas de poursuite judiciaire ! Vive les crimes organisés ! Vive l’impunité.
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Kakule Mathe
Butembo
Beni-Lubero Online





