





Selon des sources diplomatiques à Kinshasa, «Joseph Kabila» a fait venir dans la capitale des «notables» de la tribu Mbunda d’Idiofa. Il a été demandé à ceux-ci de convaincre le général Faustin Munene, accusé de menées subversives, à «regagner» le pays. Selon des proches du «général fugitif» l’offre a été rejetée.
Général Faustin Benoît Munene commandant de l’Armée de Résistance Populaire (ARP en sigle).
«Faustin Munene n’est pas fou au point d’accepter une offre qui va le conduire vers une mort certaine.[NDLR: Pierre Mulele, cousin de Munene était assassiné par Mobutu à Kinshasa dans des circonstances similaires] Qui, dans le sérail politique congolais, ignore que Joseph Kabila n’a jamais été un homme de parole?». L’homme qui parle, sous l’anonymat, est un natif du District du Kwilu. Il se présente comme un «parent» au général Faustin Benoît Munene. A Kinshasa, des milieux diplomatiques assurent pourtant que des «pourparlers» seraient en cours entre la «Présidence de la République», sans d’autres précisions, et des «chefs traditionnels» de la tribu Mbunda dont est issu le chef rebelle Pierre Mulele et Munene. On apprenait des mêmes sources qu’un «accord» aurait même été conclu. Des «garanties sécuritaires» auraient été accordées à l’ancien chancelier des ordres nationaux qui, en contrepartie, devrait renoncer à son «mouvement insurrectionnel». Présenté, à tort ou à raison, comme «l’homme de l’Angola» – pays où il a fait toute sa carrière militaire jusqu’au grade de colonel, Faustin Munene semble incarner l’«opposition inattendue» au pouvoir kabiliste. Sur papier, l’homme pourrait se révéler un «trouble-fête». A douze mois de l’élection prévues en 2011, les «kabilistes» optent préfère éteindre l’incendie par le «dialogue».
Jaynet et Zoé «Kabila»
Vice-ministre de l’Intérieur, chef d’état-major général de l’armée congolaise et chef d’état-major de la Force aérienne sous Laurent Désiré Kabila, Munene a vécu une période de «disgrâce» dès l’avènement de «Joseph» à la tête du pays fin janvier 2006. Selon des témoignages concordants, les deux hommes se vouaient une «cordiale méfiance». Nommé chancelier des ordres nationaux, l’officier passait le clair de son temps à promouvoir les activités de la «Fondation Pierre Mulele». Apparemment, il était déjà dans le collimateur des «super faucons» de la «Kabilie». Au mois d’octobre 2009, sa résidence située dans la commune kinoise de Bandalungwa, est attaquée par des «hommes en uniforme». Comme à l’accoutumée, aucune enquête n’a été ouverte. Seule piste : au moment des faits, les relations congolo-angolaises étaient très détestables.
Une année plus tard soit le lundi 27 septembre 2010, nouvelle attaque. Cette fois c’est le domicile situé dans la commune de la Gombe qui est la cible. Absent du lieu, le général a eu la vie sauve grâce à un coup de fil : «Ne rentrez pas à la maison de la Gombe, des éléments de la garde présidentielle sont occupés à la perquisitionner.» C’est le début d’une cavale qui n’a rien à envier au film américain «Le Fugitif». Qui avait envoyé ces éléments de la garde prétorienne de «Joseph Kabila» ? Que cherchaient-ils ? Plusieurs personnes trouvées sur le lieu ont été appréhendées. Les proches de Munene sont formels : «Le général a échappé à un attentat». Un des fils Munene, Fabrice, affirme que Zoé et Jaynet Kabila ont été aperçus sur le lieu. «Ils avaient emmené un de nos gardiens de nuit afin qu’il leur montre les adresses des autres propriétés de notre famille», confiait-il.
Et revoici Munene…
Dans la nuit du mardi 2 au mercredi 3 novembre, le camp militaire colonel Ebeya à Kikwit est attaqué par des individus non identifiés. Bilan : une quantité indéterminée d’armes et de munitions emportée ; trois éléments des FARDC (Forces armées de la RD Congo) tués; quelques «assaillants» auraient été capturés. Qui sont les assaillants? D’où viennent-ils? Silence radio. Pour toute réponse, «Joseph Kabila» décide le déploiement d’un bataillon des FARDC dans la ville de Kikwit et le long de la rivière Kwilu. Une réaction identique avait été remarquée lors des événements de Dongo dans la province de l’Equateur. Les observateurs n’ont pas manqué de noter une mobilisation de moyens qui tranche avec l’impassibilité affichée depuis dix ans face aux groupes armés dans la partie orientale du pays.
Début novembre, le général Munene fait un bruyant «come back» sur les ondes du Web radio «Bendele». L’homme se livre à un véritable réquisitoire. «Le Congo va mal, dit-il en liminaire. La situation du pays est pire qu’à l’époque du maréchal Mobutu.» «Le pays est occupé. Les dirigeants ne travaillent pas pour l’intérêt national.» Il relate comment il a été traqué par les sbires du pouvoir kabiliste en dénonçant les moyens mobilisés pour son arrestation pendant que les soldes des militaires n’est pas payée. «L’Etat n’a pas d’argent pour rémunérer la troupe mais il en trouve pour lancer la chasse à un homme». Il pose une question qui ne manque pas de pertinence : «Tous les moyens ont été mobilisés pour Kikwit. Avait-on réagi de la même manière lorsque {Laurent} Nkunda avait lancé sa guérilla au Kivu?» Le général de dénoncer au passage l’absence d’Etat de droit. Pour lui, il a été victime d’un «règlement de comptes». «Il n’y a pas de règlement de comptes dans un Etat de droit où la responsabilité est individuelle et les différends sont réglés par voie judiciaire.» Une allusion claire à l’interpellation de ses proches et autre personnel. Après avoir qualifié le pouvoir en place de «fasciste», Faustin Munene sort l’artillerie lourde : « Faut-il aller aux élections pour voter les mêmes individus qui violent les droits de la personne humaine ?»
Dans un communiqué daté du 11 novembre attribué à l’officier, on apprend la création d’une organisation dénommée «Armée de Résistance Populaire» (ARP). On peut lire notamment : «A vous officiers, sous officiers, caporaux, soldats acquis à la cause du changement, ralliez-vous à vos frères de l’A.R.P qui combattent pour le pouvoir du peuple, par le peuple, car la victoire est certaine.» Selon certains sources, Faustin Munene, alors vice-ministre de l’Intérieur, avant «convoyé» Etienne Tshisekedi wa Mulumba en son lieu de relégation au Kasaï début 1998. Les deux hommes auraient «socialisé…». Le « cas Munene » serait suivi avec une certaine appréhension par les « stratèges » du PPRD-AMP. « Munene pourrait contrarier certains calculs politiques en 2011 », estime un analyste politique.
Issa Djema/B.A.W
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