





La Société Civile de Beni est monté au créneau pour dénoncer la poursuite du recrutement des Jeunes du Territoire de Beni par les collabos de Nkunda dont l’infiltration à Beni-Lubero remonterait au mois d’octobre 2007. Les services des renseignements de l’armée et de la police seraient sur les pistes de ces infiltrés nkundistes à partir des indications fournies par leurs infortunés camarades aux arrêts, mais il se constate une certaine complaisance dans la haute hiérarchie de la Police et de l’Armée du Territoire.
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Malgré ces accusations persistances, les proches de Nkunda interrogés par la Monuc, continuent de nier les faits en disant qu’ils sont sans fondement. Mais les nouvelles des villages et localités touchés par ce recrutement font état de la disparition de certains jeunes entre 15 et 30 ans. Comme les parents et proches de ces jeunes portés disparus ne s’inquiètent de rien, l’opinion conclut qu’ils sont au courant de quelque chose.
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Et pourquoi Nkunda est-il le premier accusé dans ces disparitions ? En effet, l’opinion retient que depuis la fondation du CNDP, Nkunda recrute si facilement, non seulement dans le territoire de Beni, fief du Ministre Mbusa Nyamwisi, mais aussi dans le RCD-K-ML, parti politique de Mbusa Nyamwisi. Ainsi, par exemple, les ex-membres du RCD-K-ML sont parmi les pilliers du CNDP de Nkunda, notamment, pour ne citer que les plus connus, le Colonel Kakolele ( Chef d’Etat Major du CNDP) et Kambasu Ngeve, ancien Gouverneur du Nord-Kivu à Beni à l’époque où Beni-Lubero-Mambasa-Ituri constituaient un territoire autonome avec comme Rais, Mzee Antipas Mbusa Nyamwisi. Malgré tous ces liens du passé, c’est le Colonel Kakolele qui est accusé d’avoir infiltré à Beni-Lubero une vingtaine de recruteurs et d’implanteurs du CNDP.
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Au jour d’aujourd’hui, 300 jeunes auraient été enrôlés à partir des localités suivantes : Mavivi, Mbau, Kokola, Maimoya, Mukoko, Oicha, Maleki, et Eringeti. Le recrutement se ferait moyennant 50 US$. Compte tenu de la crise économique du moment, les jeunes désœuvrés ou anciens enfants soldats démobilisés mais déçus par la non-réalisation des promesses du DDRR, ne résisteraient pas devant ce billet vert de 50 US$ et le prestige de porter une arme, symbole de puissance dans la région.
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Comment plusieurs humanitaires l’ont décrié, l’enrôlement des enfants ou des jeunes dans les milices ne se fait pas toujours par enlèvement ou par force, par sentiment patriotique ou pour une cause tribale, mais souvent comme une conséquence de la crise économique qui sévit au Congo. Comme dit un adage, « ventre affamé n’a point d’oreille ». Ce fait explique pour le CNDP de Nkunda comprend des congolais de toutes les tribus. Ce n’est pas à cause du projet du CNDP mais d’abord pour trouver un moyen de vivre. Les milices sont dans plusieurs coins reculés de la région les seules entreprises à même d’engager des jeunes pour un salaire deux fois supérieur à celui du fonctionnaire de l’Etat ou de l’enseignant. Ce phénomène n’est pas propre au Nord-Kivu, il est national. Le CNDP peut recruter partout au pays moyennant le même billet de 50 US$. Tout autre mouvement terroriste peut recruter au pays moyennant l’argent qu’aucun gouvernement n’a réussi jusqu’à maintenant à mettre entre les mains des congolais, des travailleurs.
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Il y a dix ans, ce phénomène de recrutement des soldats ou des rebelles avait divisé des familles à l’Est du pays. L’AFDL de Laurent Désiré Kabila avait massivement recrute les jeunes de l’Est du pays animes par un idéal noble, à savoir, mettre fin à la dictature mobutienne. Une année après, le RCD-Goma a recrute souvent dans les mêmes familles pour renverser le régime de Laurent Désiré Kabila. C’est ainsi que sur les lignes de front Gouvernement-RCD-Goma deux frères d’une même famille se battaient jusqu’à s’entretuer, non pas parce qu’ils avaient deux idéologies politiques différentes mais parce qu’ils s’étaient enrôlés dans l’armée comme dans la rébellion pour avoir de quoi manger. Ces jeunes congolais se battent pour des intérêts qui ne sont pas les leurs, étaient obligés de bombarder leurs propres villages, les maisons de leurs parents, parce que ceux qui les commandaient y avaient trouvé des ennemis.
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C’est dire que le recrutement de 300 jeunes par le CNDP dans le territoire de Beni pose un problème sérieux, un cas de conscience aux notables, parents, éducateurs, et responsables politiques de Beni-Lubero. Se laisser recruter par une rébellion qui tue des femmes et des enfants dans le territoire voisin, démontre une grave crise morale. Et si la crise économique est à la base de cette crise morale qui fait que nos bourreaux recrutent nos propres enfants pour nous tuer, alors il est grand temps que nous nous occupions des questions économiques, de l’emploi, développement, éducation, pour ramener la paix dans notre région, et dans notre pays. Beni-Lubero qui est connu comme un des poumons économiques de la R.D. Congo est donc interpellé pour faire advenir la paix par le développement intégral des beniluberois. Tant que nous n’aurons pas, au niveau local et national, d’autres alternatives à donner aux jeunes et aux adules, le Congo restera sera une pépinière des milices, des rebelles, voire des terroristes. Et dans ces conditions, personne ne sera en securité, y compris les chefs rebelles qui recrutent aujourd’hui, ceux qui leur fournissent des armes et qui pensent être à l’abri aujourd’hui. La vraie securité comme la paix est communautaire. Ce qu’on appelle securité individuelle est un leurre…
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Bobo Purusi
Malepe-Beni
Beni-Lubero Online





