





Ceux qui disent que la province du Nord-Kivu constitue le cobaye d’essai de l’occupation étrangère de l’Est de la RDC ne se trompent pas. Tenant compte de l’afflux massif des rwandais dits retournés dans la région et de la déstabilisation injustifiée des secteurs vitaux de la fonction publique, on se rend compte que quelqu’un tapis dans l’ombre planifie une occupation de plusieurs secteurs de la vie. Après l’occupation militaire par les Fardc issus du CNDP et celle des entreprises de l’Etat, on assiste aujourd’hui à l’occupation de l’enseignement avec des suspensions injustifiées des enseignants et la santé avec les attaques des centres de santé et les assassinats des infirmiers. Les observateurs indiquent que sans le contrôle de ces deux domaines vitaux de la fonction publique, l’occupation étrangère en cours ne peut porter les fruits escomptés. D’où l’acharnement actuel sur les enseignants et le personnel de santé. La corruption aidant, les leaders ou gestionnaires des différents secteurs politique, religieux, économique, etc. gardent le silence devant l’effondrement programmé des secteurs vitaux de la vie sociale, politique, religieuse, économique, etc. qu’ils dirigent sans savoir qu’après la phase actuelle de l’occupation, c’est eux les prochaines victimes.
Dans cette dépêche, nous nous pencherons sur le secteur de l’enseignement au Nord-Kivu où la condition de vie de ceux qu’on appelle localement « les professionnels de la craie » devient de plus en plus insupportable.
La Province Educationnelle Nord-Kivu II (Beni-Lubero) qui compte actuellement 22 771 enseignants des écoles publiques seulement ne compte que 7 148 enseignants payés par le gouvernement soit 31,3%. Les enseignants non payés sont donc au nombre de 15 623 soit 68,7%. Pourtant, très régulièrement on observe le SECOPE exiger 2 dollars américains aux nouvelles unités pour que celles-ci soient aussi mécanisées et payées. Elles reçoivent des numéros matricules fantômes c’est-à-dire portant la mention NP (Non Payé) sur le listing de la paye mensuelle. Pire encore même certains qui étaient jadis payés se trouvent omis de la liste : leurs numéros sont suspendus, disent les gestionnaires.
Paradoxalement, même les agents provinciaux ne sont pas épargnés, dit le Directeur Provincial. Il faut trouver urgemment et localement pour ces derniers … et pour sortir de cette crise, le Chef de la Division Provinciale de l’EPSP / Nord-Kivu II, Monsieur KALUMWENDO KOMBI Constantin (le PROVED), a signé en date du 31 Janvier 2011 une Note Circulaire ciblant plus de 160 écoles où seront affectés les agents provinciaux non payés par le Gouvernement.
La Note Circulaire
A en croire le PROVED du NORD-KIVU II (Beni-Lubero) chaque école doit supporter un agent provincial en le payant au taux de l’enseignant le plus haut gradé de l’école. Ce qui porte à croire que la Province éducationnelle NORD-KIVU II (Beni-Lubero) compte en elle seule plus de 160 agents non payés ! Le nombre des agents payés reste inestimable.
L’on comprend donc que c’est le parent de l’élève qui doit supporter la prime des enseignants, des Inspecteurs, des Agents Provinciaux, sans minimiser les frais de Construction, de Fonctionnement… peut-être bientôt ceux des ministères provinciaux et nationaux ! Qui sait ?
Comme si cela n’était déjà assez, l’Association Nationale des Parents Elèves du Congo (ANAPECO) de la Province Educationnelle Nord-Kivu II (Beni-Lubero) vient de prendre aussi sa décision : « Chaque élève doit payer 300 Francs Congolais pour le seul bureau de ladite ANAPECO. Comme pour dire que l’élève doit payer son parent… !
Eu égard à cette situation, les enseignants se trouvent en marge. Le parent du Congo lui sait que son argent est payé à l’enseignant qui passe tout son temps avec son enfant = ovulemberi » en Kinande.
Qui doit sauver cette situation? Qui doit valoriser la personne de l’enseignant ? Il semble que c’est l’enseignant lui-même… Mais, les enseignants qui osent s’opposer à la circulaire du PROVED subissent des intimidations de la part de leurs Chefs d’Etablissement ou des Gestionnaire d’Ecoles qui, quand bien même ils ne seraient pas d’accord, sont obligés de conserver coûte que coûte leurs postes. Le cas le plus récent est celui de l’enseignant KAHINDO KAHURANIA, professeur de Mathématique à l’Institut Nderembi à Butembo, commune Mususa au quartier Katwa. Il a subit une mutation disciplinaire pour l’Institut Londo près de Mahamba en Commune Kimemi, une école moins viable que la première, avec mise en garde d’écartement du milieu éducationnel… D’autres par contre ont reçu des lettres de demande d’explication qui, probablement, s’en suivront d’une ouverture d’un dossier disciplinaire…
Ni les parents d’élèves, ni le Gouvernement, ni les élus du peuple, ni les hommes de Dieu c’est-à-dire les Gestionnaires des écoles conventionnées,… personne qui plaide la cause des enseignants. Il ne reste à ces derniers qu’à recourir à son Syndicat. Chaque jour ils crient, dénoncent, pleurent… Réponse du berger à la bergère : « Le chien aboie et la caravane passe ! » disent les autorités. Le cris de toujours des enseignants est « On ne récolte pas là où on n’a pas semé. »
Mais alors les Enseignants de Butembo s’interrogent sans espoir de trouver une réponse satisfaisante :
– quel a été le critère de ciblage des écoles qui doivent supporter ces agents Provinciaux ?
– les écoles non ciblées sont-elles vraiment épargnées ?
– où va-t-on caser les agents non mécanisés du Ministère, des sous-provinces et ceux des différentes Coordinations?
– Le service du SECOPE sera-t-il du reste ? qui mécanise qui ? Quand ? Comment ? et pourquoi ?
– La Province Educationnelle Nord-Kivu II (Beni-Lubero) n’est-elle pas un champ expérimental pour le Ministère de l’EPSP pour la mise en œuvre d’un nouveau système de gestion des écoles pour créer la place aux retournés du Rwanda et de l’Ouganda ?
– Qui justifiera les 300 Francs Congolais imposés aux élèves par l’ « ANAPECO » ?
Position des parents : l’argent à payer aux agents provinciaux ne doit pas toucher la rubrique « Construction »
Position des enseignants : que la rubrique prime n’en souffre aucunement.
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Correspondance particulière d’un enseignant inquiet de Butembo
Butembo
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