





Les observateurs indépendants de la situation du Nord-Kivu tirent une sonnette d’alarme : Il n’y a pas de guerre contre les mutins de Bosco Ntaganda ! La guerre s’il y en a une, serait contre l’intégrité territoriale de la RDC. Le phénomène de mutins de Bosco Ntaganda ne serait ainsi qu’un nième alibi d’une guerre qui dure depuis 1996 et dont tous les belligérants ont le même commandant suprême, à savoir les USA et alliés (Canada, Angleterre, Israël, Australie, Belgique, Allemagne, Hollande, France, Norvège, Italie), comme premier sous-traitant : le régime Rwandais, deuxième sous-traitant : le régime Ougandais, troisième sous-traitant : le régime de la RDC.
Les observateurs de la situation de l’Est de la R.D. Congo avaient déjà prédit que la balkanisation de la R.D.C aurait besoin d’une grande guerre dans sa phase finale. Selon la théorie de Milton Friedman, le père de la thérapie du choc qui fut expérimenté par les américains en Amérique Latine et en Indonésie dans les années 1970-80 et qui en vigueur au Kivu-Ituri, « seul un grand choc administré rapidement et avec une grande intensité, peut produire un véritable changement de mentalité, et faire que ce qui paraissait politiquement impossible devienne politiquement inévitable »[1]. Le Kivu-Ituri est soumis à une cure intensive de violence depuis l’agression rwando-ougandaise de la RDC en 1996. Cette cure intensive de violence s’est accrue sous Laurent Nkunda (avec le Massacre de Kiwanja en Territoire de Rutshuru) et avec Bosco Ntaganda (les assassinats des civils, militaires congolais, chefs coutumiers, et autres personnalités politiques). La résilience des paisibles populations du Kivu-Ituri et l’immensité du territoire visé par les conquérants sont deux faits qui amortissent tant soi peu cette thérapie de choc. Aussi, faut-il ajouter que l’idéologie du génocide est étrangère aux populations congolaises au point que les conquérants n’ont jamais réussi à opposer les tribus congolaises les unes aux autres. Seuls quelques extrémistes et militaires aux cerveaux lavés par la thérapie du choc sur les îles du Lac Kivu conduisent les opérations de la thérapie du choc devant aboutir à la balkanisation du Kivu-Ituri. C’est ici qu’il faut rappeler aux congolais que tous les rwandais ne sont pas acquis à la cause de l’occupation rwandaise de la RDC. Leur résistance à ce plan machiavellique contribue ainsi à l’échec de la thérapie du choc. Les retournés du sud de Lubero en donnent l’exemple en contredisant le HCR qui voulait les présenter comme congolais.
L’inexistence des mobiles vrais du conflit congolais milite aussi en faveur du peuple congolais qui a battu en brèche tous les mensonges essayant de donner un fondement au conflit. Quand on dit que le problème c’est le manque de démocratie, le peuple accepte le dialogue, les élections, etc., mais au lieu de la paix, une autre crise est lancée avec un autre mobile. Comme le premier belligérant dans le conflit congolais étant aussi la grande puissance mondiale (les USA), les contradictions ainsi que la non application des principes démocratiques passent inaperçus à l’ONU, dans les ONG, etc. qui toutes sont financées par elle (USA). Comme dans la tradition Nande, on dit que ‘’ Omukama syaliviha » (le roi ne ment pas même quand il ment car personne n’ose le lui reprocher par peur de ‘’erihalya’’. Depuis le lancement de la guerre d’agression rwando-ougandaise, la guerre a ainsi changé plusieurs fois d’objectifs et cela jusqu’ à nos jours. Cela est un signe que cette guerre vise autre chose que ce qui est dit. Comme la guerre américaine contre le terrorisme, la guerre du Kivu-Ituri est sans fin dans sa conception tant qu’elle n’aura pas accompli un changement radical du Kivu-Ituri.
Rappelez-vous qu’en 1996, les Banyamulenge avaient pris les armes pour réclamer la nationalité zaïroise retirer de tous les rwandais qui vivaient au Zaïre par la loi du 29 Juin 1981. Cette dernière reconnaissait comme zaïrois les personnes descendants des ancêtres qui vivaient dans l’espace Zaïre le 1er Août 1885 et non le 30 juin 1960 comme dans la loi du 1er Août, 1964. D’après Ludo Martens, ce retrait de la nationalité jadis accordée collectivement aux rwandais était consécutive à un rapport des services secrets zaïrois selon lesquels le gouvernement américain était en pourparlers avec des tutsi pour créer un parti politique pour l’après Mobutu. Mis au parfum du coup fourré, le constitutionaliste Mobutu ordonna une révision immédiate de la loi en matière de nationalité, œuvre que conduisit la commission Vangu Mambweni.
Quand les peuples du Kivu s’allièrent aux FAZ pour barrer la route à la rébellion des Banyamulenge, les conquérants du Kivu-Ituri recrutèrent Mzee LDK pour créer l’AFDL, premier cache-sexe de l’agression rwando-ougandaise de la RDC.
Une fois au pouvoir, l’AFDL accorda la nationalité congolaise aux Rwandais qui l’avaient reçu collectivement en 1960. Après, les banyamulenge demandèrent à Mzee LDK de leur donner aussi son poste présidentiel.
En 1998, après avoir échappé à plusieurs tentatives d’assassinat, Mzee LDK ordonna le retour des rwandais et des ougandais de l’AFDL dans leurs pays respectifs et décrit l’AFDL comme »un conglomérat d’aventuriers » qui n’avaient aucun projet de développement pour la RDC.
Le 2 Août 1998 : Le RCD-Goma fut créé avec un nouvel objectif, à savoir, démocratiser la RDC. Un communiqué lu par Le Général Ondekane sur toutes les radios du Nord-Kivu reprocha à Mzee LDK de n’avoir donné des postes qu’à des ressortissants du Katanga. En effet la liste des noms des Katangais membres du gouvernement était longue comme celle du gouvernement Matata. Mais très vite, plusieurs membres fondateurs du RCD-Goma découvrirent le manque de démocratie au sein du RCD-Goma et une mainmise du Rwanda dans la gestion du RCD-Goma. Une sécession eut lieu pour donner naissance au RCD-K-ML et au RCD-N qui trouvèrent des parrains en Ouganda comme le MLC.
En 2002, dialogue intercongolais suivi en 2003 par la formation du gouvernement 1+ 4=0
En juin 2003, Laurent Nkunda et Jules Mutebusi refusèrent de s’intégrer dans l’armée nationale. La même communauté internationale qui avait intimidé les politiciens congolais à Pretoria de signer l’accord global et inclusif sous peine d’être poursuivis comme ennemis de la paix, resta silencieuse devant la mutinerie de Laurent NKunda et de Jules Mutebusi. Le processus de balkanisation venait de commencer. Pour délimiter la région à balkaniser, d’autres milices furent créées en Ituri foulant aux pieds une clause de l’accord global et inclusif selon laquelle ‘aucun mouvement rebelle ne serait toléré’’ sur toute l’étendue du territoire national après le dialogue intercongolais de SUN CITY/RSA.
2006 : Joseph Kabila gagne les élections. Il croit qu’il est le président d’une république réunifiée. Mais le jour de sa prestation de serment, Laurent NKunda attaque le Masisi et menace de descendre sur Goma. Objectif : défendre la minorité Tutsi. Les victimes de la thérapie du choc sont pourtant des congolais de toutes les ethnies. Joseph Kabila tente d’attaquer les rebelles de Laurent Nkunda mais essuie un échec lamentable. Des mois passent, les fonds promis pour la reconstruction du pays ne viennent pas. Joseph Kabila va en Chine qui lui promet 10 milliards des dollars. Les USA et alliés se mettent en colère. Laurent Nkunda a le vent en poupe et arrive aux portes de Goma avec ses troupes. Un coup de fil de Bill Clinton, un ex-président américain lui demande de reculer. Ouf de soulagement pour Joseph Kabila.
Joseph Kabila découvre la réalité du pouvoir dans un monde dominé par les multinationales et la Haute Finance Internationale. Il ordonne la résiliation des 10 Milliards des contrats chinois auxquels il préfère les quelques millions de la FMI et de la Banque Mondiale. Comment disent les Nande ‘’ Mwany’iyalya vike yanamataha’’. Joseph Kabila conclut l’accord du 23 mars 2009 en position de faiblesse. Son régime devient vassal des multinationales au même titre que le CNDP, le Rwanda, l’Ouganda, etc. Le seul commandant c’est les USA, alliés et leurs multinationales.
Pour contrôler militairement les opérations l’AFRICOM s’installe à Kisangani.
Seul le peuple congolais n’a pas d’alliés. Il est la victime par excellence.
Pour distraire le peuple congolais, surtout pour l’empêcher de ne pas s’engager dans une révolution armée comme celle qui libéra les américains du joug des Anglais, les gouvernements derrière le projet de balkanisation du Kivu-Ituri financent ONG, société civile, églises pour organiser des séminaires de formation, administrer des soins palliatifs, etc. Les ONG sont en effet les premiers employeurs au Kivu-Ituri. Pendant que les militaires chargés de la thérapie du choc administrent la violence sous fortes doses, certaines ONG se soucient des chimpanzés, du Parc National des Virunga. D’autres distribuent des moustiquaires. D’autres encore font une campagne pour la vaccination des bébés ou la prise en charge médicale des femmes violées. Mais une fois vaccinés, ses bébés qui ne sont pas sécurisés succombent à la thérapie du choc. Il en est de même des femmes violées qui repartent chez elles après traitement à Heal Africa/Goma ou PANZI /Sud-Kivu avec une machine à coudre. Un mois après, elles sont de nouveau violées ou tuées. Les ONG entretiennent ainsi un faux espoir de stabilité. Les animateurs de ces ONG ne sont pas responsables de leurs actions. Comme les congolais, eux aussi sont victimes des multinationales. La campagne dans les pays d’Amérique du Nord et de l’Europe appelée ‘’ Occupy Wall Street » dévoile les méfaits des multinationales qui enrichissent 1% des riches et laissent 99 % des citoyens dans la galère.
Les mouvements rebelles et milices opérant au Kivu-Ituri sont comme les ONG, les gouvernements payés par le conquérant en chef pour entretenir le climat du choc. Des études (Filip Reyntjens) ont déjà établi la collaboration qui existe entre les FDLR, CNDP, Fardc, Armée Rwandaise, Armée Ougandaise, LRA, ADF-NALU, voire les Faux Mai-Mai. Les armées du Rwanda, Uganda, RDC ainsi que tous ces mouvements rebelles sont des armées du business (extraction des ressources naturelles) et non des forces de protection des civils.
Pourquoi n’y a-t-il pas de vraie guerre contre les mutins de Bosco Ntaganda ?
Bosco Ntaganda comme Laurent Nkunda sont retirés de l’avant-scène pour redonner une certaine crédibilité au régime congolais mais aussi à la communauté internationale qui a perdu toute morale dans les affaires de la RDC. Le Fait de parler de l’aviation congolaise qui bombarde Runyonyi redore le blason du pouvoir du régime congolais sorti des élections frauduleuses, une fraude préparée au vu et au su du PNUD/Monusco comme l’a révélé le Pasteur Mulunda qui ne veut pas porter seul la responsabilité.
Ce qu’on appelle guerre au Nord-Kivu est donc une grande diversion.
Le film des évènements de la mutinerie des hommes de Bosco Ntaganda est révélateur : La CPI demande l’extradition de Bosco Ntaganda qu’elle qualifie d’ailleurs de sujet Rwandais. Bosco Ntaganda et ses hommes vident les dépôts d’armement et emportent véhicules militaires au Rwanda. Du Rwanda, ils reviennent pour attaquer les camps militaires où des congolais mal armés succombent. Quand les opérations de l’armée congolaise prennent leur vitesse de croisière, Kinshasa demande à l’armée congolaise de reculer. Avant de capturer Bosco Ntaganda Kinshasa suspend les opérations militaires. Les mutins se regroupent et attaquent. Kinshasa bombarde leurs positions mais les mutins ne sont pas délogés. Au contraire, les mutins prennent position dans le Parc National des Virunga où ils attaquent les populations civiles, militaires et policières congolais mal armés. Après le Masisi et le Rutshuru, c’est donc Beni-Lubero qui est visé. Les bombardements des mutins provoquent des pertes humaines parmi les populations de Rutshuru. Ils participent ainsi à la méme thérapie du Choc contre les populations civiles. La RDC qui a plus de 100 000 militaires n’en a pas assez pour écraser des mutins estimés à quelques centaines. Peuple congolais, ouvrez les yeux.
Un peu avant ce qu’on appelle Guerre du Nord-Kivu, des informations ont circulé et dont l’origine doit être le laboratoire de la thérapie du choc, sur la formation des nouvelles alliances entre milices au Nord-Kivu : Alliance Cheka-Bosco, Alliance Lafontaine-Kahasha, Alliance FDLR-Bosco, Alliance FDLR-Lafontaine, Alliance Mai-Mai- Janvier, etc. La concomitance de ces alliances difficiles à vérifier avec la mutinerie du CNDP démontre bien qu’elles sont des stratégies élaborées dans le même laboratoire de la thérapie du choc avec comme objectif de trouver un casus belli dans tous les coins du Kivu-Ituri pour conduire la bataille ultime de la balkanisation. Ainsi après une fausse-vraie défaite des mutins en Territoire de Rutshuru et dans le Parc National des Virunga, l’aviation congolaise pourra bombarder le territoire supposé être le fief de la milice Lafontaine –Kahasha, Checka-CNDP, ainsi de suite. En province orientale, la chasse à Joseph Kony fera l’affaire. Autour du Massif du Rwenzori, l’ADF-NALU constituera le casus belli. Comme depuis 2009, les populations civiles sont victimes et des rebelles et du régime de Kinshasa. Les bombardements de Runyonyi l’ont prouvé.
Que faire ? Le peuple congolais doit exiger les preuves d’une vraie guerre, plus de transparence dans la conduite des opérations militaires et surtout des mesures des protections des populations civiles. Le gouvernement doit informer les congolais sur les opérations en cours.
L’opposition politique congolaise s’il y en a une, devrait exiger une transparence dans les opérations militaires au Kivu-Ituri, une enquête parlementaire pour tirer au clair la question des milices FDLR, CNDP, M23, ANC/CNDP, LRA, ADF-NALU. Le peuple congolais a besoin de savoir pourquoi le gouvernement congolais n’en a jamais fait une priorité ? On a vu le gouvernement déployé les chars dans les rues des grandes villes du pays contre les congolais lors des élections de 2011. Mais jamais on a vu la même démonstration de force contre les FDLR, LRA, ADF-NALU, etc. Où sont les QG de ces milices ? Qui sont leurs animateurs ?
La prudence demande au peuple congolais de ne pas se laisser duper par une guerre qui peut en cacher une autre plus généralisée, plus meurtrière, et qui connaitrait la participation de la RDC, de l’Ouganda, et du Rwanda pour administrer la grande thérapie du choc dont l’objectif est de rendre inévitable la balkanisation qui parait encore impossible aux congolais. Cette guerre que Bosco Ntaganda a rendue possible n’est donc pas celle que la RDC attend livrer un jour contre ses tueurs. Un officier de la LRA arrêté en Centre Afrique. Rwanda et Ouganda sont inquiètent et en alerte aximale, craignant une attaque des mutins de Bosco Ntaganda et leurs alliés. On se croirait en 1996 avec des faux prétextes sécuritaires du Rwanda, du Burundi et de l’Ouganda. Une centaine des militaires américains déjà à pied d’œuvre dans la région. L’Africom visible au front du Nord-Kivu…Des opérations discrètes. Une population entre le marteau et l’enclume, sans protection aucune lors des attaques. Le décor de la bataille ultime du Kivu-Ituri est donc déjà planté. Aux congolais de lui résister et de dénoncer ses mensonges à peine voiler.
Edgar Kahindo et Obède Bahati
Beni
©Beni-Lubero Onlin
[1] Naomi Klein, The Shock Doctrine, The Rise of Disaster Capitalism, Metropolitan Books, New York, 2007, p.6





