





Cela fait 5 ans jours pour jour que les Pères assomptionnistes Edmond, Bamtupe et Jean-Pierre ont été enlevés dans la paroisse de Mbau. Des rumeurs allant dans tous les sens ont circulé. Certains affirment qu’ils auraient été tués pour avoir refusé de nier leur foi chrétienne. D’autres affirment qu’ils seraient encore vivants. Mais à mesure que les jours passent plus on court le risque de les oublier ainsi que bien d’autres filles et fils qui continuent à être victimes de cette barbarie indescriptible.
Pour éviter que ce crime contre l’humanité soit oublié, le Supérieur général des Augustins de l’Assomption, dans une lettre très émouvante, invite les religieuses et religieux de la famille de l’Assomption à tenir toujours vive la mémoire de ces serviteurs de Dieu. Il assure toute la population du Nord-Kivu de ses prières, en ce moment très sombre de son histoire.
Ci-dessous, la lettre du Supérieur Général de la Congrégation des Augustins de l’Assomption, à ses religieux.
« Lettre du supérieur général aux religieux assomptionnistes, aux sœurs de la famille de l’Assomption, aux laïcs de l’Alliance assomptionniste.
« N’OUBLIONS PAS »
Chers Frères, chers amis
Voilà 5 ans que nos trois frères, Jean-Pierre, Edmond et Anselme, ont été capturés par une bande armée. Depuis nous attendons dans l’espérance et la prière. Malheureusement nous sommes sans aucune nouvelle digne de foi et notre attente se prolonge dans une incertitude absolue. Je rédige cette lettre dans le seul but de maintenir vivante notre espérance. Un chrétien ne peut se résigner à laisser le silence et la mort triompher. Notre Dieu est le Dieu de la vie.
Je renouvelle ma fraternelle attention aux membres des familles éplorées. Pour elles, la disparition est une tragédie qui se prolonge jour après jour. L’absence d’informations et l’incurie des autorités civiles suscitent amertume et tristesse. Je dis aussi mon amitié aux religieux de la province d’Afrique et plus particulièrement aux assomptionnistes, aux Oblates, aux Orantes et tous les consacrés du diocèse de Butembo-Beni. Vous êtes exposés à la violence et aux exactions. Je pense en tout premier lieu à notre frère Vincent Machozi qui a été massacré sous les yeux de sa mère. Je n’oublie pas non plus les deux prêtres diocésains qui ont été enlevés depuis plus de 100 jours. Je prie aussi pour le peuple du Nord-Kivu qui est continuellement exposé aux exactions des troupes armées qui sillonnent la région. Les assomptionnistes sont solidaires de la population qui paie un lourd tribut à la violence et au mal.
Je vous invite tous à redoubler d’effort pour la paix et la réconciliation. Cela passe bien évidemment par un élan de prière. Mais il est nécessaire de travailler à l’unité comme nous le demande le 33ème chapitre général. Nous sommes « des hommes d’unité dans un monde divisé ». Je souhaite que les comités et commissions « Justice et Paix » des paroisses, des provinces et des mouvements d’Action catholique auxquels nous collaborons s’emparent de ce thème de l’unité. Nous pouvons contribuer à la venue d’un monde nouveau construit sur la dignité et le respect des personnes. Notre petite famille présente dans plus de 30 pays doit pouvoir sensibiliser l’opinion publique à cette cause de la paix au Congo et se faire le relai auprès des médias de la situation endurée par la population du Congo (RDC) depuis trop d’années.
Je demande à Notre-Dame de l’Assomption de faire de nous tous des artisans de paix et d’unité.
Fraternellement.
Rome, le 19 octobre 2017
Père Benoît GRIÈRE a.a.
Supérieur général »





