





En plus des tueries, les attaques des veillées mortuaires, les viols des femmes et des hommes, incendies des maisons, la destruction des récoltes dans les champs par des vaches brouteuses et sans frontières, braquages sur les routes, les forces de l’ennemi larguées dans la région poursuivent leur guerre psychologique contre les populations civiles par une nouvelle tactique, à savoir, l’enlèvement des civils. Cette tactique a certainement pour but de priver aux proches des victimes l’équilibre psychologique que procure le deuil chez les Nande. En effet, le deuil chez les Nande permet à la famille éprouvée de se refaire psychologiquement et d’intégrer, à la longue, la mort dans le train normal de la vie et de repartir. Cela n’est pas le cas quand il s’agit de l’enlèvement d’un être cher qui entretient le qui-vive et maintient les proches des victimes dans l’angoisse et la peur : Notre proche est-il encore vivant ou mort ?
C’est ainsi que les observateurs pensent que l’ennemi voudrait utiliser la technique de l’enlèvement pour déstabiliser davantage les populations civiles de Beni-Lubero dont le pacifisme au milieu des massacres dont elles sont victimes laisse perplexe. En effet, depuis 1996, les survivants de la guerre d’occupation tiennent miraculeusement la tête haute en dépit du grand choc provoqué par les actions déstabilisatrices énumérées ci-haut.
Après le Dr Mukongoma enlevé le 1er juillet de l’hôpital d’Oïcha, les enlèvements suivants ont été transmis à la rédaction de Beni-Lubero Online.
- Mr. Moise KAGHOMA KAMUNDU (27 ans), Chef de Parking de l’Association des taxi-moto/FENAPEC de MAVIVI (15 km-Nord de BENI, en Collectivité Beni-Mbau). Il a été enlevé de son domicile par des hommes armés vers 21h de lundi 25 juillet 2011, jusqu’aujourd’hui, ses proches n’ont aucune de ses nouvelles. En longeant le chemin emprunté par ses ravisseurs, ses proches ont retrouvé sa carte d’électeur, sa chemise, et un de ses souliers. Un signe qu’il a été tabassé ou qu’il avait essayé de se battre contre ses ravisseurs. La veille de son enlèvement, c’est-à-dire le dimanche 24 juillet, 3 prisonniers s’étaient évadés de la prison sans portes de KANGWAYE de Beni. Le mercredi 27 juillet, 10 autres prisonniers se sont évadés de la même prison resté depuis le 9 mars. Entre la déstabilisation en cours de Beni-Lubero et ce relâchement des malfaiteurs, il y a certainement un lien.
- Mme Jeanne KATHUNGU KATEMBO (45 ans), Résidente du Quartier MASOSI, Cellule CAFEZA, en Cité d`OICHA (Chef-lieu du Territoire de Béni), a été enlevé le Jeudi 21 juillet vers 21h00 de son domicile par 6 hommes armés qui ont pris par la suite la direction de KAMANGO-NOBILI (Chefferie de Watalinga) vers la frontalière avec l`Ouganda.
- Mr DRAGOULA, taximan de MBAU (chef-lieu de la Collectivité de Béni-Mbau a été enlevé à MAYMOYA (45 km-Nord de Beni, en Groupement de Bambuba-Kisiki, en Secteur de Beni-Mbau le 17 juillet. Profitant de la soulardise de ses ravisseurs, Mr Dragoula s`est échappé le jeudi 21juillet dernier, soit 4 jours après sa capture. Il raconte que ses ravisseurs l’avait conduit dans la forêt d`ABIALOS, à une vingtaine de km au nord-est de Maymoya. Depuis lors, il évite la presse et vit en semi-clandestinité.
- Mr. KALINDI, Mr KASULE et Mr MATAKO YA CHUNGU, ont été kidnappés à la confluence des rivières Lume et SEMULIKI le 8 juillet dernier, et depuis on n’a pas de leurs nouvelles.
- Mr MATESO KITAMULIKO Philippe, résident au Quartier MATONGE sur rue Mbutsi, en ville de Beni avait été kidnappé dans son champ vers 15h`de mercredi 20 juillet, sur l`axe KADOU, dans le Quartier NGADI (Commune MULEKERA, Ville de Beni ). Profitant de l’état d’ébriété de ses ravisseurs qui pillent plus qu’ils ne peuvent emporter, Mr Mateso s’était aussi sauvé de justesse.
Comme le taximan DRAGOULA, Mr Mateso vit aussi en semi-clandestinité. En effet, les ravisseurs doivent avoir des complices dans l’armée et dans la police déployées dans nos villes et cités. Autrement, ils n’opéreraient pas en plein jour non loin des commissariats de la police et des casernes des militaires. Et quand même un poste de police est mis au courant d’un acte d’enlèvement, il n’y a pas de réponse conséquente, par exemple, une poursuite des ravisseurs. La réponse habituelle de la police est que les ravisseurs sont tellement armés qu’il faut une grande coordination policière pour tenter une libération des otages. A l’heure actuelle, cette grande coordination n’a pas encore eu lieu. Et si elle avait lieu un jour, les observateurs craignent qu’elle ne soit dirigée plus contre la population locale que contre les ravisseurs. En effet, avec la recrudescence de la violence dans la région, la police et l’armée seraient les plus en alerte du monde. Mais tel n’est pas le cas. Tout est calme dans les commissariats et les casernes militaires. La guerre en cours est contre les populations civiles congolaises.
Obède Bahati
Beni
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