





La violence qui a élu domicile à Oïcha, chef-lieu du Territoire de Beni, ne donne pas de répit même pendant la semaine sainte des chrétiens. La nuit du jeudi au vendredi 22 avril 2011 a été un véritable calvaire pour la paisible population d’Oïcha. Comme toujours, la violence de cette nuit n’était pas le fait d’un FDLR, ADF, NALU, Mai-Mai mais d’un Sergent du nom de Willy EWOBO OBO de la 6ième Brigade des FARDC et de sa bande des malfaiteurs. Ce dernier a opéré avec sa bande toute la nuit durant dans les quartiers PAKANZA, Oïcha 1er, et BAKAHEKU.
Vue des Quartiers Oicha 1er et Bakaheku
Ne se doutant de rien car habitué à la sale besogne, le Sergent voleur a été reconnu ce matin vers 7h00 par ses victimes de la nuit. Il portait une sacoche pleine d’argent, téléphones, montres, et autres biens de valeur. Arrivé dans le quartier commercial sans savoir qu’il était déjà repéré par ses victimes de la nuit, le Sergent voleur a commencé à faire des achats. Entretemps, les victimes qui l’épiaient avaient fait appel à la Police qui pour une fois, n’a pas tardé à venir.
A l’approche des policiers, le Sergent voleur a pris la fuite. Les Policiers tirant à l’air se sont mis à ses trousses. Une foule des gens a suivi les policiers pour les aider dans la chasse à l’homme. Le Sergent voleur s’est introduit dans une maison d’une femme aux mœurs légères d’où il a commencé à tiré à l’aide d’une kalachnikov en direction des policiers et de la foule qui le pourchassaient. Ayant épuisé ses cartouches, le Sergent voleur a lancé une grenade qui n’a pas fait de victimes. Ne pouvant plus se défendre, le Sergent a de nouveau tenté de s’enfuir. Un policier a tiré dans ses jambes pour mettre fin à sa course. Il était 10h30. L’opération a donc duré trois heures. La population a voulu l’achevé à coups de pierres et des bâtons mais la Police l’a protégé dit-elle pour raison d’enquête. Comme il saignant abondamment, la Police l’a conduit à l’Hôpital Général d’Oïcha pour des soins intensifs.
Plus la nouvelle de sa capture se rependait dans la cité, plus les gens qui n’ont pas confiance en la justice congolaise affluaient vers l’Hôpital pour demander sa mise à mort. Pour éviter tout débordement, plusieurs militaires Fardc ont été déployé aux abords de l’Hôpital pour empêcher tout accès au pavillon où le Sergent voleur était aux soins intensifs. Les Fardc ont recouru aux tirs à l’air au sein de l’hôpital pour contrôler la foule des jeunes qui devenait difficile à contrôler. Ces tirs ont indisposé les malades et les soignants.
Une vue de la foule massee devant l’Hôpital
La tension y était vive toute la journée dans la cité. Le calme est revenu tard le soir après que la Société Civile, la seule institution crédible du lieu, ait appelé la population à l’apaisement par la voie de la radio, après avoir expliqué le pourquoi des tirs de la journée.
Tout en saluant, pour une fois, la bravoure et la rapidité avec laquelle la police a réagi aux appels de la population, le Président de la Société Civile du Territoire de Beni, appelle l’auditorat militaire à ouvrir un dossier judiciaire à l’encontre du Sergent Willy et de tous les éléments de sa bande qui courent toujours.
En attendant la réaction du commandant Fardc de la place, il sied de voir une fois de plus que l’insécurité tant décriée dans la région est l’œuvre des militaires et des policiers. Depuis que cette dénonciation est faite, on se rend compte que le gouvernement congolais n’est pas déterminé à régler le problème sécuritaire à l’Est du pays. Les Militaires et les policiers congolais ne sont pas payés car leurs salaires continuent d’être détournés ou « coiffer » à Goma. Et ceux qui les détournent vers des destinations connues de tous ne sont jamais inquiétés. Au contraire, ils poursuivent une politique de complaisance à l’égard de la violence qui secoue la région, sans aucun état d’âme pour les populations victimes.
La clochardisation des militaires et des policiers congolais semble servir plusieurs buts à la fois, notamment, cacher les militaires rwandais présents dans la région et attribuer la violence aux congolais eux-mêmes ( le cas du Sergent Willy EWOBO OBO) ; démontrer que les militaires congolais sont un ramassis des voleurs et d’indisciplinés ; éliminer à petits feux les militaires et les policiers congolais par des condamnations à la peine capitale ou à la prison à perpétuité. Ainsi, les militaires et les policiers congolais seraient des victimes de l’occupation rwandaise de la région au même titre que les populations civiles.
Toute cette situation catastrophique des militaires et des policiers congolais date du jour où le Président Joseph Kabila, à l’insu des institutions citoyennes de la République dont l’Assemblée Nationale dirigé alors par Vital Kamerhe, avait craché sur les six millions des morts congolais, en permettant l’entrée de l’armée rwandaise dans un Kivu qu’elle fait saignée en blanc depuis 1996. C’est pourquoi tant que la situation de l’armée ne sera pas tirée au clair à l’Est de la RDC, le processus électoral en cours n’aboutira pas et il n’y aura pas de paix. Ceux qui veulent aller aux élections dans ces conditions contribuent à l’occupation à peine voilée de la région.
Obède Bahati
Oïcha
©Beni-Lubero Online





