





“Le travail ennoblit l’homme”, dit-on. Par le travail, l’homme s’épanouit, il se sent heureux de vivre, il transforme les choses et la société. Il apprend bien des choses, développe ses facultés et se dépasse. Cependant, dans notre contexte où le travail devient une menace contre la dignité humaine, l’on se demanderait si cette vérité est toujours d’actualité.
Le récit biblique sur la création dans le livre de Genèse 2,8-15 montre que la grande activité que Dieu avait confiée à l’homme après l’avoir créé était de cultiver le sol et de garder le jardin dans lequel il l’avait établi. Il s’agit ici pour l’homme de transformer et de préserver la création pour son bien-être. L’accomplissement de ce mandat enrichit la personnalité humaine car il permet à l’homme de mettre en valeur ses dons, en même temps qu’il participe à l’œuvre du Créateur. Personne n’a le droit de violer cette dignité que Dieu lui-même traite avec grand respect. Le chômage et l’oisiveté ne se conjuguent donc pas avec le destin de l’homme tel que voulu par Dieu.
La croyance selon laquelle le travail serait une malédiction à cause de la peine et la fatigue qui l’accompagnent, est loin d’être conforme à la vérité énoncée ci-haut. Vivre sans travailler, quand on en a les capacités, est contraire à la volonté divine. D’ailleurs, il suffit de voir à quel point la personne au chômage est démoralisée pour se rendre compte de quelle bénédiction elle est privée. En effet, le chômage crée chez le chômeur un complexe croissant d’infériorité, tout autant que la personne oisive a peu d’estime dans la société.
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Le travail apporte satisfaction, non seulement par l’activité qu’il assure, mais parce qu’il permet de produire, de créer, d’être utile. C’est pourquoi l’apôtre Paul dit aux croyants de la ville de Thessalonique que celui qui ne travaille pas vit dans le désordre (2Thessalonissiens 3,11-12). Ce désordre consiste à vivre en parasite, à ne pas contribuer au développement de la société dans laquelle on vit, mais aussi et surtout, à ne pas reconnaître que le travail est un mandat que l’homme a reçu de son Créateur.
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Quoi dire alors quand le travail, au lieu de servir à l’épanouissement de l’homme, contribue à sa destruction?
Les conditions actuelles sont telles que l’homme est obligé de travailler au-delà de ses capacités naturelles dans l’espoir de pourvoir, un tant soit peu, à ses besoins vitaux ainsi qu’à ceux de sa famille. Ce qui n’est pas sans répercussions négatives sur son bien-être. Pendant ce temps, le repos, pourtant recommandé par le Créateur, on en bénéficie dignement que dans la tombe!

Pour bon nombre de ceux qui travaillent, le produit du travail ne leur permet pas toujours de satisfaire les besoins essentiels. Faut-il parler du salaire? C’est pour la plus part des cas un salaire de misère, c’est-à-dire un salaire qui entraîne le bénéficiaire et tous ses dépendants, lentement mais sûrement vers la mort. Pendant qu’on travaille dans des conditions peu humaines, on mange mal, on dort mal, on se fait mal soigner, bref, on vit mal et on meurt très mal, le cœur plein de chagrin.
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L’homme ne doit pas être forcé au chômage, moins au chômage déguisé. Il ne doit pas non plus travailler à mort dans l’espoir de survivre. Il nous semble que l’homme est plutôt devenu victime des structures du péché qu’entretiennent les gouvernants dans les différentes institutions censées servir le peuple. Faire travailler quelqu’un en le soumettant à des conditions infra-humaines ou en lui octroyant un salaire qui ne lui garantit que la mort, c’est le tuer à petit feu.
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Faute de courage pour lutter contre ces structures du péché, nos compatriotes se réfugient dans des groupes dits «de prière» où des prétendus serviteurs de Dieu, érigés en véritables gourous, inventent des discours qui promettent une intervention miraculeuse de Dieu pour éliminer la misère. N’ont-ils pas frais à l’esprit le récit d’un Dieu qui sert gratuitement de la manne aux enfants d’Israël pendant leur pérégrination dans le désert! Ils se rappellent aussi, comme si c’était hier, ce Seigneur qui multiplie miraculeusement cinq pains et deux poissons pour nourrir une multitude qui, au lieu de travailler, ne fait que prêter oreille à ses discours pleins de charisme! N’est-ce pas le même Seigneur qui a mandaté l’homme à travailler? Certes, Dieu n’a pas changé mais il est souverain quant à l’opération des miracles. Il ne peut toutefois pas contredire les normes qu’il a lui-même établies.
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D’autres compatriotes, ceux-ci, créatifs à l’excès, inventent plusieurs techniques de survie. Ceux qui espèrent dormir pauvres et se réveiller riches se bousculent dans la magie, quelle que soit sa couleur, et empruntent le chemin du soi-disant «deuxième monde» où l’on fabriquerait des millionnaires à moindres frais.
D’autres encore se spécialisent dans des sales besognes à multiples facettes. C’est le cas de tristement célèbres coupeurs des routes, des gens qui entretiennent des maisons de tolérance, des gangs armés qui sèment la désolation dans nos villes et villages. C’est aussi le cas de ces agents de l’Etat qui exigent la corruption comme préalable pour tout service à rendre quand bien même ceci s’inscrit dans leurs attributions régulières. Et que dire de ces exhibitionnistes qui, tout en jurant faussement au nom de la culture africaine, dansent courageusement moitié-nus en public pour gagner un peu de sous, au grand plaisir des voyeurs!
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Tout travail honorable doit viser l’épanouissement de l’homme: tant sa vie corporelle, intellectuelle et morale que son avenir matériel ainsi que celui de sa famille ou sa communauté.
Quand on travaille, on doit vivre dignement d’autant plus que le travail libère de la pauvreté. L’on devrait bannir tout langage de fatalité qui vise à sacraliser la pauvreté. La misère ne devrait pas être légitimée comme étant la volonté de Dieu pour le peuple. Il serait d’ailleurs utopique de vouloir recruter des citoyens modèles parmi les pauvres. Aussi, quand on travaille, on exerce les capacités reçues de Dieu pour le bien de tous. Enfin, quand on travaille, on acquiert une identité dans la société où l’on vit. L’être humain ne peut s’épanouir que dans sa relation avec les autres.
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Dans notre contexte où les vertus sont prises en dérision et les vices convoités, il sied de rappeler que celui qui travaille doit jouir du fruit de son travail pour qu’il s’épanouisse conformément à la volonté de son Créateur. C’est pourquoi, l’on devrait encourager l’amour du travail, l’amour du travail bien fait. Cela étant, toute personne qui, quelle que soit sa position politique, religieuse ou sociale, fait travailler le peuple pour la mort est un criminel qu’il faille remettre sur le droit chemin.
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Benjamin KISONI
EVALIT Butembo (Evangélisation par la littérature)
Contact : (00243)0998688318
Année 2007.
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