




Le message était clair sur les banderoles des manifestants de Butembo : « Le Grand Nord s’oppose au déploiement de la Brigade qui est actuellement stationnée dans le Camp Militaire de Rumangabo ». En effet, aucun congolais sérieux ne croît au brassage des éléments de cette brigade dont le contrôle revient exclusivement à ceux qui ont dès le début de la transition ramer en contre courant du processus de démocratisation et de la pacification du pays. Le doigt accusateur pointe les autorités politico-militaires du RCD-Goma, un parti politique proche du Rwanda. D’après les forces vives du Grand Nord qui ont manifesté à Butembo, la plupart des militaires qui circulent dans l’espace Masisi, Goma, Rutshuru, Walikale sont d’origine douteuse vu l’état de no man’s land qui y règne depuis le début de la transition et les incursions multiples de l’armée du Rwanda dont on a souvent signalé leur entrée au Congo mais jamais leur départ. Dans ce no man’s land on ne voit pas l’autorité de ce qui reste de l’Etat congolais. Les dissidents de l’armée nationale y font la loi sans être inquiété par personne. On se rappelle aussi que les militaires de cette espace de tous les dangers s’étaient opposés au brassage avec les militaires envoyés de Kinshasa en 2004 pour pacifier la province après l’occupation de Kanyabayonga par des troupes rwandophones.
Suite à la pression de la CIAT, les autorités de Goma ont, pour tromper la vigilance, commencé à parler le langage de brassage de l’armée, pas avec toutes les régions militaires du Congo mais seulement avec les militaires du Sud-Kivu et ceux des territoires de Beni et Lubero, qui constituent au Nord-Kivu le bastion de la résistance à l’occupation rwando-ougandaise de la R.D. Congo. Ce brassage à sens unique et partisan qui cache mal leur volonté d’occuper par le truchement du brassage les territoires qu’ils n’ont jamais réussi à contrôler au plus fort de la guerre, est ce qui pousse les Forces Vives du Grand Nord à s’opposer au déploiement des militaires stationnés à Rumangabo.
La seule question que les Forces Vices du Grand Nord continuent à se poser concerne la position du Gouvernement de Transition ainsi que celle des hommes politiques originaires du Nord-Kivu sur ce no man’s land et les militaires insubordonnés qui y opèrent. A l’exception des quelques politiciens originaires de la région qui ont déjà eu à fustiger le soutien de certaines autorités de Kinshasa aux militaires dissidents qui opèrent au Nord-Kivu, on ne peut comprendre qu’un gouvernement d’un pays souverain donne sa langue au chat face à ce que les analystes de la scène politique nationale considèrent comme la bombe à retardement qui d’un jour à l’autre peut remettre les compteurs de la démocratisation à zéro.
Malgré les signes qui ne trompent pas sur l’organisation imminente des élections en R.D.Congo, les Forces vives du Grand Nord constate malheureusement la poursuite du plan machiavélique de l’occupation de la partie orientale du pays par les agresseurs d’hier et leurs complices congolais. Sachant que la plupart des politiciens actuels sont une création ex-nihilo de l’entreprise juteuse de l’agression de la R.D. Congo, on comprend que ces derniers ne peuvent cracher sur l’assiette où ils ont mangé car il en va de leur propre avenir politique. Comme conséquence, à quelques semaines de la tenue des élections, le peuple abandonné à lui-même commence à retrouver sur son chemin les pratiques et les maux dont il espérait se débarrasser en acceptant de s’engager dans le processus électoral.
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Ainsi le long processus démocratique dans lequel les congolais se sont engagés depuis le dialogue intercongolais de Sun City en Afrique du Sud, pourrait se présenter comme une autre stratégie de la poursuite de la guerre d’occupation de la R.D. Congo par d’autres moyens, à savoir, l’organisation des élections. Les concepteurs de ces élections doivent se frotter les mains à la vue des résultats positifs les favorisant. De son côté, le peuple ne voit pas encore d’issue à sa souffrance et à sa misère. Feu Mzee L.D. Kabila n’avait-il pas raison en se méfiant des politiciens de Kinshasa qu’il traitait des prostitués politiques ? En effet, on peut dire aujourd’hui que l’ennemi du Congo a réussi moyennant la promesse du pouvoir et des espèces sonnantes à mettre dans sa poche la quasi totalité de ce qu’on appelle la classe politique congolaise, à savoir les membres de l’espace présidentiel, les ministres, les députés et sénateurs, les patrons des entreprises de l’Etat, les partis politiques alimentaires, des ONG, voire quelques leaders des confessions religieuses. Au total, pour avoir la R.D.Congo sous sa coupe, l’ennemi de la R.D. Congo n’aura eu qu’à nourrir et à promettre monts et merveilles à quelques 10 000 milles âmes de la classe politique pour venir à bout de sa guerre contre 60 millions des congolais. Qui peut être plus malin ! Du coup la guerre des politiciens affamés est finie. Ceux qui n’avaient plus quitté la capitale depuis des années de disette sont regaillardis par l’heureuse organisation des élections au Congo et s’affairent à retrouver leurs villages sur la carte du Congo pour se refaire une base politique, acheter quelques consciences ici et là pour la cause de leurs candidats ou pour eux-mêmes, etc. une stratégie qui semble marché car, comment on dit, ventre affamé n’a point d’oreille.
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Mais que peut-il se passer si les élections n’arrivent pas à remettre la R.D. Congo sur les rails ? A partir de notre trombinoscope, il est difficile de voir des lueurs d’espoir pour les 60 millions des congolais. Après l’arrangement des politiciens avec les parrains de l’occupation de la R.D. Congo, la guerre du peuple risque de recommencer de plus belle, car la parodie de démocratisation du pays n’aura pas mis fin à l’insécurité généralisée, à l’établissement d’un Etat de droit sur toute l’étendue de la R.D. Congo. L’opportunité des prochaines élections n’offre pas toutes les garanties de mettre hors jeu tous les candidats mercenaires qui n’attendraient que leur élection pour brader à leur tour le patrimoine congolais. Ce mauvais jeu a assez duré. Mais pour l’instant, les élections du 30 juillet prochain sont la première occasion en or pour le peuple congolais de sanctionner tous les candidats mercenaires ! Aux Forces Vives d’aider le peuple à distinguer parmi les candidats aux élections le bon berger des mercenaires !
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P. Vincent K. Machozi, a.a.
Boston, USA,
Beni-Lubero Online
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