





Biographie
Jean I.N. Kanyarwunga est né en 1953 à Mugwata (Nord-Kivu) en République Démocratique du Congo. Il est licencié en Histoire de l’Université de Lubumbashi et diplômé en Etudes du développement à l’Université de Genève (I.U.E.D.). Il a été professeur puis fonctionnaire au ministère du Plan à Kinshasa. Il est installé à Genève depuis 1985.
From: Jean KANYARWUNGA
Date: Sun, Jun 17, 2007 3:22 am
To: benilubero@benilubero.com
Subject: Nouveaux ouvrages africains
Genève, le 17 juin 2007
Concerne : Parution d’ouvrages sur la R. D. du Congo
Monsieur, éditeur de Beni-Lubero Online
Les éditions PUBLIBOOK à Paris viennent de publier mes ouvrages (http://publibook.com/boutique2006/auteurd.php?auteur=9747) de l’ouvrage : "République démocratique du Congo. Les générations condamnées. Déliquescence d’une Société précapitaliste (Histoire politique)" et du roman de Société "L’Envers du parchemin". Ceux-ci ont reçu un accueil au-delà de toutes mes attentes à la Foire du Livre de Bruxelles (28 au 3 mars 2007), à la Foire internationale du Livre de Paris (23 au 27 mars 2007) et au Salon du livre et de la Presse de Genève (du 2 au 6 mai 2007). Après l’accueil chaleureux des milieux universitaires européens, je suis convaincu qu’ils connaîtront le même succès auprès des Congolais, Européens, Américains, des voyageurs, des coopérants, des chercheurs africains et africanistes…
En vous remerciant d’avance de l’accueil et de la diffusion que vous accorderez à mes ouvrages, je vous prie de croire, Madame, Monsieur, à l’assurance de ma considération distinguée.
Jean I. N. KANYARWUNGA
Chemin Jacques-Attenville 12
1218 Le Grand-Saconnex/Genève
Tél. /Fax ++41 22 798 71 08
E-mail: jk.swit@freesurf.ch
2. R.D.C. : Les Générations condamnées, Déliquescence d’une société précapitaliste
Par Jean I. N. Kanyarwunga
Notre avis : L’histoire du Congo est complexe. Les différentes blessures que le monde lui a infligées, les plaies qu’il s’est ouvertes lui-même, l’ont affaibli. A feu et à sang durant des siècles, ce pays doit désormais se reconstruire. Pour cela, il lui faut connaître son histoire. Jean Kanyarwunga estime aujourd’hui que les congolais ont pris assez de recul pour accepter enfin la vérité et regarder en face les grandes erreurs qui ont modelées leur pays. Objectivité et relativité sont les maîtres mots de cet essai qui vous offre aujourd’hui le détail de la mort de milliers de vies.
Résumé : On dit souvent qu’il faut se retourner sur notre passé afin d’apprendre les erreurs faites et ne pas les recommencer. Le colonialisme est une des plus importantes erreurs des pays occidentaux. Avec barbarisme, sauvagerie, ils ont annexé des pays encore "sous-développé" afin de les réduire à l’esclavage. Le Congo fait partie des contrées annexées. Après avoir porté plusieurs noms, après avoir subi la famine, la maladie et après avoir dû supporter des dictateurs et des esclavagistes, il est aujourd’hui libre. Libre, oui mais est-il sauvé?
2. L’Envers du parchemin, par Jean I. N. Kanyarwunga
Notre avis : La force d’un "je" au service d’un roman fortement autobiographique qui n’a pas peur de dénoncer et de faire mal. La puissance d’une réflexion qui analyse avec beaucoup de pertinence la société congolaise actuelle au bord de l’anarchie, entre classe politique corrompue, traditions bientôt obsolètes et espoirs souvent déçus. Une peinture dure, parfois cruelle, mais sincère et vraie.
Résumé : Il a 23 ans et est né en République Démocratique du Congo. Licencié en philosophie, il est tiraillé entre sa famille, sa fiancée qui l’attend dans son village natal et ses ambitions dans la société congolaise. Entre traditions étouffantes et espérances modernes, il apprendra malgré lui que les rêves ne correspondent pas forcément à la réalité. Et s’habituera à être déçu par ses modèles, à reconnaître une élite hypocrite et corrompue…
"L’école où je pousse nos enfants tuera en eux ce qu’aujourd’hui nous aimons et conservons avec soin, à juste titre. Peut-être notre souvenir lui-même mourra-t-il en eux. Quand ils nous reviendront de l’école, il en est qui ne nous reconnaîtront pas. (…)"
Cheik Hamidou Kane – L’aventure ambiguë
Prologue
Le chef était ivre de rage et ses mains tremblotaient nerveusement. Dans ses yeux éraillés brillait une lueur furibonde. Jadis auréolé de gloire, il ne pouvait accepter une telle infamie de la part du fils de l’un de ses sujets, même si celui-ci était l’un de ses meilleurs amis. Pis encore, celui avec lequel il était lié par un pacte de sang depuis deux décennies. Il se sentait non seulement trahi par les hommes mais surtout abandonné par ses ancêtres.
Certes les choses avaient changé mais pas au point que son pouvoir puisse lui attirer mépris et déconsidération de sa propre progéniture. N’appartenait-il toujours pas à la race des seigneurs ? Il décida de convoquer l’aède boiteux qui jadis le réconfortait avec ses analectes gnomiques. Après l’avoir grassement nourri et abondamment abreuvé d’hydromel, il lui confia sa peine et le pria de le consoler. Dès qu’il eut minutieusement accordé sa cithare, ce dernier entonna la complainte de la défaite :
— "J’ai chanté les panégyriques et les épopées pour des puissants rois. "J’ai composé des apologues à partir de leurs apophtegmes pour exalter leur gloire. "J’ai exalté la beauté des reines à travers mes cantates.
"J’ai célébré les prouesses des foudres de guerre et des preux au retour des campagnes victorieuses. "J’ai aussi consolé les vaincus avec mes élégies et les ai accompagné avec mes cantabiles dans leur exil sans cesser de leur prodiguer des leçons de sagesse.
"S’il est agréable de se hisser à l’acmé de la gloire, il est aussi désagréable d’accepter de dégringoler au crépuscule de sa vie. "Toutes nos actions braves ou lâches, bonnes ou mauvaises se consumeront aussi futilement sous les cendres de l’Histoire.
Et tous, riches ou pauvres, puissants ou faibles, nous deviendrons poussière,
"Car le pouvoir est aussi périssable que les brindilles qui se consument sous les flammes.
"Ainsi passe la gloire du monde."
Après la ritournelle, il avala une gorgée d’hydromel… puis s’enquit auprès de son amphitryon s’il devait continuer sa déclamation. Celui-ci acquiesça sans sourciller :
— Vas-y gave-moi des extraits de ton triste florilège.
La vérité n’a jamais été belle surtout pour ceux qui tentent de se l’approprier et de l’imposer aux autres…
Ce qui est vrai aujourd’hui peut devenir faux demain.
De tous temps monarques et roitelets l’ont appris à leur corps défendant, car pendant qu’un trône vacille, un autre s’érige.
La vérité est qu’il est très difficile au monarque, si puissant soit-il, de percevoir le vent du changement qui souffle de derrière son trône.
Car il doit toujours se tenir face à ses sujets.
A ces mots le vieux chef ne put réprimer une larme au coin de ses yeux.
— Dois-je continuer ? S’enquit de nouveau le cithariste.
— Continue saltimbanque, ce que tu dis est vrai. Cette fois-ci je ne puis me dérober car je n’ai plus grand chose à perdre. Mais pourquoi personne ne m’a jamais parlé comme toi auparavant ?
— Parce que tout ce que vous vouliez d’eux, c’était qu’ils vous soient agréables. Que n’ont-ils fait pour cela ?
Des chansons à votre gloire, des danses extatiques et des slogans louangeurs qui flattaient votre orgueil ! Avez-vous songé un instant qu’elles humiliaient ceux qui devaient les psalmodier à chaque cérémonie ?
— Mais dis-moi pourquoi dans mes vieux jours, je ne puis même compter sur la fidélité de mes meilleurs amis ?
Dis-moi pourquoi leurs enfants me trahissent et me méprisent ? Explique-moi pourquoi mes enfants ne peuvent pas jouir du passé glorieux de leur père ? J’avais misé sur l’hyménée de ma fille pour assurer une succession digne.
Si je ne peux compter sur ma progéniture masculine, ai-je au moins le droit de voir mes petits-enfants assurer la pérennité de ma dignité. Ne puis-je guère jouir de la simple dignité d’un grand-père ? Pourquoi la fatalité s’acharne-telle sur moi ?
— Avez-vous jamais eu des véritables amis ou des simples courtisans ? Vous avez été hostile aux changements au moment propice, condamnant les vôtres au passéisme.
Quand vous déconseilliez à vos enfants d’aller à l’école étrangère, aviez-vous réalisé que vous leur barriez également la voie vers la modernité ? Doutiez-vous qu’un jour on vous mépriserait pour cela ?
— J’étais le garant de l’ordre et j’incarnais la tradition séculaire. L’école constituait une rupture. Il fallait que je m’interpose pour conserver les fondements même de notre culture millénaire.
— Vous avez eu tort. Vous étiez allergique au changement car vous étiez jaloux de vos prérogatives. Vous avez taillé la tradition à vos mesures. Aujourd’hui vous êtes
victime de votre entêtement. Acceptez donc le verdict de l’Histoire. Avez-vous d’autre choix ?
— Balivernes Elégiaque ! Je n’ai jamais bafoué mes convictions. Je suis humilié par la félonie du fils aîné de mon meilleur ami. C’est lui qui est responsable de la rupture
du pacte de sang. Aussi longtemps que je vivrai, personne ne pourra impunément vilipender nos traditions.
— Des traditions archaïques et arriérées comme ce pacte de sang !
Entonnez donc le chant imprécatoire et nous verrons qui en pâtira.
— Etes-vous conscient des conséquences fâcheuses qui peuvent en découler ?
— Oui, j’en suis pleinement conscient.
— Il faut d’abord réunir tout le village car c’est une sentence publique. Il faut des témoins, plusieurs témoins.
Le chef envoya quérir le crieur public.
Le héraut éberlué se mit à battre le grand tambour. Les villageois curieux cessèrent toute activité et se rassemblèrent autour du rastaquouère. Cela faisait très longtemps que ce tambour n’avait résonné. La nouvelle devait donc être grave pour que leur chef vieillissant ait fait appel à ce métèque. Sans se départir de son calme, le ménestrel empoigna sa cithare et se mit à réciter la sentence de la malédiction devant leurs visages inquiets et superstitieux.
"En l’appelant Promesse-Ndagano –, ô toi qui dispenses la vie – Ruzima –, tu le prédestinais à perpétuer un univers de prospérité.
"En épousant Nyabana-La mère par excellence – il aurait été notre Ptolémée et aurait pérennisé notre consanguinité.
"Quel beau spectacle tu nous as ravi ?
"Quelle heureuse alliance tu t’es privée ?
"En envoyant ton fils à l’école étrangère, tu croyais peut-être qu’il apprendrait ainsi à mieux servir tes intérêts.
"Ta prémonition s’est avérée fausse, car il te méprise autant que nous tous.
"Après tant d’années de privations, d’efforts et de sacrifices, tu ne peux plus espérer de lui que trahison et imposture.
"Aujourd’hui tu dois assumer le poids de la malédiction.
"Car un pacte de sang se retourne toujours vers celui qui a forligné. "Cela ne s’apprend pas à l’école de la mission. "C’est un principe universel.
"Ne t’étonne donc pas si ta lignée en subit les avatars.
"En outre, tu dois renoncer aux gages de la dot anticipée et aux acquêts des accordailles. Quant à la rançon de ta félonie,
"Tous tes descendants vivront dans l’abjection.
"Tes enfants deviendront des forbans et des brigands.
"Ils se livreront aux stupres et se vautreront dans les marivaudages.
"Ils deviendront des sacripants et périront dans des rixes sanglantes.
"Les célibataires ne rencontreront jamais d’âmes sœurs car les regards des soupirants éventuels se détourneront de tes filles en âge nubile.
"Les entrailles des mariées s’assécheront comme des marigots sans pluie tandis que les seins des mères tariront comme des gousses sèches.
"Les forces de la nature se déchaîneront contre toi et tes biens.
"Pendant que les pluies diluviennes charrieront tes récoltes, la foudre s’acharnera contre les fugitifs dans les abris les plus solides. Les rivières en crues emporteront leur cheptel en pâture, tandis que les fourmis carnivores dévoreront les familles endormies.
"La peste bubonique, les pians, la lèpre, la variole et autres calamités mineront leur vie.
"Les dartres incurables rappelleront à ta descendance le souvenir de ta forfaiture.
"A leur passage on la montrera du doigt en brocardant : voilà le clan des maudits.
"Comme toi, tes agnats apprendront à leurs dépens qu’un homme a le droit de changer de position au lit, mais ne peut changer la position de sa langue dans la bouche.
"C’est le prix de la violation du code d’honneur dans notre tradition séculaire."
Pendant que le banquiste reposait sa cithare, les femmes versaient des larmes et les hommes réprimaient des plaintes muettes. Tandis que le chef impassible gardait son attitude faussement altière. Accablé par les échos de la cérémonie qui se déroulait à la place du village, Ruzima se préparait déjà à quitter définitivement la région ; car il ne pouvait supporter une journée de plus ne fut-ce qu’un seul regard inquisiteur de ses voisins.
Devant le visage meurtri de mon père, je me réveillai brusquement, le corps halitueux, la respiration accélérée.
Jamais de ma vie je n’avais eu un tel rêve mais heureusement pour moi, ce n’était guère qu’un horrible cauchemar.
Rien ne présageait de si funestes augures. Et pourtant j’étais derrière les barreaux d’une geôle ignoble sans savoir pourquoi. Dans le long couloir qui reliait ma cellule aux autres, le silence nocturne était ponctué par les pas réguliers des gardes-chiourme, les râles sibilants et les ronflements de mes camarades d’infortune. Je me demandais à chaque réveil quand se terminerait mon calvaire.
L’oracle du destin
Jean I. N. Kanyarwunga
Geneve
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