





Le Lundi 22 septembre 2008, le R.P. Kakule Tsongo Michaël, assomptionniste de Butembo, R.D. Congo, a défendu avec brio son mémoire de Licence en Sagrada Escritura (Ecritures Saintes) à l’Universidad Pontificia Comillas de Madrid.

R.P. KAKULE TSONGO MICHAËL, A.A.(Madrid)
Le Jury était composé d’ Elisa Estévez López (Directrice du travail), de Secundino Castro (Chef du département) et de Pablo Alonso (jeune Docteur espagnol récemment sorti de Biblicum/Rome).

R.P. Michaël Tsongo, a.a. avec la Directrice de son Mémoire Elisa Estévez López
Beni-Lubero Online présente ses vives félicitations à ce prêtre beniluberois qui a démontré sa compétence et son excellence en connaissance biblique dans sa cinquième langue, l’espagnol, qui vient s’ajouter à son Kinande de son quartier natal Makasi / Butembo, son Kiswahili, son Lingala et son Français. Nous sommes sûrs que le Père Michaël ne va tarder à traduire en actes concrets son exégèse de la femme courbée de l’Evangile de Luc en l’appliquant aux congolais « aux fronts longtemps courbés » et dont la redressement voulu et promis peine depuis des années à dépasser le simple constat, le simple diagnostic, la simple prédication, etc. A la suite et à la manière de Jésus, la recherche de Michaël nous invite tous à passer des lamentations à l’action concrète pour faire la différence dans la vie des congolais courbés par une guerre économique honteuse qui leur est imposée de l’extérieur depuis 12 ans !
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Beni-Lubero Online
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PRESENTATION DE LA DISSERTATION
LA GUERISON DE LA FEMME COURBÉE EN LUC 13,10-17
LE REGARD DE JÉSUS AU-DELÀ DE LA SIMPLE CONSTATATION
La guérison et la libération des personnes ou des groupes, surtout les plus marginalisés est une réalité de tous les temps. Nous nous sommes appliqués à étudier ce phénomène à partir de la praxis thérapeutique de Jésus. Parmi les multiples guérisons opérées par lui, il nous a plu de nous arrêter un instant sur la guérison de la femme courbée (Lc 13,10-17), récit unique dans tout le NT et dans lequel nous découvrons certaines de caractéristiques de la plume lucanienne ; notamment Lc 4,18s : pneu/ma kuri,ou evpV evme. ou- ei[neken e;crise,n me euvaggeli,sasqai ptwcoi/j( avpe,stalke,n me( khru,xai aivcmalw,toij a;fesin kai. tufloi/j avna,bleyin( avpostei/lai teqrausme,nouj evn avfe,sei. Sachant ce que représentent les lois de pureté dans la religion juive, qu’est-ce qu’une femme courbée vient chercher dans une synagogue ? Pourquoi, à la différence des autres récits de guérisons, Jésus n’attend pas qu’on lui demande explicitement le miracle ? Que représente cette figure féminine anonyme ? Pourquoi le chef de la synagogue, dans sa réaction, n’ose pas s’adresser directement à Jésus ? Pourquoi décharge-t-il sa colère sur la foule innocente ? Pourquoi, Jésus, répondant au chef de la synagogue, emploie le pluriel u`pokritai ? Telles sont les questions qui ont orienté notre analyse.
Tout commence par un regard (v.12 : ivdw.n de. auvth.n). C’est également ce regard qui a attiré notre attention. Du coup, Jésus arrête sa prédication. Il se voit dans l’obligation d’intervenir pour restaurer la créature de Dieu. La majorité d’auteurs s’arrêtent sur cette figure féminine comme symbole de tous les peuples courbés (malades et privés de toute liberté) qui ont besoin de redressement. Il en ressort clairement la tendre attention que Luc veut nous transmettre de Jésus ; à savoir la libération des marginalisés. Lc 13,10-17 est visiblement constitué de deux récits : une guérison à laquelle avait été ajoutée ultérieurement une controverse. Ceci nous donne à penser aux conflits entre l’Eglise primitive et le Judaïsme officiel.
Cette même présentation du Jésus historique peut aujourd’hui être relue et comprise en fonction de nouveaux aréopages de l’Evangélisation. La condition de la femme dans le troisième Evangile n’a pas seulement une valeur historique ou technique, elle a aussi des conséquences théologiques et rejoint l’actualité la plus récente. C’est ce même Jésus qui nous pousse aujourd’hui à l’auto-critique dans la façon de louer Dieu, de gérer notre monde et de vivre ensemble avec nos frères et sœurs courbé(e)s. Notre travail s’est articulé essentiellement sur 4 volets :
Le premier chapitre, de caractère tout à fait technique, nous rapproche de la richesse du texte par une étude critique-littéraire : traduction du texte du grec au français, critique textuelle, critique littéraire. Si le récit est exclusif en Lc, cela pose la question des sources et de la critique de la rédaction dans laquelle nous avons évalué les apports lucaniens et le Sitz im Leben.
Dans le deuxième chapitre, nous avons parlé de la manière dont ont été transmis les miracles des guérisons dans l’AT, dans le monde Greco-romain et dans les Synoptiques afin de mieux percevoir la profondeur du miracle contenu en Lc 13,10-17. En fait, les récits que nous lisons aujourd’hui s’étalent sur une vingtaine des siècles. Leurs auteurs, c’est sûr, doivent avoir subi l’influence de leurs milieux. Le cadre du message qu’ils transmettent est à considérer en relation avec la vision du monde qui leur est propre.
Le troisième chapitre a été consacré à l’analyse exégétique des mots que nous avons jugés fondamentaux dans le récit (Lc 13,10-17). Ensuite, nous avons dressé un parallélisme entre Lc 13,10-17 et Lc 14,1-6, deux miracles de guérions (le premier en faveur d’une femme et le second en faveur d’un homme) opérés le jour du sabbat et qui ont abouti dans une controverse.
Dans le quatrième chapitre, parmi les nombreux thèmes qui ont surgi lors de l’analyse de Lc 13,10-17, nous en avons choisi trois : 1) Jésus et la libération des femmes chez Luc, 2) Jésus et la nouvelle interprétation du sabbat en Luc, 3) L’image de Jésus thaumaturge dans l’Evangile de Luc.
En effet, du milieu de la foule, cette femme courbée est appelée par Jésus (v.12 : prosefw,nhsen kai. ei=pen auvth/|). Du coup, elle change de status. De la marginalisation, elle est placée au centre de la synagogue où elle est amenée à jouir de la plus totale visibilité. Jésus ne le lui reproche pas sa présence dans la synagogue, il ne l’humilie pas non plus. Cette sortie de l’anonymat la fait passer du silence à louange à Dieu (v.13 : evdo,xazen to.n qeo,n), en signe de gratitude, une des vertus précieuses du monde meditérrané antique.
Par ce miracle, Jésus enseigne que honorer la personne humaine est la nouvelle façon d’honorer Dieu. L’action de Jésus, non seulement rend manifeste la guérison de la femme, mais aussi invite la foule à reconnaître, à l’estar de la sagesse et la puissance merveilleuses de Dieu comme cela est décrit dans les grands événements de l’histoire du salut chez le peuple d’Israël (v.17 : toi/j evndo,xoij toi/j ginome,noij u`pV auvtou) ; notamment Ex 34,10 ; Dt 10,21 ; Is 45,12.16 ; 48,9 rappelant la restauration d’Israël (Ac 15,16). Rien d’étrange que cette guérison soit décrite en terme de restauration immédiate (v.13b : paracrh/ma avnwrqw,qh) : 2S 7,13.16.26 ; 1Cr 17,12.14.42 ; Jr 10.12 ; 40,2 ; 42,2Ps 144,14 ; 145,7b-8.
A tous les niveaux, le monde nécessite une profonde guérison. Ainsi, pouvons-nous partir de la vie et de la pratique de Jésus pour récupérer la dignité humaine, l’auto-estime, l’espérance, le protagonisme créatif d’une société vraiment vivante et viable comme prémices de la venue du Règne de Dieu en nous et autour de nous.
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KAKULE TSONGO MICHAËL, A.A
Madrid (Espagne)
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