





Retour sur l’attaque d’Ofaye du 1erseptembre 2021
Pour la première fois, depuis le début des massacres en territoire de Beni, les Congolais ont eu l’occasion de se faire une idée précise du déroulement de la tragédie qui sévit dans cette partie du pays. Grâce aux images du téléphone d’un voyageur à bord d’une voiture, les Congolais ont assisté à l’angoisse de leurs compatriotes qui voyaient venir la mort à mesure que des coups de feu et les assaillants approchaient du convoi des véhicules.
L’histoire retiendra que la voiture, une de celles incendiées ce mercredi 1erseptembre, sur le tronçon Komanda – Luna, faisait partie d’un convoi sécurisé par les FARDC et la MONUSCO, à partir de Beni. Il s’agissait des casques bleus du contingent indonésien.
Selon une femme rescapée qui s’est exprimée dans une vidéo, le convoi, une fois arrivé à Ofaye, le véhicule de la MONUSCO, qui roulait à l’avant, s’est arrêté pour des raisons inconnues. Il s’est mis à klaxonner, puis s’est éloigné laissant le convoi sur place. C’est alors que des assaillants ont surgi de la brousse et ont commencé à attaquer les voyageurs et à incendier leurs véhicules. La femme rescapée qui témoigna dans la vidéo affirme que les assaillants s’exprimaient en kinyarwanda, et qu’ils étaient accompagnés de femmes et des enfants. C’est une description qui correspond à la plupart des témoignages des victimes et des rescapés depuis le début des massacres en octobre 2014.
Quelques semaines avant cette attaque, un groupe de miliciens se présentant comme étant des Banyabwisha », avaient affirmé dans une vidéo qu’ils étaient des « ADF » et qu’ils menaient des attaques parce qu’on ne les considère pas comme des Congolais, et qu’on les traite de Rwandais. La question de savoir qui sont les auteurs des massacres dans le territoire de Beni, et dans le territoire voisin d’Irumu, ne se pose donc plus.
Sur le plan politique, cette attaque a eu pour effet de discréditer profondément, aussi bien la MONUSCO que les FARDC, qui assuraient la sécurité du convoi. Le comportement des casques bleus qui étaient dans le véhicule à l’avant du convoi, a été particulièrement suspect. Il donna à penser que les casques bleus avaient envoyé un signal aux assaillants qui attendaient dans la brousse, à cet endroit précis.
Du côté des FARDC, nos sources nous renseignent que le commandant qui devait assurer la sécurité du convoi, avait disparu de la circulation la veille et ne s’était pas présenté au lieu du rendez-vous à l’heure du départ du convoi de Beni. Où était-il parti ?
Une armée désorientée par Kinshasa
Une autre source nous apprend qu’une unité commando, qui était en poste à une position appelée « Trois antennes », avait reçu l’ordre de quitter cette position où elle a été remplacée par une unité de l’infanterie, moins fiable. Qui a donné l’ordre aux commandos de quitter leur position avant l’attaque ? Il nous revient que les violences contre la population civile dans cette partie du pays s’inscrit dans le cadre d’un agenda dont la mise en exécution est assurée par les officiers et les troupes issus des mouvements armés créés par le Rwanda, à savoir le RCD-Goma, le CNDP, le M23. Ces militaires ont toujours refusé d’être mutés vers d’autres provinces. Et lorsque Kinshasa envoie de nouveaux militaires dans le but de changer la situation sur terrain, les réseaux des militaires issus des brassages s’activent pour compliquer leurs missions sur terrain. Ils sont privés de renseignements, de moyens financiers et même du matériel, et ce, malgré les fonds débloqués par le gouvernement qui sont détournés.
L’armée envoyée par Kinshasa à Beni fonctionne avec au moins deux chaines de commandement. Lorsque les militaires reçoivent une mission précise de protéger la population contre une attaque en préparation, d’autres militaires reçoivent l’ordre de laisser se commettre l’attaque. Sur terrain, les militaires se retrouvent ainsi entre eux dans la cacophonie et des incompréhension, ce qui facilite la tâche aux égorgeurs.
Désiré Katembo
©Beni-Lubero Online





