





Lisons Charles Onana : Kagame, les richesses du Congo et l’institut POLE
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L’une des critiques adressées aux Congolais(es) lisant Charles Onana est que ce dernier écrit ce que nos compatriotes aiment entendre pour se conforter dans leur position de « victimes d’un complot mondial » et nier leurs responsabilités dans la tragédie que connaît l’Afrique des Grands Lacs en général et le Congo en particulier. Souvent, les sources auxquelles Charles Onana recourent ne sont pas mises en question.
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En bon journaliste d’investigation, il rencontre certains témoins de la tragédie congolaise ; ceux-ci lui parlent. Ils fouillent les archives et lit les rapports de certaines organisations internationales et régionales. Le chapitre 9 de son livre intitulé « Ces tueurs tutsi. Au cœur de la tragédie congolaise » fait le lien entre la manipulation médiatique orchestrée par les extrémistes tutsi (Kagame, Kabarebe, Nkunda, Ruberwa, Bizima Karaha, etc.) au nom du « génocide rwandais » et le soutien accordé au think tank de Kagame dénommé Institut Pole. A partir de ses investigations, il se rend compte que Kagame est sous-traitant des entreprises des multinationales occidentales et que certains pays non cités abondamment par les médias internationaux et nationaux participent du pillage des ressources du sous-sol congolais. C’est le cas de l’Allemagne.
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« Le coltan (ou colombo-tantalite) est, écrit Charles Onana, l’un des minerais les plus pillé par les extrémistes tutsi au Congo. D’énormes cargaisons sont transportées, de nuit comme de jour, de l’Est du Congo vers le Rwanda. Une fois à Kigali, où s’approvisionnent des groupes mafieux, des multinationales et certains Etats, ces cargaisons sont ensuite dirigées par bateaux vers la Belgique, notamment vers le port d’Anvers ou d’Ostende. La destination finale étant la ville d’Hambourg, en Allemagne, ou celle d’Ulba, au Kazakhstan où le coltan volé dans les mines du Congo est confié pour traitement à des usines spécialisées. » (p.153)
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Les voleurs et les receleurs des matières premières stratégiques du Congo se cachent derrière la lutte contre les Interahamwe ou contre les discriminations visant les « Banyamulenge ». D’où la protection des extrémistes tutsi dans les pays des receleurs. « J’ai découvert, écrit Charles Onana, que même dans un pays comme l’Allemagne, Laurent Nkunda et son mouvement ont bénéficié d’un soutien majeur. » (p. 154) Cette découverte n’est pas le fruit de l’imagination de Charles Onana. « C’est à un ancien fonctionnaire allemand au Rwanda, Helmut Strizek, que j’ai demandé d’expliquer ce qu’il a vécu avec les soutiens des extrémistes Tutsi dans son pays », note Charles Onana. Et « voici son témoignage : « L’institut POLE a été créé et installé par des protestants européens pour les encourager à coopérer avec les envahisseurs rwandais. Les différentes églises protestantes allemandes –comme celles de la France- ont soutenu, dès le début le règne de Paul Kagame en 1994 au Rwanda. L’institut POLE dispose d’un staff de 12 personnes africaines par Aloys Tegera. Ce qui est plus significatif c’est que le comité directeur composé de 21 personnes est piloté par trois ressortissants européens. » (p.154-155) Qui sont ces européens ? « Christiane Kayser, luxembourgeoise travaille dans la région des Grands Lacs comme représentante régionale du EED. Dominic Johnson, originaire de la Grande-Bretagne, est rédacteur pour le Rwanda et la RDC du petit quotidien allemand Tageszeitung (Berlin) proche du parti ‘Bündnis 90/Grünen’ et de l’aile gauche du parti social-démocrate. Ce quotidien est très lu par beaucoup de pasteurs protestants ‘gauchissants’ »
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Pour dire les choses simplement, pour disposer du Congo comme simple réservoir des matières premières où les vies humaines sont insignifiantes, il faut gagner les têtes et les esprits en vendant des messages mensongers à l’opinion publique des pays dits de vielle démocratie et faire participer les habitants des pays des Grands Lacs à ce boulot de bas étage. Et cela doit être financé. Et « le Tageszeitung n’étant pas en mesure de s’offrir un rédacteur uniquement pour le Rwanda et le Congo, il fallait trouver un moyen de financer au moins partiellement les activités pro-Kagame de Johnson. La solution était apparemment l’institut POLE qui fut dès sa création une sorte de succursale rwandaise au Nord-Kivu. » (p. 155) Pour que ce travail porte du fruit, « Christiane Kayser et Dominic Johnson ont toujours relayé dans le monde germanophone le message du ‘danger FPLR et Interahamwe » pour la sécurité du Rwanda et même quand le Rwanda occupait par le biais du RCD une grande partie de l’Est du Congo pendant 1998-2002. A partir de 2004 ils ont présenté les rebelles Laurent Nkunda et Jules Mutebusi comme défenseurs des tutsi qui seraient menacés dans les provinces du Kivu. Kayser et Johnson ont attribué presque la totalité des viols commis dans les deux Kivu aux FDLR jusqu’au moment des massacres de Kivanji (Kiwandja) effectués par la soldatesque de Nkunda le 6 novembre. » (p.155)
Donc, il n’y a pas que les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et Israël qui soutiennent « les extrémistes tutsi ». Il y a aussi tous ces autres pays et leurs médias. Ils ont poussé leur cynisme si loin qu’ils ont réussi à prendre « les meilleurs d’entre les Congolais » dans leur piège.
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A quoi sert une relecture de notre histoire comme celle-ci ? Elle nous dit comment « les maîtres du monde » procèdent pour envoûter les cœurs et les esprits. Briser la résistance au niveau des cœurs et des esprits rend peu compliqué le reste du boulot. Corrompre l’opinion publique permet de la soustraire de toute critique vis-à-vis des extrémistes tutsi, « sous-traitants » des multinationales occidentales. A ce point nommé, les médias arabes ont des leçons à nous apprendre : avoir nos propres médias en nos langues et y déconstruire constamment le discours des médias dominants, des « médias amis » et des médias « coupagistes » congolais.
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Une pareille relecture de notre histoire nous permet de voir en face l’immensité de la tâche qui incombe aux patriotes et résistants Congolais. Comment peuvent-ils procéder pour que l’holocauste congolais rentre dans le discours politique international à partir des médias alternatifs aux médias dominants ? Sont-ils capables de nouer un dialogue permanent avec ceux qui, après l’holocauste juif, ont dit « plus jamais ça », et qui se taisent dans toutes les langues sur la guerre la plus meurtrière depuis la deuxième guerre mondiale ?
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Sont-ils capables de prendre le président Obama à ses propres mots en l’engageant à lutter pour le respect de l’humanité de l’homme et de la femme congolais ? Autant de défis devant mobiliser toutes les énergies congolaises.
Mais quand face à l’ampleur de l’holocauste congolais, nous nous réalisons que les militaires gérés par les extrémistes susmentionnés ont envahi notre armée (45000 ?) et que ces extrémistes ont infiltré tous les services de sécurité de notre pays, nous voyons comment la tâche qui incombe aux lutteurs Congolais est titanesque. Donc, la lutte se révèle âpre. Elle doit surtout se mener au niveau des cœurs et des esprits.
En 2010, ces militaires extrémistes risquent de bénéficier de l’expertise des américains pour le malheur du reste de nos populations ayant échappé aux massacres, aux viols, à la famine et aux incendies orchestrés présentement par les extrémistes tutsi. (A suivre)
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J.-P. Mbelu
Belgique-Bruxelles
Beni-Lubero Online





