





Depuis le début de la transition politique au Congo-Kinshasa, les congolais se demandent pour qui roule le général Nkundabatware dans son aventure guerrière au Nord-Kivu.
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Ce général est officiellement déchu mais toujours rémunéré par le gouvernement qui l’a radié de l’armée nationale. N’est-ce pas un paradoxe ! Certains congolais ont voulu dernièrement associé Nkundabatware à Bemba dans la préparation de sa révolution orange qui n’a pas eu lieu, toute reprise de rébellion ayant été bannie par les grandes puissances qui attendent investir au Congo. Maintenant que JP Bemba a accepté de descendre de son strapontin de Vice-président pour enfiler non sans état d’âme le tablier d’opposant fort et républicain, le général Laurent NKundabatware, bien que déchu, occupe la scène nationale car il est pour le moment le seul qui nargue comme toujours le gouvernement congolais et devant qui les chars de la Monuc s’arrêtent sans jamais oser détruire son quartier général. Pour qui Nkundabatware roule-t-il jusqu’au point d’être le premier à déplacer de la capitale le tout nouveau Président de la République avant sa prestation de serment? Quelque chose se passe au Nord-Kivu !
Le mandat d’arrêt international contre lui n’a jamais eu d’effet car après sa radiation sans Polonium 210, heureusement pour lui, Nkundabatware occupe une bonne partie du Nord-Kivu avec un pouvoir militaire réel voire politique au regard des délégations d’hommes politiques de Kinshasa qui se succèdent à Goma pour négocier la paix des kivutiens avec ce général qui, mine de rien, a déjà volé la vedette au Gouverneur ainsi qu’au Commandant de la région militaire du Nord-Kivu, qui pour le moment ont choisi d’adopter un profil bas. Quelque chose couve au pied des volcans Nyamulagira et Nyiragongo ! La population qui observe de près la situation, radicalise sa position : « nous voulons la tête de Nkundabatware ». Cette population ne sait pas en effet pour qui roule Nkundabatware ! Son passé récent est révélateur ! Malgré son implication flagrante dans l’occupation de la ville de Bukavu en juin 2004, malgré ses multiples massacres de la population du Nord-Kivu, Laurent Nkunda n’est inquiété ni par le pouvoir congolais ni la communauté internationale. Les combats du week-end dernier autour de la localité de Sake ont été révélateurs. Le Congo sait désormais qu’il n’y a pas d’armée congolaise au Nord-Kivu capable de faire face aux mutins de Nkundabatware. On ne peut compter non plus sur les forces de la Monuc qui utilisent leur feu et leurs hélicoptères avec parcimonie. Après avoir arrêté la progression des mutins sur Goma, la Monuc a cru avoir accompli sa mission comme si Sake ne valait pas la peine d’être libéré en ce moment.
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A Kinshasa, les membres de la CIAT ont répété dans toutes les medias à qui voulait les entendre que les deux candidats au second tour doivent respecter leurs engagements pris avant la proclamation des résultats. La persistance de leur message après que JP Bemba ait reconnu indirectement sa défaite, a mis la puce à l’oreille des kivutiens… Quelqu’un a-t-il pris des engagements avec Nkundabatware raison pour laquelle la rébellion ouverte de Nkundabatware ne peut pas être maté par la force? Cette interrogation anime et envenime les conversations au Nord-Kivu ! Pourquoi là où on attendait une réplique forte de l’armée intégrée dont on a tant chanté les vertus, Kinshasa a déçu en envoyant des ministres et des conseillers civils pour dialoguer selon les habitudes de la longue transition qui vient de prendre fin. Combien de fois ce dialogue avec Nkunda ne s’est-il pas révélé sans effet ? Comme pour enfoncer le clou dans la plaie des habitants martyrs et otages de Sake, le Ministre de l’Intérieur Denis Kalume, bien qu’il soit General d’armée, a préféré vociférer des menaces sans risque à partir de son hôtel climatisé de Goma et encourager les membres de la Baraza communautaire du Nord-Kivu pour aller négocier la paix avec leur bourreau Laurent Nkunda… La réaction des habitants de Sake ne s’était pas fait attendre : pas question de négocier avec le bourreau car ce serait lui donner beaucoup d’importance. De son côté, Nkunda n’a pas voulu négocier quoi que ce soit avec la Baraza communautaire pour qui il n’a aucun respect. Pour qui roule –t-il ? Avec qui veut-il négocier?
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Le séjour du Président Joseph Kabila à Goma nous en dira long ! Sinon, l’arrogance actuelle de Nkundabatware et l’indécision du gouvernement sortant et de la Monuc ressemblerait à quelque chose déjà vue, notamment, l’arrogance du RCD-Goma qui a réussi à contourner tous les accords de paix de Lusaka à Sun City pour poursuivre les atrocités contre la population et les pillages des ressources naturelles du Congo avant les élections, pendant les élections , et voilà, après les élections. Laurent NKunda et ses maîtres à penser chercheraient-ils de nouveau à trouver un autre casus belli pour contourner le verdict des urnes qui a été on ne peut plus sévère à leur égard ? Pas question, disent les kivutiens ! Après les élections transparentes et démocratiques que les congolais viennent de réussir ensemble avec le concours de la communauté internationale, personne ne peut se permettre de défier l’ordre constitutionnel mis en place. Le nouveau gouvernement est chargé de faire respecter cet ordre constitutionnel. Il en va de sa crédibilité.
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De la même manière qu’on a empêché à JP Bemba de faire du cannibalisme à Kinshasa, de la même façon qu’on a transféré sous grande pompe médiatique Thomas Lubanga à La Haye, le gouvernement doit mettre Laurent Nkundabatware et ses acolytes, hors d’état de nuire. C’est cela le test de la capacité réelle du gouvernement et pour le Président Joseph Kabila, le plus beau cadeau qu’il peut offrir aux kivutiens qui ont voté massivement pour lui et qui sont prêts à contribuer à la mise hors d’état de nuire de Nkundabatware et de ses maîtres à penser.
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Rigobert Kanduki
Rutshuru ( Nord-Kivu)
Beni-Lubero Online





