





Le dépôt de la candidature d’Antipas Mbusa Nyamwisi à l’élection présidentielle le samedi 10 septembre 2011 en fin d’avant midi au Bureau BRTC de la CENI sur Boulevard du 30 Juin près du Building « LE ROYAL» a surpris tout le monde y compris plusieurs membres de son parti politique, le RCD-K-ML, à Kinshasa comme à Mutwanga-Lume son fief natal. A l’heure qu’il est, ceux qui habitent les coins de Beni-Lubero non couverts par les radios locales ne savent pas encore que l’ancien patron du RCD-K-ML a posé sa candidature à l’élection présidentielle comme Indépendant. Les fins limiers de Beni-Lubero Online qui généralement sont au courant des fourmis qui passent sous la terre ont aussi appris la nouvelle par la voie des ondes et par les courriels des lecteurs qui cherchaient à s’informer à leur source sûre.
Deux jours après cette annonce-surprise, la boîte électronique de Beni-Lubero Online est pleine de réactions et de révélations allant dans tous les sens et que nous essayons de résumer ci-dessous à l’intention des lecteurs. Que ceux qui étaient impatients de réagir à la candidature d’Antipas Mbusa Nyamwisi veuillent bien le faire dans l’espace des commentaires au bas de cet article.Les réactions à la candidature de Mbusa Nyamwisi recueillies par Beni-Lubero Online peuvent être reparties en quatre catégories : Les questions de curiosité, les félicitations et encouragements, les révélations des adversaires politiques et les critiques.
A. Les questions de curiosité
- Quel jour le dépôt de la candidature de Mbusa Nyamwisi a-t-il eu lieu ?
- Pourquoi BLO n’a-t-il pas affiché les photos de la caravane motorisée de Mbusa lors du dépôt de sa candidature au BRTC de la CENI à l’instar de Joseph Kabila, Tshisekedi, Kamerhe, etc. Qui a accompagné Mbusa au bureau de la CENI ? Mbusa est-il populaire à Kinshasa ?
- Est-il vrai que Mbusa Nyamwisi a posé la candidature comme Indépendant ? A-t-il peur du bilan du RCD-K-ML ?
- Est-il vrai que Mbusa se présentera également comme Candidat à Députation Nationale dans la ville de Butembo pour diminuer les chances du seul vrai opposant politique du Nord-Kivu au régime de Joseph Kabila, en l’occurrence, P3 (Pierre Pay Pay) ?
- Mbusa Nyamwisi est-il toujours ami de Kabila et membre de la Majorité Présidentielle?
- Pourquoi Mbusa Nyamwisi se spécialise-t-il en politique des surprises ? En 2006, il s’était désisté en faveur de Joseph Kabila à la dernière minute. En 2011, il se sépare de Joseph Kabila à la dernière minute ? Pouvez-vous nous expliquer cette politique de la dernière heure qui sent les magouilles politiques ?
- Qu’attend Beni-Lubero Online pour publier un article sur la candidature de Mzee Mbusa ? S’il vous plait, ouvrez-nous un espace pour les réactions des lecteurs ?
- Pourquoi Mbusa Nyamwisi et Joseph Kabila sont-ils tous les deux des candidats indépendants ? Ont-ils peur des étiquettes de leurs partis politiques respectifs ?
- Pourquoi Mbusa Nyamwisi a quitté l’opposition politique ? Quel parcours ? Chef rebelle, opposant politique, politicien indépendant,… Il ne lui reste plus que le chapeau de la société civile ?
B. Les Félicitations et encouragements
Ces messages sont venus des lecteurs qui se disent membres actuels ou anciens du RCD-K-ML, de ceux qu’on appelle « Mbusa Boys » à Beni-Lubero, à Kampala, Bunia, etc. Ces amis de Mbusa Nyamwisi le félicitent pour le dépôt de sa candidature à l’élection présidentielle et expriment leur ouf de soulagement car l’absence du Munande dans la compétition pour la magistrature suprême en RDC devenait insupportable voire dangereuse pour toute la communauté. Un lecteur a rappelé une sagesse Nande qui dit : « E Kyaghanda ekitem’omunya wenyu, sulisingira mukyo ! (On ne gagne pas de procès dans une véranda où l’on n’a pas un des siens).
Selon certains militants du RCD-K-ML, l’appel de Mbusa à l’unité au sein de l’opposition pour battre Joseph Kabila aux prochaines élections est à prendre au sérieux car c’est l’unique moyen d’arrêter l’occupation rwandaise en cours.
Un lecteur qui se présente comme ancien cadre administratif dans l’ancienne Républiquette du RCD-K-ML se dit soulagé par le retour de Mbusa Nyamwisi sur la scène politique et espère reprendre du service car il était déjà au chômage. Selon ce dernier, contrairement au CNDP, le RCD-K-ML avait été démantelé au profit de la réunification du pays. Ainsi, par exemple, le brassage et le mixage au sein de l’armée nationale était pour l’espace Beni-Lubero un remplacement pur et simple de tous les militaires de l’ANC du RCD-K-ML par les militaires du CNDP. Aujourd’hui, poursuit-il, dans l’espace jadis dirigé par Mbusa Nyamwisi, il n’y a plus un seul officier militaire issu de l’ANC. Tous ses militaires ont été éparpillés sur le territoire national. Les hauts gradés de l’ANC que les Fardc avaient laissé pendant longtemps en attente d’affectation auraient déjà pris le chemin de l’exil. Comme si cela ne suffisait pas, tous les cadres administratifs et mandataires de l’Etat sauf un maire de ville et un agent de la DGM, sont en attente d’affectation depuis que leurs postes ont été attribués aux cadres issus du CNDP, PPRD, etc. Même le jeune que Mbusa avait initié à la politique, à savoir, le Gouverneur Julien Paluku, bat aujourd’hui campagne pour le PPRD et pour Joseph Kabila. Julien Paluku comme la plupart des membres du RCD-K-ML avaient déjà clos le chapitre de Mbusa Nyamwisi. Ce lecteur conclut sa longue réaction en disant que cette déliquescence du RCD-K-ML peut expliquer pourquoi Mbusa Nyamwisi a choisi de se présenter comme candidat indépendant… [Ndlr : Le cas de Mbusa qui n’est pas unique au Congo-Kinshasa confirme ainsi la théorie du chercheur congolais Matsanza selon laquelle, l’instabilité structurelle quasi endémique de la RDC depuis son indépendance fait que les partis politiques se fondent et disparaissent au rythme des événements et des enjeux du moment… Les leaders des partis politiques quant à eux, « réussissent à survivre politiquement par une adaptation à pas de caméléon, par métamorphose des partis ou changement de leur dénomination »[1]]
C. Révélations troublantes
1. La toute première réaction enregistrée dans cette catégorie était une accusation que la candidature de Mbusa Nyamwisi est un doublon de Joseph Kabila pour faire échec à l’opposition politique dans l’espace Beni-Lubero déjà perdu pour Joseph Kabila selon tous les sondages. Selon cette révélation aux allures de Wikileaks, l’alliance avec Joseph Kabila s’était conclue la veille du dépôt de la candidature moyennant des espèces sonnantes et trébuchantes dont le montant exact n’est pas encore connu. Toujours selon cette source, Mbusa Nyamwisi s’était présenté très discrètement à la CENI en passant par la porte de derrière parce qu’il n’avait aucune foule derrière lui. Les principaux membres du RCD-K-ML, même ceux vivant à Kinshasa, n’étaient pas au courant de cette candidature qui aurait dû être préalablement endossée par le congrès du parti. Faute des moyens financiers, ce congrès n’avait pas eu lieu comme prévu. Les Militants du RCD-K-ML s’interrogent sur la caisse noire où leur Président a pu dénicher la Caution de 50.000 $US au moment où il n’avait pas encore terminé à payer la caution de 250 $US exigée pour ses Candidats Députés. Mystère sur les financements de la dernière minute du Candidat Indépendant Mbusa Nyamwisi.
2. Dans le même ordre d’idées que la source précédente, un autre lecteur renseigne que Mbusa Nyamwisi a accepté l’Offre de KABILA qui lui a proposé de se porter Candidat à l’Election Présidentielle de 28 Novembre 2011. Une somme conséquente d’argent lui a été allouée à cette fin. Etant donné que les Chances de Joseph Kabila dans le Grand Nord sont bien minces, il lui fallait un doublon originaire du coin afin de rafler des voix au Candidat de l’Opposition et de diminuer les chances de l’opposition aux élections du 28 novembre prochain. Mbusa Nyamwisi compte sur la naïveté et la pauvreté de la population qui, espère-t-il, succombera aux pacotilles qu’il entend distribuer pendant la période de campagne électorale.
3. Avez-vous appris la nouvelle ? Comme en 2006 Mbusa ne fera campagne que dans le Grand Nord. Il veut, comme six autres candidats sur le douze, diminuer les chances de l’opposition radicale aux élections du 28 novembre prochain. Mbusa vient de faire de nouveau ce qu’on connait de lui : un monnayeur de sa popularité ethnique. En 2006, il était devenu allié de Joseph Kabila en se désistant pour lui. En contrepartie, il était propulsé Ministre d’Etat, Ministre des Affaires Etrangères, etc. En 2011, il s’oppose tactiquement à Joseph Kabila pour le faire gagner, l’élection à un seul tour aidant. S’il réussit la partie, il retrouvera sa place d’antan dans le pré-carré de la Kabilie. S’il n’y parvient pas, il ne manquera pas de jouer un autre tour au gagnant.
4. Pour votre info Beni-Lubero … Il y a environ quinze jours, Mbusa Nyamwisi avait approché KAMERHE en ces termes : » Vital, tu me remets un montant conséquent et je convoque à BENI un Congrès extraordinaire de mon Parti au cours duquel je vais te présenter comme notre SEUL et UNIQUE CANDIDAT. Connaissant la fourberie de l’homme, VITAL a décliné l’Offre. Mbusa se retournera alors vers Joseph Kabila et l’affaire fut conclue en 24h avec la consigne que Mbusa ne se présente pas sous les couleurs de la Majorité Présidentielle ».
D. Les Critiques
1. La première critique vient de Patriotes de Furu en ville de Butembo où Mbusa Nyamwisi est aussi candidat député national. Pour les Patriotes de Furu, cela est un signe que Mbusa Nyamwisi est sûr et certain qu’il ne gagnera pas les élections présidentielles du 28 novembre 2011. Les patriotes de Furu disent avoir refusé de participer aux prochaines élections législatives sous la bannière du RCD-K-ML. Au contraire, ils ont opté pour l’UNC de Vital Kamerhe ! Le choix de la ville de Butembo par Mbusa Nyamwisi peut-être une tentative de barrer la route aux candidats de Furu qui n’ont pas voulu s’associer à lui mais dont la popularité n’est plus à démontrer au sein de la population laissée sans défense par Mbusa Nyamwisi et Joseph Kabila. La bataille électorale s’annonce ainsi rude pour la ville de Butembo où les candidats patriotes de Furu sous la bannière de l’UNC vont en découdre dans les urnes avec des dinosaures tels Pierre Pay Pay élu de Butembo en 2006, Ferdinand Kambere (Ministre des Affaires Humanitaires), Mbusa Nyamwisi (ancien Président de Beni-Lubero-Ituri et ami du patronat de la ville), et d’autres candidats… En 2006, les Patriotes de Furu étaient pour Mbusa avant qu’il ne se désiste à faveur de Joseph Kabila! Cinq ans après ils disent être déçus non seulement par Mbusa mais par tous ceux qui ont collaboré avec Joseph Kabila et qui ne font rien pour mettre fin aux massacres des civils à Butembo et ailleurs dans la région de Beni-Lubero, notamment, Julien Paluku, Venant Tshipasa, Ferdinand Kambere, Malumalu, les députés nationaux et provinciaux, etc. Pour renouveler la classe politique de la ville de Butembo, ils ont choisi deux parmi eux (Mbindule pour la Députation Nationale et Me Mbenz Yotama pour la Députation Provinciale) pour représenter les bubolais et les bubolaises sous la bannière de l’UNC de Vital Kamerhe. Le mot d’ordre de campagne des patriotes de Furu c’est la securité des bubolais et des bubolaises, le point faible de tous les autres candidats qui n’osent même pas parler de l’insécurité dans leurs discours et projets de société.
2. Les réactions venant du camp des intellectuels, groupes d’auto-défense, membres de la société civile, etc. font constater que Mbusa Nyamwisi donne l’impression qu’il ne sait pas ce que les beniluberois attendaient de lui. Lors de sa conférence de presse de lundi dernier dans laquelle il expliquait aux congolais pourquoi il voulait briguer le poste de la magistrature suprême, il n’a pas dénoncé l’insécurité qui s’est installée dans son fief et qui a emporté plusieurs membres de sa famille à Mutwanga-Lume en Territoire de Beni et 8 millions des morts congolais, etc. Ces derniers auraient aussi voulu que Mbusa Nyamwisi dénonce les frontières poreuses en commençant par celles de son village natal par où passent des infiltrés rwandais et ougandais, la menace de balkanisation et de la mise en place du pseudo-Etat Indépendant du Kivu-Ituri, etc.
3. Plusieurs lecteurs auraient voulu que Mbusa Nyamwisi demande une fois encore pardon à la population congolaise de Beni-Lubero qu’il avait induite en erreur en 2006 en lui demandant de voter pour Joseph Kabila.
4. Plusieurs beniluberois doutent de la véracité de la candidature de Vital Kamerhe qui en 2006 avait battu campagne pour Joseph Kabila. Ainsi, Mbusa Nyamwisi, Vital Kamerhe et Joseph Kabila sont mis dans le même sac des complices de l’occupation rwandaise de la RDC. A la place de ces trois corbeaux de même plumage, le candidat Etienne Tshisekedi est présenté comme le moindre mal à la condition que ce candidat désargenté ( oyo ya mbongo te: signe qu’il n’a pas les mains sales) vienne expliquer son projet de société, mobiliser Beni-Lubero et y entonner son hymne de campagne « Zongisa bango na Rwanda » (référence faite aux infiltrés rwandais au Nord-Kivu).
Commentaire de Beni-Lubero Online
Un des constats qui sort des réactions ci-dessus, est que la candidature de Mbusa Nyamwisi divise les lecteurs de Beni-Lubero Online. Cela n’était pas le cas en 2006. Il n’aura donc pas la tache facile de se faire réélire, de rafler les voix de l’opposition pour faire élire Kabila ou le candidat commun de l’opposition comme il le dit lui-même. L’électorat de Beni-Lubero a changé. Sans projet politique fiable, Mbusa Nyamwisi comme tous les autres candidats auront du mal à se faire élire sur la seule base des honneurs d’antan, de l’ethnie, du collinisme, de la puissance financière, etc. Le temps des politiciens « Père Noël » qui donnent des cadeaux une fois tous les cinq ans semble être révolu. En effet, de plus en plus, les congolais ne considèrent plus les moyens financiers ou l’appartenance à une même ethnie comme des critères suffisants d’éligibilité aux postes de responsabilité collective. En effet, les congolais savent aujourd’hui que l’argent distribué par les politiciens est volé au trésor public. Aussi, pour accéder à la mangeoire de l’Etat, les politiciens sacrifient d’abord leurs propres frères et soeurs qu’ils connaissent mieux. La démonstration était faite pendant la guerre d’occupation du RCD-GOMA et du CNDP. Avant d’occuper un territoire, ces mouvements rebelles mettaient en avant un membre originaire de ce territoire dont le rôle était soit livrer les résistants du territoire soit mentir sur les vrais mobiles de la rébellion. Cette tactique se poursuit malheureusement jusqu’à nos jours à la différence que les observateurs avertis ont commencé à la dénoncer pour éveiller les masses populaires.
Le critère d’éligibilité en RDC aux élections de 2011 est de toute évidence la prise de position sans ambages sur le problème numéro un de la RDC, à savoir la sécurité des congolais et de leurs biens, l’occupation rwando-ougandaise, la balkanisation avec la création de l’Etat Indépendant du Kivu-Ituri. Il ne suffit donc plus de se proclamer opposant mais de démontrer comment on fera mieux que Joseph Kabila pour ramener la paix et la prospérité en RDC, pays un et indivisible. Au lieu de perdre du temps dans des querelles d’hommes, les congolais s’attendent à une bataille d’idées et des projets de société qui transformeraient la RDC en un état de droit, souverain, et où il fait bon vivre.
Pendant que les politiciens congolais se jettent avec émotions dans la politique de la démocratie électorale qui depuis 2006 ne cesse de montrer ses limites, les extremistes rwandais qui savent qu’ils ne peuvent gagner une élection présidentielle par les urnes sans fraude massive, consolident au vu et au su de tous leur option militaire qu’ils affectionnent depuis 1996. Il n’y a pas une autre voie pour ces extremistes de se tailler une place au soleil de l’eldorado congolais. La visite de Paul Kagame à Paris démontre que même la France qui défendait à l’époque de Jacques CHIRAC l’intégrité territoriale de la R.D.Congo, a rejoint avec Nicolas Sarkozy les puissances militaires anglo-saxonnes dans leur soutien actif à la balkanisation de la R.D.Congo. Mis à part les Mai-Mai et les combattants congolais d’Europe et d’Amérique du Nord qui ont compris que « dawa ya moto ni moto » ( à la guerre comme à la guerre) les politiciens congolais obnubilés par leurs intérêts égoïstes immédiats semblent indifférents au coup fatal que les extremistes rwandais pourraient asséner à l’intégrité territoriale de la RDC en profitant de l’euphorie électorale en cours.
L’euphorie autour des différentes candidatures qui n’ont de différence que les noms de leurs partis politiques et de leurs animateurs, risque de détourner ainsi les congolais de la seule lutte qu’ils doivent impérativement mener aujourd’hui, à savoir, celle de la survie de la RDC comme pays un et indivisible.
©Beni-Lubero Online
[1] Cfr. Guy Aundu Matsanza, Etat et Partis au Congo-Kinshasa. L’ethnicité pour légitimité, L’Harmattan, Paris, 2010, pp 56-57.





