





On s’y attendait le moins possible. Et, pourtant, les populations victimes des atrocités, des massacres et des pillages vécus à Beni depuis octobre 2014, n’ont cessé de le dénoncer: des autorités congolaises, aussi bien civiles que militaires, sont le cerveau nucléaire de la planification et du soutien des massacres qui ont fait périr tragiquement, et surtout innocemment, environ deux mille filles et fils du territoire de Beni.
Le prévenu Hamuli Banza Suleiman, comparaissant à Beni pour avoir été arrêté comme membre actif des égorgeurs des civils a finalement fait tomber le voile devant le tribunal ce vendredi 10 février 2017. Suleiman est un présumé ADF qui avait été capturé par la population et remis aux FARDC lors d’une opération de massacre des civils à Beni au cours de l’année 2016. Comparaissant actuellement à Beni, ll a explicitement déclaré au public que, parmi ceux qui soutiennent les opérations de massacres des civils, figurent entre autres Monsieur Nyonyi Bwanakawa, le Maire de la ville de Beni, et le général Mundos des FARDC.
Evidemment, la révélation de l’implication de Nyonyi dans les crimes commis par les présumés ADF (égorgeurs) est apparemment un fait de nature à surprendre tout observateur. Pourtant, une logique simple aide déjà à comprendre assez que sa responsabilité dans l’affaire des égorgeurs soit possible, spécialement en matière de dette morale qui le retiendrait au rang des vassaux du pouvoir en place, au service du Gouverneur Julien Paluku et du Président Kabila, dans le plan d’évincement les autochtones par des étrangers. C’est son consentement à collaborer à cette salle besogne qui lui aurait valu la grâce d’être reconduit à ses fonctions de Maire de la ville à Beni, après un moment de disgrâce. Cette attitude d’abdication morale est devenue la règle requise pour trouver de garantie de protection ou d’estime ou d’une quelconque faveur auprès du pouvoir en place pour tout agent administratif ou militaire au Nord-Kivu. Et, d’emblée, il sied de comprendre que toutes ces autorités politico-administratives et ces responsables militaires, judiciaires ainsi que ces agents de sécurité qui apparaissent aujourd’hui stables dans leurs fonctions, du sommet de la province du Nord-Kivu au plus bas niveau de l’échelon administratif, sont d’office corrompus, et de ce fait partisans au plan d’extermination des autochtones à Beni.
Le général Major Timothée Mukutu, l’avocat général des FARDC, aura beau utilisé toute la rhétorique et l’éloquence dont il est capable pour couvrir et défendre Nyonyi en embarrant, et avec lui tout le système de l’administration Julien Paluku et Joseph Kabila, mais c’est trop tard. Car la révélation foudroyante de l’égorgeur Suleiman a déjà levé tout équivoque et balayé tout doute sur la responsabilité de l’Etat congolais dans les massacres de Beni.
D’où viendrait que Nyonyi, qui est Maire de la ville, devienne un agent de renseignement de l’auditorat militaire, pendant qu’en plus des services de renseignement civils qui pourraient agir efficacement pour ce besoin, l’armée elle-même, dans sa structure d’opération, dispose des détachements spécialement affectés au service de renseignement sur terrain?
L’évidence de mensonge de l’avocat général des FARDC, dans son effort à couvrir Nyonyi, devient un nouvel élément qui enlève toute crédibilité au tribunal militaire qui siège actuellement sur le dossier des ADF à Beni et confirme, au-delà des données des investigations des chercheurs internationaux, des associations locales et de la société civile de la place, la complicité avérée des institutions publiques dans les massacres des congolais à Beni.
Quant au témoigne de Suleiman citant une fois de plus, la participation du général Akili Muhindo alias Mundos dans lesdits massacres, il y a lieu de souligner à l’intention de la communauté internationale que cet unique témoignage suffit pour qu’un mandat d’arrêt international soit émis par la Cour Pénale Internationale (CPI) à son endroit, vu que, dès le déclenchement de ces massacres, des preuves de sa responsabilité ne se sont que multipliées jusqu’à ces jours, et que Kinshasa, au lieu de l’en dissuader, n’ont fait que l’y encourager, en renforçant, en autorité et en matériel, sa capacité de nuisance contre les civils autochtones. En effet, Mundos fournit de l’armement aux égorgeurs, leur expose les secrets d’opération des FARDC et fait recruter parmi les autochtones, sur base de motivation monnayée, des milices destinées à renforcer leurs activités de massacres des civils.
Hier, toutes les opinions se focalisaient principalement sur ce Mundos et son réseau terroriste se trouvant au sein de l’armée congolaise; aujourd’hui, on découvre la complicité d’un Nyonyi, le Maire de la ville de Beni, qui se cachait aussi derrière le rideau, et avec lui tout le système de l’administration actuelle; et, en fin de compte, le pouvoir judiciaire, par le biais du général Major Timothée Mukutu, intervient publiquement pour blanchir les crimes et fait l’effort de dédouaner les fautifs. Voilà la véritable face de l’Etat congolais en rapport avec l’extermination de ses paisibles citoyens innocents. Il n’y a plus rien à espérer du Gouvernement congolais pour stopper les massacres des civils et restaurer les victimes dans leurs droits à Beni.
Jusques à quand la communauté internationale, elle aussi, continuera-t-elle à abdiquer?
Anne-Marie Kyalala
Beni.
« On comprend ainsi le grave danger de toute rallonge au pouvoir de Joseph Kabila. Les congolais dignes de ce nom doivent refuser toute forme de transition. En effet, au vu de ce qui se passe au Kivu-Ituri, toute transition au-delà de décembre 2016, donnerait du temps et des moyens au gouvernement congolais qui est, de toute évidence, complice de l’occupation rwandaise du Kivu-Ituri en cours » (Père Vincent MACHOZI, le 19 mars 2016, parole qui a valu son assassinat le jour suivant).
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