





Dans son édition du 10 Avril 2006, Beni-Lubero Online (BLO) a publié une interview d’un responsable politique du Congo qui n’est autre que Moïse Nyarugabo, président du groupe parlementaire RCD-Goma à l’Assemblée Nationale. Nous tenons de lui dans la suite non publiée de cette conversation que la cause de l’insécurité à Bukavu était les militaires de la garde présidentielle, la GSSP (Groupe Spécial pour la Sécurité Présidentielle.) Parlant de Laurent Nkunda, Moise Nyarugabo s’est défendu en opposant son frère Munyamulenge à l’activité d’autres chefs militaires qui sévissent dans le Nord Katanga, le Maniema et partout dans le Sud-Kivu. D’autres sources contactées à Bruxelles, Genève, La Haye, Kinshasa et Bukavu parlent maintenant d’un jeu de discrédit, de défaveur que les uns et les autres se jettent pour des raisons électoralistes.
Le vice-ministre de la défense de la RDC est passé sur une chaîne de télévision à Kinshasa et a semblé accuser, et le gouvernement, et la MONUC de ménager Laurent Nkunda. Il a réellement reconnu que la MONUC et le gouvernement savent où se trouvait le général NKUNDA.
Un problème peut en cacher un autre. Parler seulement de Laurent Nkunda peut aussi soustraire du débat le détournement de la solde des militaires, le mauvais traitement de la garde présidentielle abandonnée à Bukavu. Le président de la république qui avait promit aux "BANA BK"de venir installer son QG à Bukavu s’est retiré à Kinshasa après avoir humer avec délice l’air frais du Lac Kivu pendant quelques jours. Derrière lui est restée une garde présidentielle qui devrait se débrouiller pour survivre.
Vendredi 07 avril 2006 des jeunes qui marchaient à Bukavu en protestant contre l’insécurité généralisée, après assassinats et vol, après tracasseries et parasitisme des militaires; ont scandé des slogans contre le PPRD le parti politique ,aussi abandonné, de Joseph Kabila. Mais il faut faire attention dans les appréciations car celle-ci pourrait être une manipulation.
Pour tenter de remettre du calme dans la ville frondeuse, le président de la république a envoyé l’un de ces conseillers politique avec l’ANR (L’Agence Nationale des Renseignements). Nos sources à Bukavu disent que cette présence à Bukavu des éléments de l’ANR précipités depuis Kinshasa démontre la crainte des instances incriminées. Rétablir la paix à Bukavu dans ce contexte actuel, l’envoi des services secrets kinois en province n’était pas une nécessité. Mais Joseph Kabila semble connaître les contours d’une telle situation. Il est le candidat le plus populaire, le plus en vu, il est le mieux placé pour gagner les élections; vue de l’Europe et des bureaux des décideurs du Congo. Pour le discréditer, le faire perdre l’électorat; il n’y a pas mieux que jouer sur ses faiblesses. Et les faiblesses de Joseph Kabila c’est le fonctionnement du gouvernement 1+4 et de l’armée. La solde des militaires est détournée; les voilà vagabonds et incontrôlables.
Une autre révélation sur la crise de l’Est est la présence active et nourrie des chefs militaires dans le Sud et le Nord Kivu, le Maniema et le Katanga. Ces chefs rebelles ont refusé d’intégrer l’armée. Ils seraient soutenus pas des forces obscures du gouvernement et des partis politiques dans le but d’utiliser l’intimidation pour régner et avoir à dire durant la campagne électorale.
Le député Nyarugabo dit ceci:"Vous savez ce qui se passe dans le UBWARI chez le général Dunia. Depuis que la transition a commencé, Dunia a été nommé commandant de région militaire mais il a refusé de venir à Kinshasa. Aussi 90% des Maï-Maï n’est pas dans l’armée. Le colonel ZABULONI a repris la route des montagnes dans le Nord d’UVIRA. Le commandant KALALA a suivi aussi et s’est retranché dans les montagnes. Dans le Nord-Katanga les Maï-Maï du chef Gédéon font la loi. Ils ont entraîné plus de 120.000 personnes dans la rue dont certains chefs coutumiers qui vivent hors de leurs villages depuis trois ans."
Le gouvernement et la Monuc savent aussi que dans le Sud-Kivu à Shabunda, dans le Mwenga et ailleurs les FDLR célèbrent des mariages, fondent des écoles, sont approvisionnés en armes; ils ont élu domicile et se la coulent douce comme dans un pays conquis. Se sont les FDLR qui donnent des ordres et commandent certains chefs coutumiers et administrateurs dans le fond du Sud-Kivu.
La crise à l’Est serait ainsi entretenue. Pas seulement par le Tutsi et Laurent Nkunda mais aussi par certains politiciens véreux qui pensent exploiter l’insécurité pour se faire passer en sapeur pompier. Que vont devenir les candidats très présidentiables qui n’ont pas eu d’armées? Que vont faire les candidats députés indépendants qui n’ont jamais été d’un seul parti ex-belligérant?
"Les politiciens savent que dans ce Congo les élections se gagnent avec un doigt sur la gâchette".Cette phrase vient d’une discussion orageuse entre un parlementaire et un ministre qui ont quitté Kinshasa pour Goma ; il y a quelques semaines. Pas de commentaire; tout y est dit.
Magloire Paluku
Journaliste
Pays-Bas
Beni-Lubero Online





