





La leçon des élections de 2006 qui ont accouché d’un gouvernement parallèle qui détient le vrai pouvoir en R.D.Congo au détriment des élus et du souverain primaire, est que la solution au conflit congolais n’est pas les élections mais la reconquête du pouvoir par le peuple congolais. Le peuple congolais ne peut pas reconquérir son pouvoir de souverain primaire par des élections conçues, financées, et organisées par les mêmes grandes puissances et multinationales dont le projet est la balkanisation économique et territoriale de la R.D. Congo. En 2006, les élections étaient une diversion pour démobiliser la résistance armée de l’Est du pays au profit du déploiement du CNDP dans toute la partie orientale de la R.D.Congo. En 2011, les élections risquent d’accoucher d’une violence dont la responsabilité serait faussement attribuée au duel électoral entre Majorité et Opposition mais qui en réalité est savamment planifiée par le gouvernement parallèle pour permettre au CNDP et à ses parrains Rwandais, de faire un assaut final sur les populations civiles qui lui résistent toujours dans les provinces du Nord-Kivu, Sud-Kivu, Maniema et Province Orientale.
Dans son dernier livre, l’américain Lawrence Lessig conclut que le détenteur du vrai pouvoir dans un pays est le financier des élections. Même aux USA, pays considéré comme modèle de la démocratie, la majorité des américains se lamentent de la corruption de leurs élus et réclament la réforme du financement de la campagne électorale. Les américains comme les congolais se rendent compte que leur pays ne leur appartient plus car des décisions hypothéquant leurs vies sont souvent prises pour servir prioritairement les intérêts des corrupteurs et non ceux des électeurs. Lessig appelle cela une corruption institutionnelle qui fait qu’un gouvernement, qu’il soit de gauche ou de droite, serve prioritairement les intérêts des financiers avant ceux des électeurs. Pour cela, les élections sont devenues un théâtre, une comédie où les électeurs sont les dindons de la farce. Aussi, le vrai pouvoir d’un Etat-nation comme les USA, n’est ni au parlement ni à la présidence, mais ailleurs.[1] La main qui finance la campagne électorale du gagnant est celle qui détient les manettes du vrai pouvoir. Telle est la situation à travers le monde depuis que le pouvoir politique dépend du pouvoir économique qui est exercé par les multinationales qu’on appelle aussi transnationales.
Pour mieux comprendre les méandres de la résolution du conflit congolais, il faut prendre en considération le fonctionnement de ces transnationales qui détiennent effectivement les manettes du vrai pouvoir en RDC, dans la région des Grands Lacs, en Belgique, en France, aux USA, etc.
Pour donner un seul exemple de la force de ces multinationales, on peut citer la Loi Dodd-Franck du gouvernement Obama qui comprend le «Conflict Minerals Act » du 21 Juillet 2010. Cette loi vise la fin du commerce des téléphones portables et autres articles teintés de sang des Kivutiens sur le territoire américain. Bien que cette loi interdise l’arrivée aux USA du coltan de sang congolais ou de ses produits dérivés, les multinationales américaines continuent d’exploiter le coltan de sang congolais dans leurs agences du Canada, d’Angleterre, d’Australie, d’Israël, etc., car la loi Dodd-Franck du gouvernement Obama est sans effet dans ces pays.
La force des multinationales est qu’elles sont partout et elles ont plus d’argent que les Etats. Quand elles se sentent lésées par un gouvernement d’un pays, elles peuvent financer la chute de ce gouvernement ou retirer leurs investissements de ce pays pour un paradis fiscal de leur choix. Ceci ne veut pas dire qu’elles ne font que du mal. Les multinationales contribuent au progrès de l’humanité, aux résolutions des conflits à travers le monde, mais selon leur entendement et leurs intérêts égoistes.
Pour mettre au pas les multinationales, il faut un gouvernement multinational ou mondial, un souhait qui reste malheureusement un vœu pieux depuis l’échec de l’ONU qui au lieu d’être un gouvernement mondial se révèle être une caisse de résonnance des vainqueurs de la guerre d’Hitler, le führer allemand.
Pour reprendre le gouvernail de la RDC, les congolais ont comme adversaire de taille les multinationales minières. Jusque-là quelques congolais seulement ont essayé de reconquérir le Congo pour le retirer de la bouche du lion. On peut citer Béatrice Kimpa Vita, Prophète Simon Kimbangu, Emery Patrice Lumumba, Pierre Mulele, Mgr Christophe Munzihirwa, Mgr Emmanuel Kataliko, Mzee Laurent Désiré Kabila, etc. Les vies de ces hommes ont été brutalement écourtées par les grandes puissances et les multinationales minières parce qu’ils ont tenté d’ouvrir les yeux des congolais et de les servir avant les multinationales. Pourquoi ces vaillants fils et fille de la RDC n’ont-ils pas fait long feu ? C’est certainement parce qu’ils étaient facilement isolés du reste du peuple congolais avant qu’ils ne créent un mouvement national solidement uni et organisé pour la lutte révolutionnaire.
Pour reconquérir la R.D.C, le peuple congolais doit impérativement profiter de la campagne électorale pour créer les bases d’un mouvement national pour la révolution congolaise. La réussite d’un tel projet necessite la libération du peuple congolais de ses politiciens véreux, de ses élites porteurs des mallettes, de ses politiciens du ventre qui sont aussi bien dans la Majorité au pouvoir que dans l’Opposition, de blancs trompeurs, etc. D’après Lessig, la révolution pour renverser le système actuel ne se fera pas comme les révolutions antérieures mais avec un nouveau savoir, une nouvelle méthode… Les congolais doivent ainsi se mettre sans plus tarder à la nouvelle école de la révolution (Cas de la Tunisie, de l’Egypte) pour renverser le régime actuel parrain de la balkanisation économique et territoriale de la RDC. Le slogan de Karl Marx qui en appelait à l’union des prolétaires de tous les pays pour renverser le système capitaliste résonne mieux avec le combat à mener aujourd’hui dans le monde dans la mesure où le capitalisme néolibéral pratiqué par les multinationales fait des victimes en R.D.Congo, aux USA, et partout au monde. L’union des victimes de par le monde fait partie de la nouvelle méthode révolutionnaire qui doit inspirer le peuple congolais dans sa lutte révolutionnaire.
En attendant cette union révolutionnaire mondiale, les congolais doivent mettre toutes les batteries en marche pour faire échouer le génocide et la double balkanisation économique et territoriale qui se préparent en RDC au lendemain du 28 novembre 2011 par un jeu malsain de la Majorité et de l’opposition politique. Le devoir du vrai congolais est de surveiller aussi bien la majorité au pouvoir que l’opposition politique, les deux étant des petites mains du capitalisme néolibéral sans visage humain, jusqu’à ce que les leaders révolutionnaires congolais ainsi que le mouvement révolutionnaire national naissent en R.D.Congo.
©Beni-Lubero Online
[1] Lawrence Lessig, Republic, Lost, How money corrupts Congress – and a plan to stop it, Twelve editions,





