





[Mercredi 31 mai 2006: www.benilubero.com] Nous sommes à deux mois des élections libres transparentes et démocratiques. Un rendez-vous tant attendu, mais qui divise l’opinion. C’est normal quand on sait que jamais les congolais n’ont eu la même vision de l’avenir du pays. Pour preuve, chaque fois qu’on s’est engagé sur la voie de l’expression libre de la volonté du peuple, un démon de midi est toujours intervenu pour remettre toutes les démarches à la case initiale. Jusques à quand continuerons-nous à manquer le grand décollage démocratique?
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Entre pro et anti-élections
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Si pour les uns les élections constituent un rendez-vous à ne pas manquer, pour d’autres, elles sont entachées d’irrégularités si bien qu’elles seraient porteuses des germes d’une nouvelle crise de légitimité! Qu’à cela ne tienne, à suivre de plus près l’actualité politique nationale, on constate malheureusement que tous, pro ou anti-élections versent déjà dans une campagne anticipée. La Loi électorale ne prévoyant la campagne qu’un mois avant les échéances électorales.
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Une vérité à ne pas oublier. Les élections ne se réduisent pas au vote, moins encore la campagne électorale à une profusion d’injures. L’attitude correcte ne consisterait-elle pas à présenter aux électeurs son projet de société au lieu de se perdre dans une argumentation fallacieuse qui ne vise que la destruction de l’adversaire dont on serait, sans le vouloir bien sûr, en train de faire une campagne positive? Car, en politique, mieux vaut pécher par action que par omission.
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D’ailleurs, ne se contenter que des injures est grave pour une démocratie qui débat sur les questions fondamentales comme celle du projet de société pour l’avènement d’un Etat de droit capable de garantir les droits de chaque citoyen, de le protéger avec ses biens en lui assurant la paix, le travail et le développement…
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Les risques de la démocratie médiatique
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La démocratie, on le sait bien, est un fragile équilibre où chacun a le droit de faire entendre sa voix. Liberté d’expression ! Mais quand le débat se trouve confisqué par une minorité écrasante qui veut imposer sa vision des choses, les médias ne doivent pas s’en réjouir en se passant pour des caisses de résonance. Bien au contraire, ils doivent répercuter, dans l’objectivité, le débat où le souverain primaire est informé des vrais enjeux de la situation actuelle du pays pour, au moins une fois dans l’histoire depuis son accession à la souveraineté internationale, participer à bon escient à la destinée de sa nation.
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En RDC, nous sommes des champions tant des débats interminables que d’injures faciles. Chose grave, les médias et l’opinion publique peinent à s’en rendre compte. Toutefois, l’ « opinion du public » tranchera. Ceux qui confisquent le débat et manipulent l’opinion publique, seront-ils prêts à accepter l’expression de l’ « opinion du public ». Le 31 juillet seul nous le dira.
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Quelle démocratie au monde cautionnerait une culture d’injures sinon la RDC ?
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C’est marrant de constater que les congolais, au nom d’une pseudo liberté d’expression dont ils sont dépendants aussi maladroitement, recourent aux injures dans le débat de fond où ils se montreraient sérieux et leadership capable de piloter l’avenir de cette grande nation qui a longtemps été maintenue dans la boue tant par ses propres fils que par les prédateurs.
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Notre peuple aurait-il besoin de ces hommes aux joutes oratoires colorées d’injures et incapables de proposer un seul projet de société qui lui garantirait un avenir meilleur ? Loin de là. Ces hommes politiques au verbe facile et qui se disent tous analystes, technocrates, universitaires, visionnaires, leaders de sauvetage…, ne sont-ils pas des aventuriers politiques qui veulent tenter leurs chances au sommet de l’Etat pour continuer à leur tour et à leur gain personnel la prédation des richesses du Congo?
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Heureusement que notre peuple n’est pas naïf. Il sait bien que « le chien qui aboie ne mord pas ». D’habitude, dans le débat, c’est celui qui est à bout d’arguments qui verse dans les injures! Les politiciens congolais donnent souvent l’impression d’être mal armés pour le redressement du pays. Ce que la société attend d’eux, c’est non les injures, mais une orientation du choix du peuple à partir d’un projet de société réaliste et réalisable.
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Plaidoyer pour la sanction contre la culture des injures
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La démocratie ne peut nullement faire l’économie de la justice face aux diffamations, aux injures publiques et à l’outrage à la personnalité. S’il y a besoin d’une accusation contre un candidat X, c’est à la justice d’établir l’innocence ou la culpabilité de l’accusé. Si le congolais jouit de la liberté de traduire un présumé coupable en justice, il ne jouit pas de la liberté de proférer des injures diffamatoires qui sont punissables par la loi. Notre plaidoyer repose ainsi la question de la justice, une condition sine qua non pour la démocratie. Si le Congo veut réussir sa démocratisation, il ne peut faire l’économie de la justice !
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P. PALUKU MAYANI Adélard, a.a.
Rome (Italie)
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