





Il y a plus de deux mille ans, naissait, en Grèce, la démocratie. Celle congolaise est « vieille » d’une année seulement. Gouvernement du peuple par lui-même, la démocratie s’impose comme fondement de la société actuelle. Elle établit les règles du vivre ensemble. Ainsi pouvons-nous sans doute dire que nous ne vivons pas en « système démocratique », mais nous vivons « en démocratie ». En RDC, si la démocratie semble inaugurée, elle reste pourtant menacée par des forces diaboliques, de divisions sur des bases ethniques, tendancielles etc.
Démocratie. Elle a conquis la sphère politique de façon la plus spectaculaire. Néanmoins elle reste perfectible comme la politique elle-même. La démocratie, puisque c’est elle qui nous préoccupe, peut générer des abus contre lesquels la nation peut se prémunir : l’abus de la majorité, le cas le plus visible, et l’abus de la minorité dont trop peu se rendent compte.
La situation d’un tel dysfonctionnement nous rappelle que la démocratie n’est pas un état paradisiaque définitivement acquis, mais un idéal à jamais atteint. Cela suppose la vigilance de tout un chacun, qui doit trouver sa place et sa fonction au sein de la société. Autrement dit, le peuple doit, plus que jamais, « se prendre en charge politiquement ».
Politique. Le mot répugne. N’avez-vous jamais entendu ces phrases : « C’est de la politique ! », « C’est une question politique » ? Politique, ce concept a subi une hyperinflation. Pourtant personne ne sait se soustraire à la réalité qu’elle sous-tend. Politiciens et citoyens, entendons-nous ce mot de la même oreille ? Rien n’est moins sûr.
A l’Est de la République, par exemple, où l’on attend désespérément la libération promise, mais qui tarde à venir, la politique ne cesse de subir l’inflation sémantique et substantielle jamais atteinte si bien que dire à quelqu’un « tu fais de la politique » tend à signifier « tu rêves », « tu entreprends ce que tu es le seul à comprendre d’autant plus qu’il y va de tes propres intérêts », bien entendu, sacrifiant ceux de la communauté. Pis encore, quand la politique signifie fourberie, mensonge pure et simple.
Cet entendement n’est pas que congolais. Toutefois, en RDC où le peuple a longtemps été l’objet de la manipulation des pouvoirs, les conséquences y sont tragiques. Les congolais restent entre le marteau de la minorité et l’enclume de la majorité. Abus de la majorité et abus de la minorité ! Si l’abus de la majorité est visible dans l’adoption des lois et des délibérations conformes aux intérêts des majoritaires, l’abus de la minorité, lui, longtemps ignoré, ne suscite toujours pas l’intérêt des cours et tribunaux.
La minorité, peut-elle commettre des crimes ou abus contre la majorité ? La majorité a-t-elle toujours et déjà tort par nature ou en principe ? Pas plus longtemps qu’hier, nul ne pouvait s’imaginer l’abus de la minorité sur la majorité. A quand la sanction contre la minorité ? Celle-ci, pensons-nous, l’hypothèse est tout de même plausible, doit se baser sur un arsenal de lois permettant de faire respecter l’intérêt de la communauté nationale, mais également de tous les citoyens. N’est-ce pas cela la démocratie ?
P. PALUKU MAYANI Adélard, A.A.
Rome
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